Peintures
Introduction
Typiquement, les peintures à l’huile et les
peintures à l’acrylique consistent en un assemblage
de matériaux divers. Le support (ou subjectile) peut
être une toile fixée à un châssis
en bois (châssis à clés ou châssis
simple) ou à un carton, ou encore un panneau de bois
ou de fibre de bois. En général, au moins une
couche de « préparation » est appliquée
sur le subjectile avant que les couches de peinture n’y
soient apposées. Dans bien des cas, l’œuvre
est achevée par le vernissage de la surface peinte.
L’artiste décide ensuite d’encadrer ou
non son œuvre, selon l’effet recherché.
Les matériaux qui composent une œuvre réagissent
tous différemment à la manipulation et aux conditions
ambiantes. De plus, ils influencent plus ou moins, selon les
circonstances, l’état général du
tableau.
Il n’est pas question ici des matériaux, des
conditions ambiantes, des dommages subis par les peintures
ou des mesures qui peuvent être prises pour les prévenir.
De plus, les peintures réalisées sur des subjectiles
autres que ceux abordés ici (divers types de panneaux,
métaux, ivoire, etc.) peuvent faire intervenir des
considérations et solutions autres que celles qui sont
avancées ici.
Les œuvres d’art sur subjectiles de papier, exécutées
à l’aquarelle, au pastel, au fusain ou à
l’encre, font l’objet de la rubrique intitulée
« Comment prendre soin des œuvres sur papier ».
Types de dommages
Généralement, les peintures conservées
par des particuliers présentent des dommages ou détérioration
sous forme de craquelures dans la peinture, de l’affaiblissement
ou de la déformation de la toile, de déchirures
de la toile, du fendillement ou craquage du bois, d’éclats
de peinture détachés ou manquants ou de l’altération
de la surface (assombrissement ou décoloration). Ces
dommages ont maintes causes, dont la manipulation maladroite
des œuvres ou les accidents, l’exposition à
des températures ou à des degrés d’humidité
relative inappropriés (ou à des variations rapides
ou fréquentes de ceux-ci), l’exposition directe
à la lumière solaire, l’effet cumulatif
de l’exposition à la lumière naturelle
ou artificielle ou un encadrement mal exécuté
ou qui ne convient pas à l’œuvre. Dans certains
cas, l’altération de la peinture peut être
due à l’emploi par l’artiste d’un
matériau particulier ou d’une certaine combinaison
de matériaux.
Comment prévenir les dommages
Des mesures peuvent être prises pour protéger
les peintures d’éventuels dommages ou pour en
minimiser les effets.
Manipulation et déplacement
des peintures
La manipulation est l’une des principales causes des
dommages subis par les œuvres d’art. Avant de manipuler
une peinture, il faut à tout le moins en faire un examen
rapide pour vérifier si on peut la déplacer
sans l’endommager. Le risque d’accidents augmente
avec le nombre de manipulations. De plus, le fait de déplacer
une peinture et de l’installer à un nouvel endroit
peut avoir des effets nuisibles, attribuables au changement
de milieu ambiant. Les peintures sont particulièrement
sensibles à la formation de craquelures quand elles
se trouvent dans un milieu sec (par exemple, un grenier sec
ou une maison chauffée, dans un climat d’hiver
boréal) ou quand elles sont exposées à
de l’air frais ou froid. Il ne faut pas transporter
une peinture dans un véhicule non chauffé par
temps froid. Il est préférable de le faire lorsque
la température et le degré d’humidité
relative sont moyens, habituellement au printemps et à
l’automne dans un climat nordique.
Lorsqu’il faut absolument manipuler ou déplacer
une peinture, il faut éviter de toucher la surface
de la couche picturale ou le dos de la toile. Il ne faut pas
exercer de pression (même du bout des doigts) sur cette
dernière car la moindre pression risque de causer des
craquelures dans la peinture. Peu importe la période
de l’année à laquelle une peinture est
déplacée ou l’expérience de la
personne qui le fait, l’emballage doit présenter
les caractéristiques suivantes :
- être résistant à l’eau
et à l’humidité;
- emballer hermétiquement la peinture
afin de la protéger de toute variation du degré
d’humidité relative;
- être résistant à la perforation
et à la dépression, à l’avant
comme à l’arrière;
- présenter un rembourrage qui
protège la peinture des chocs dûs aux secousses
et aux chutes pendant la manipulation et le transport;
- isoler la peinture du froid, des températures
très élevées et des changements rapides
de température.
Dos protecteur
Après avoir fait l’acquisition d’une peinture
sur toile, l’une des premières mesures à
prendre pour la protéger consiste à y fixer
un dos protecteur rigide, par exemple une feuille de plastique
ondulé ou cannelé. Pour ce faire, il faut visser
le matériau protecteur à l’arrière
du châssis à clés. Le dos protecteur compte
parmi les meilleures des mesures de protection car il atténue
les effets des variations rapides du degré d’humidité
relative autour de la peinture tout en la protégeant
de la pression et du contact direct qui peuvent s’exercer
sur l’arrière de la toile. De plus, le dos protecteur
absorbe en partie les vibrations survenant pendant la manipulation
ou le déplacement de l’œuvre. Par contre,
si le dos protecteur est incorrectement fixé, on risque
d’endommager la surface de la peinture. S’adresser
à l’ICC pour obtenir des instructions et des
conseils à cet égard. La Note de l’ICC
10/10 contient des précisions sur les dos protecteurs
et sur la façon de les poser.
Encadrement
Le cadre, en plus de souligner la beauté d’une
œuvre, a aussi pour fonction d’en protéger
les parties plus fragiles qui ne doivent pas être manipulées
directement. De plus, il rend l’ensemble plus rigide,
ce qui protège quelque peu la peinture en cas de chute.
Le cadre d’origine peut présenter une valeur
intrinsèque, d’où l’importance de
l’examiner soigneusement avant de décider de
le modifier ou de le remplacer.
En général, les peintures que l’on trouve
chez des particuliers sont encadrées. Si elles ne le
sont pas, mais qu’elle sont censées l’être,
il faut se procurer un cadre qui convient à l’œuvre,
qui la soutient fermement, mais sans trop la serrer. En effet,
l’œuvre encadrée doit présenter un
peu de jeu pour accommoder les légères variations
de son volume causées par les changements qui se produisent
dans le milieu ambiant. On ne doit jamais clouer une peinture
à son cadre, mais on peut utiliser des plaques de renforcement
métalliques dont la taille correspond à l’écart
entre la peinture et le cadre. Ces plaques ne doivent pas
être vissées sur le châssis à clés
ou le châssis simple, mais sur le cadre. Si l’œuvre
encadrée est protégée par une vitre en
verre ou en acrylique, celle-ci ne doit pas toucher la surface
de la peinture. Il faut donc introduire des cales dans le
montage pour empêcher ce contact. La feuillure du cadre,
soit l’entaille en L sur laquelle repose la peinture,
doit être matelassée pour prévenir l’usure
de cette dernière. La Note de l’ICC 10/8
contient des précisions sur l’encadrement des
peintures, y compris des directives. Les peintures non encadrées
(et qui ne doivent pas l’être) sont encore plus
susceptibles de dommages. Il faut les manipuler avec un soin
extrême, en veillant à avoir les mains très
propres pour éviter de laisser des traces de doigt
ou des huiles cutanées naturelles sur les bords de
l’œuvre.
Présentation et entreposage
des peintures
Au moment de choisir l’endroit où présenter
une œuvre d’art, il faut songer aux dangers auxquels
elle pourrait être exposée. La peinture risque-t-elle
de subir des dommages matériels? Est-ce un couloir
très passant? Les gens ont-ils l’habitude de
toucher le mur ou de s’y appuyer? La zone du mur où
la peinture sera suspendue peut-elle être accidentellement
éclaboussée de gouttes de boisson ou de particules
d’aliments, ou aspergée, lors de l’entretien
des plantes par arrosage ou vaporisation d’eau ou d’autres
liquides?
Les peintures doivent de préférence être
suspendues à des endroits où le degré
d’humidité relative et la température
sont relativement constants et où leur variation n’est
pas trop abrupte. Ainsi, le degré d’humidité
relative devrait se situer entre 40 et 60 p. 100. Les conditions
ambiantes fluctuent à proximité des portes et
fenêtres ouvertes, des sorties d’air chaud ou
froid ou des calorifères. De même, il est souvent
tentant d’accrocher une peinture au-dessus de la cheminée
pour la mettre en évidence, mais les conditions ambiantes
n’y sont pas idéales et peuvent varier. Une cheminée
dégage de la chaleur, ce qui peut rendre le milieu
chaud et très sec et, dans certains cas, il y a dégagement
de suie. Si une peinture doit être accrochée
à un mur extérieur, il faut que celui-ci soit
bien isolé et muni d’un écran pare-vapeur.
Pour éviter la chute d’une peinture accrochée
au mur, choisir un crochet suffisamment résistant,
selon le poids de celle-ci. Les crochets sont plus sûrs
que les clous et ils endommagent moins le mur. L’utilisation
de deux crochets facilite l’ajustement horizontal d’une
toile et la maintient plus solidement au niveau.
Il faut éviter d’entreposer les peintures dans
un sous-sol humide ou dans un grenier sec. Il est préférable
de les entreposer debout, dans un placard situé vers
le centre de la maison. Afin d’éviter tout contact
avec des objets, chaque peinture doit être fermement
intercalée entre deux plaques de matériau rigide,
par exemple du carton ou du plastique ondulé, et conservée
dans un emballage de protection.
La lumière du jour est constituée de différents
rayonnements qui endommagent les peintures. Il faut, si possible,
éviter toute exposition de ce type, en s’assurant
que la peinture est accrochée à un endroit qui
n’est jamais exposé directement la lumière
du jour. Une exposition à la lumière indirecte
ou réfléchie est préférable, et
plus la source est éloignée de la peinture,
moins il y risque de dommages. L’exposition à
une lumière naturelle ou artificielle, même à
une intensité dite « normale », peut causer,
à la longue, une décoloration de la peinture.
Les faisceaux lumineux éclairant une peinture peuvent
provoquer, dans une plus ou moins large mesure, des hausses
de température localisées, ce qui finit aussi
par altérer la surface de la peinture. Les œuvres
d’art les plus précieuses devraient généralement
être présentées aux endroits où
l’illumination directe ou prolongée est la plus
limitée. La décoloration d’une peinture
peut passer inaperçue à court terme, mais avec
le temps, elle peut devenir très évidente. Les
dommages causés par la lumière sont irréversibles.
Avec le temps, maints dépôts s’accumulent
à la surface d’une peinture, dont poussières
et polluants, salissures présentes dans l’air
ambiant et provenant des huiles de cuisson, particules dégagées
par la fumée de tabac et « chiures » d’insectes.
Si une peinture est suspendue dans une salle à manger,
elle peut être accidentellement éclaboussée.
Il faut donc la protéger avec une vitre en verre ou
en acrylique fixée au cadre ou la déplacer.
La Note de l’ICC 10/3 contient des précisions
sur l’entreposage et l’exposition des tableaux
et la Note 10/4, sur les conditions ambiantes recommandées
pour les peintures.
Nettoyage et réparation
Il faut laisser aux restaurateurs professionnels le soin
de nettoyer la surface d’une peinture ou de réparer
les dommages ou la détérioration subis par une
œuvre. Selon l’état de la peinture et les
matériaux qui la composent, les méthodes de
restauration requises peuvent être très complexes
et éventuellement causer des dommages ultérieurs
si elles sont inappropriées. On peut toujours remettre
le nettoyage d’une peinture; cependant, les déchirures
de la toile doivent être réparées assez
rapidement, sinon celle-ci peut se décentrer et il
est alors difficile, voire impossible, d’aligner de
nouveau les fils cassés.
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