Interpréter la guerre : L'art militaire
australien de la Seconde Guerre mondiale
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À l'origine, la raison d'être de l'Australian War
Memorial était de commémorer les 60 000 Australiens qui
ont combattu et sont morts outre-mer au cours de la Première Guerre
mondiale. Toutefois, au moment son l'inauguration, le 11 novembre 1941, le
pays participait à une nouvelle guerre mondiale et des artistes
militaires officiels avaient déjà été
désignés et étaient au travail au Moyen-Orient.
À la fois sanctuaire et musée, le Memorial voulait
aider à mieux comprendre la guerre en présentant des «
reliques » telles que des uniformes ou des artefacts militaires,
des documents officiels et privés, des photos et les œuvres
d'art commandées.
La réussite du programme d'art de la Première Guerre
mondiale qui s'inspirait des programmes d'art militaire britannique et
canadien, en a fait un modèle approprié pour le programme
de la Seconde Guerre mondiale. Celui-ci a embauché 35 artistes
dont, pour la première fois, trois femmes. Il était à
l'origine administré par le ministère de l'Intérieur
mais, en 1941, la direction du programme, y compris la nomination des
artistes, fut confiée au Memorial.
Les personnes qui ont joué un rôle clé dans la
direction et l'orientation du programme d'art étaient toutes des
anciens combattants de la Première Guerre mondiale et toutes
avaient une expérience de la collecte de reliques et de documents
et avaient participé étroitement à la création
du Memorial. L'Art Committee du Memorial
était composé de trois membres : Charles Bean (l'historien
officiel australien de la guerre), le général sir Harry
Chauvel (le commandant australien en Égypte et en Palestine pendant
la Première Guerre mondiale), et Louis McCubbin (un artiste qui a
aussi été directeur de l'Art Gallery of South
Australia).
Avec l'aide du Commonwealth Art Advisory Board, aux tendances
plutôt conventionnelles, l'Art Committee a dressé
des listes d'artistes potentiels pour le programme. McCubbin avait des
opinions très arrêtées sur ce dont on avait besoin :
on devait préférer des artistes plus jeunes à ceux
qui avaient déjà été embauchés
auparavant et l'art devait exprimer l'aspect émotionnel de la
guerre et ne pas être que documentaire. Pour sa part, Bean
était en faveur d'affectations plus brèves, pour donner
leur chance à davantage d'artistes et donc permettre une
interprétation plus diverse, dans un bon nombre de catégories
: portraits, figures, scènes de genre, industrie, paysage et sujets
marins.
Ces premières affectations ont mis le programme à
l'épreuve et soulevé de nombreux problèmes : la
relation avec les militaires, le statut des artistes, les conditions
de travail, la durée de l'emploi, la disponibilité de
fournitures d'artiste, le transport et le logement, le salaire,
l'accès à la ligne de front, l'emploi d'artistes
conservateurs ou, au contraire, novateurs et l'incertitude face aux
résultats.
La collection d'œuvres d'art du Memorial a
été mal interprétée pendant des
décennies par certains critiques pour qui elle est plutôt
illustrative qu'interprétative. Des illustrations existent bel
et bien, mais elles ne constituent qu'une faible part d'une collection
riche et diverse. En dépit des préférences
conventionnelles de Treloar et de l'Art Committee pour un art
figuratif reconnaissable et clair, la collection illustre l'histoire
des combats des artistes australiens qui étaient confrontés
à des sujets difficiles et à l'évolution de
l'esthétique moderniste.
La collection de la Seconde Guerre mondiale est issue de nombreuses
sources. Hormis les artistes officiellement embauchés et
administrés par le Memorial, la Military History
Section a détaché des artistes déjà
enrôlés dans l'armée, la marine ou l'aviation.
Des œuvres sont également entrées dans la collection
du Memorial par le biais de programmes indépendants
lancés par la War History Section de la
RAAF, la
Royal Australian Navy Historical Records Section et
l'Allied Works Council. Au fil des ans, la collection
s'est enrichie par l'acquisition d'œuvres d'artistes n'ayant
pas reçu de commandes. Globalement, elle offre une
interprétation diverse de la participation de l'Australie
à la guerre et de l'incidence de celle-ci sur la
société.
Lola Wilkins
Australian War Memorial
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