Jaillir de l'ombre Perspectives
photographiques des Premiers Peuples, était présentée
du 22 octobre 1999 au 6 janvier 2002 dans la galerie d'art de la salle des
Premiers Peuples du Musée canadien des civilisations.
La culture populaire des images de commerces de cigares, à la
télévision, jusqu'aux westerns hollywoodiens a largement contribué
à créer et à enraciner une vision stéréotypée
de l'Indien de l’Amérique du Nord. Émergeant de l’ombre que cette vision
populaire a jeté sur la vie des Indiens, les deux perspectives que cette
exposition ouvre sur les Premiers Peuples explorent les thèmes de la
collectivité et de la continuité, de même que l’influence
que le passé exerce sur le présent, tant du point de vue
culturel qu'artistique.
La première de ces perspectives À travers l’objectif des
anthropologues examine l’uvre de quatre anthropologues qui, au début
du vingtième siècle, ont étudié les Premiers Peuples
pour le compte de la Commission géologique du Canada (maintenant le
Musée canadien des civilisations). Constitué à même
les milliers de photographies prises sur le terrain et conservées dans
les archives du Musée canadien des civilisations, cet étonnant
dossier incarne un nouveau genre appelé le « portrait en
extérieur ». Illustrant la maîtrise souvent exercée sur
le travail photographique par les Autochtones, ces images témoignent
du monde en voie de disparition des sujets tout en se voulant un
présent offert aux générations à venir.
Le second aspect de l'exposition Points de vue des pionniers de la
ville présente l’uvre de six artistes autochtones contemporains.
Leurs divers travaux photographiques expriment le mouvement
d’autodétermination, la réalité quotidienne des
Autochtones en milieu urbain et aussi, les liens profonds qui unissent les
descendants contemporains des Premiers Peuples à leurs ancêtres.
Jeffrey M. Thomas, conservateur invité
Première Nation Onondaga
À travers l'objectif de l’anthropologue
Les anthropologues ont souvent eu recours à la photographie comme outil
de documentation sur le terrain, et les archives du Musée canadien des
civilisations disposent de plusieurs milliers de clichés portant sur
divers aspects de la vie des Premiers Peuples. Ces photographies comprennent
de nombreux clichés d'individus spécifiques un genre
photographique que, depuis, on a appelé le « portrait en
extérieur ».
Ce qui frappe dans les photographies des anthropologues présentés
dans cette exposition, c’est l’absence d'images stéréotypées
telles que celles de couvre-chefs à plumes d’aigles, de visages peints
ou d’arcs et de flèches.
L'intimité du rapport entre le photographe et son sujet est vite apparent
dans cette sélection de photographies. Plus qu'une simple documentation
anthropologique, ces clichés ouvrent une fenêtre sur le
passé. Ce faisant, ils nous permettent de mieux comprendre les
êtres en chair et en os que les sujets représentent. À
travers ce témoignage photographique, ces derniers ont réussi
à montrer la réalité de leur univers de manière
à ce que leurs descendants puissent éventuellement la
découvrir.
Points de vue des pionniers de la ville
En 1983, le Native American Photographers Show, tenu en Oklahoma,
réunissait des artistes des Premiers Peuples venus de tous les coins
de l’Amérique du Nord. Cette exposition annonçait non seulement
l'émergence d'une nouvelle vision des Premiers Peuples du continent,
mais aussi, le fait qu’il y existait un grand nombre d’artistes-photographes
autochtones au travail.
Les uvres contemporaines qui sont présentées dans l'exposition
Jaillir de l’ombre reflètent l’héritage des expériences
photographiques expérimentales des années 1980. Des artistes comme
Shelley Niro et Greg Staats ont fait partie de cette première vague de
photographes autochtones contemporains. Leur vision artistique a posé
les fondements d’une réaction nouvelle et critique à
l’histoire, laquelle s'était bornée à montrer
le visage des Premiers Peuples sans pour autant leur donner voix au chapitre.
Au fil des ans, l’intérêt pour la culture des Premiers Peuples,
en photographie, a porté sur l’image sublime du guerrier Indien
celui d’avant l’époque des réserves, quand il se
déplaçait librement. Les photographes orientés
vers la consommation de masse omettaient aussi de montrer les aspects
moins pittoresques de la vie des Premiers Peuples, tant dans les réserves
qu'en milieu urbain, pour ne présenter que l'image romantique du
« guerrier Indien », selon une vision des plus mercantiles.
À l'inverse, des artistes contemporains comme Mary Anne Barkhouse,
Rosalie Favell, Barry Ace et Greg Hill abordent sans détour la réalité
urbaine vécue au quotidien par les Premiers Peuples. Plutôt que de
perpétuer l'imagerie du passé, ils s'attaquent aux problèmes
sociaux complexes de l'époque actuelle par la création d'uvres
d'art photographiques.