Ils sont, chaque année, des millions à s’y intéresser.
Depuis 1989, plus de 21 millions de personnes ont visité le
Musée; depuis 1994, des millions d’autres, de tout le Canada et
du monde entier, ont consulté notre site Web qui a reçu
de nombreux prix. Par ailleurs, des milliers de personnes lisent nos
livres ou reçoivent des réponses à leurs questions,
soit par téléphone, par la poste ou par courrier électronique.
Ainsi, peut-on aisément affirmer que le Musée est devenu
une institution de renommée nationale et internationale.
Cependant, comment le Musée en est-il venu à jouir de
ce statut? D’aucuns savent que le Musée canadien des civilisations
est né de l’ancien Musée national de l’Homme, lequel, entre
les années 1960 et 1980, faisait partie de l’ancienne Corporation
des musées nationaux du Canada. D’autres savent aussi que l’histoire
du MCC remonte encore plus loin dans le temps. Nous sommes heureux d’avoir
eu le loisir d’examiner ces origines dans le détail.

La Commission géologique du Canada et son musée, de 1852 à 1881
76, rue Saint-Gabriel, Montréal
Archives du MCC 69409 LS |
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Ian Dyck s’est consacré à ce projet à titre de
conservateur qui nourrit un intérêt pour l’histoire de
l’archéologie canadienne. Comme l’histoire de l’archéologie
fait partie des premiers travaux de la Commission géologique du
Canada et de son musée, les recherches de M. Dyck ont ouvert de
nouvelles perspectives sur le développement de l’anthropologie au
Musée national du Canada. À la suggestion des directeurs
du MCC, M. Dyck a élargi son champ d’études, afin de dresser
les grandes lignes de l’histoire humaine au Musée
national. Ce faisant, il a pu démontrer que les origines de
l’institution remontent à la loi de 1856 de la Commission
géologique du Canada. L’adoption de cette loi par la Province
du Canada permettait entre autres à la Commission d’établir
un musée provincial (le Canada était alors une province de
l’Empire britannique), lequel est ensuite devenu le Musée national
du Canada, avant de se scinder en plusieurs musées, dont le
Musée canadien des civilisations.
La bibliothécaire Brigitte Lafond s’est découvert un
intérêt de longue haleine pour l’organisation et le développement
des documents publiés que détient le MCC relatifs à
sa propre histoire. En raison des nombreuses répartitions des
avoirs de la Bibliothèque du Musée entre différentes
institutions, quantité de documents pertinents pour le travail
que mène Mme Lafond se trouvent à présent
dispersés. Les efforts de Mme Lafond pour combler ces
manques par l’acquisition de copies d’anciennes publications ont eu pour
effet de piquer son intérêt pour le sujet. À bien
des occasions, elle et M. Dyck se sont mutuellement facilité la
tâche, tant en fouillant l’histoire du Musée qu’en
dénichant des documents qui ont enrichi les collections de la
Bibliothèque. Ainsi, leur collaboration à titre de
conservateurs de cette exposition constitue une extension
d’intérêts communs.
Le travail effectué en vue de la présentation de cette
exposition nous a ouvert de nombreuses perspectives satisfaisantes. Par
exemple, nous savons à présent pourquoi la Commission
géologique s’est consacrée aux études de l’histoire
de l’humanité. Les objectifs établis pour le musée
de la Commission par sir William Logan apportent des éléments
de réponse à ce sujet. Depuis les débuts, celui-ci
fut convaincu de l’importance que le musée devait accorder non
seulement à la science de la géologie, mais aussi aux
façons dont les ressources géologiques du Canada pouvaient
être utilisées par l’homme. Et ceci, forcément,
nécessitait une compréhension de l’étendue des
activités humaines. Or, la Commission géologique effectuait
une somme importante d’explorations scientifiques, offrant à ses
effectifs des occasions peu communes d’observation de l’activité
humaine partout au pays, tout particulièrement au-delà des
centres urbains. Fascinés par ce qu’ils voyaient et, sachant que
les modes de vie traditionnels se transformaient au gré du
développement industriel, les géologues se sentaient
tenus d’enregistrer l’activité qu’ils observaient avant qu’elle
ne disparaisse.
Un sentiment de devoir personnel qui allait au-delà des
exigences régulières de leurs fonctions était typique
de nombre des géologues de la Commission géologique du Canada.
L’initiative dont ils ont fait preuve en s’acquittant avec brio de
tâches complexes dans des conditions difficiles est devenue une
tradition de la Commission. Il est difficile d’imaginer, par exemple,
jusqu’où Robert Bell s’est aventuré dans la
nature sauvage, l'étendue de ses observations et des collections
anthropologiques qu'il a recueillies, en sus de son régime quotidien
d’activité géologique. Cette tradition a été
adoptée
par le personnel du Musée national et explique une bonne part
de leurs réalisations, même en période de guerre
et de crise économique. Le travail de prédécesseurs
tels que George Dawson, Edward Sapir, Marius Barbeau, Diamond Jenness,
Harlan Smith, Mabel Godwin et bien d’autres demeure aujourd’hui encore
une source d’inspiration.
À l’issue de ces recherches, il nous apparaît hors de
tout doute que nous devons désormais faire preuve de prudence
en jugeant de l’ampleur, de la qualité et du potentiel novateur
de notre propre travail. Une part importante de ce que nous serions
tentés de qualifier de nouveau ou de supérieur aux
réalisations antérieures du Musée s’avère
souvent avoir déjà été accomplie ou
éprouvée avec succès. Si l’actuel Musée
canadien des civilisations est, sans contredit, plus important que
ses prédécesseurs, ceci est attribuable, du moins en
partie, aux fondations solides, profondes et fort complexes sur
lesquelles il prend appui.
Brigitte Lafond est responsable de la Bibliothèque du MCC. Ian Dyck est
le conservateur de l’archéologie des Plaines du MCC et coauteur du livre
Un monde en soi :
150 ans d’histoire du Musée canadien des civilisations. |