Il s'agit d'un spectacle son et lumière comparable à nul
autre, qui marie des rythmes très anciens à une technologie
futuriste. Les visiteurs qui viendront voir Le peuple du saumon
dans la Grande Galerie du Musée auront droit à des effets
plus souvent associés aux spectacles rock qu'à un
musée.
Le producteur technique, Jean-Marc Robillard, s'est procuré
l'équipement de sonorisation et d'éclairage le plus
avancé qui soit, pour accompagner les histoires de la production
Le peuple du saumon. Pourtant, sa recherche a d'abord
porté sur les histoires et les danses elles-mêmes -- à
Alert Bay, un village isolé sur la côte du détroit
de la Reine-Charlotte, au nord de l'île de Vancouver.
«Nous avons filmé les danseurs kwakwaka'wakws sur un fond
noir, afin de pouvoir projeter leur image sur la toile de fond de la
Grande Galerie au cours du spectacle. Gloria Cranmer Webster, qui a
participé à la rédaction du scénario de la
production Le peuple du saumon, vit à Alert Bay. Elle
nous a aidé à obtenir la permission de filmer à
l'intérieur de la grande maison et elle a veillé à
la présence de danseurs et de joueurs de tambour. Ce fut une
expérience pleine d’émotion, pour les danseurs tout autant
que pour nous. En dansant, ils revivaient quelque chose que leurs
ancêtres ont fait pendant des générations. En faisant
ce qu'ils ont fait, en permettant qu'on les filme, ils ont aussi
aidé à sauvegarder ces danses pour leurs descendants.»
M. Robillard savait quelle ambiance donner au spectacle, mais il a eu du
mal à intégrer l'espace. Comment créer une impression
d'intimité dans la Grande Galerie, cette salle qui a la taille d'un
terrain de football?
«À Alert Bay, explique-t-il, je me suis dit : C'est exactement
ce que je veux que les gens entendent et ressentent! Assis sur le rivage,
on peut entendre le vent, la mer, les oiseaux qui chantent dans les arbres
en arrière. Quand la nuit tombe, on fait un feu et tout s'anime. La
lueur du feu est tellement théâtrale, et les autochtones ont
créé leur propre théâtre --
c’est-à-dire raconter des histoires auprès du feu -- depuis
des siècles. Il faut essayer de recréer cette ambiance, de
recréer cette magie.»
Les lampes dont M. Robillard avait besoin n'étaient pas disponibles
au Canada, aussi s'est-il adressé à la compagnie Lightwave
Research, à Austin (Texas), qui a pu lui fournir les
«cyberlights» et les lampes studio colorées ou
«wash luminaires» dont il avait besoin. Les
«cyberlights» sont équipées de roues chromatiques
informatisées qui permettent la projection d'une gamme de couleurs
beaucoup plus large qu'auparavant. Avant, les concepteurs
d'éclairages étaient limités aux seules couleurs
offertes par des filtres de «gel» plastique que l'on suspendait
devant la source lumineuse. Les nouvelles lampes ont aussi un
système unique d'intercalaires sur verre qui permet la projection,
la rotation et le mouvement de différentes formes sur la toile
tendue derrière les maisons de la Grande Galerie, ou encore sur
le plafond et même sur les mâts totémiques. Les lampes
studio de couleurs créent une toile de fond colorée. Elles
peuvent aussi inonder de larges zones de la scène et y créer
une ambiance particulière.
Il est, en outre, possible de déplacer les lampes en cours de
spectacle. Auparavant, l'équipe d'éclairage installait et
dirigeait les lampes qui restaient fixes pendant tout le spectacle. Avoir
des lumières mobiles qui peuvent être
réorientées en cours de spectacle, c'est comme disposer
d'une équipe de techniciens qui travaillerait sur le treillis
d'éclairage pendant que le spectacle se déroule.
Le système de son à équipements numériques
qu'a installé M. Robillard lui permet d'enregistrer sur 16 pistes.
Il peut diriger le son n'importe où dans la Grande Galerie et
créer ainsi un effet ambiophonique. La technologie numérique
qui a remplacé l'ancien système analogique produit un son
parfaitement pur, idéal pour la projection dans un espace aussi
vaste que la Grande Galerie.
La Grande Galerie est la seule salle de la région de la capitale
nationale à disposer d'un tel système d'éclairage.
En vérité, le Musée canadien des civilisations est
le tout premier musée à se doter de systèmes
à ce point perfectionnés, tant pour le son que pour
l'éclairage.
«Avec vingt lampes, nous faisons ce qui en aurait exigé cinq
cents voici seulement deux ans, précise M. Robillard. Nous
n'aurions jamais réussi de tels effets avec un pupitre
d'éclairage manuel ou même analogique. Il y a deux cent
cinquante changements pour un spectacle de cinquante-cinq minutes. Cela
aurait été humainement impossible. Seul un pupitre
informatique comme celui que nous avons ici permet une telle
réalisation.»
Les talents de M. Robillard ne sont pas réservés à
la seule production Le peuple du saumon. C'est lui aussi qui
a conçu les effets spéciaux de La promenade des
esprits, dans la salle du Canada. Il a installé des
télécommandes à infrarouge qui permettent aux
acteurs eux-mêmes de commander les éclairages et les effets
sonores ou vidéo. Il s'agit de télécommandes de la
taille d'un porte-clés, que les acteurs ont sur eux pendant qu'ils
jouent. Ils pressent le bouton et un fantôme apparaît, ou
l'on entend le pas de quelqu'un qui arpente le pont d'un navire, et
même le bruit des vagues déferlant sur la coque.
Pour créer les effets spéciaux de L’aventure
canadienne, M. Robillard a travaillé en étroite
collaboration avec une équipe
de concepteurs et de techniciens.
Date de création : 10 juillet 1996. Mise à jour :
7 août 2001 © Société du Musée canadien des civilisations |