« Leur plus belle heure » :
le Commonwealth britannique en guerre
Télécharger « Leur plus belle heure » :
le Commonwealth britannique en guerre
(Version complète) en format PDF (126Kb)
|
Des Australiens prennent
d'assaut une position fortifiée allemande. |
La Grande-Bretagne et les dominions sont les seules puissances qui
aient participé à la guerre de son début en septembre
1939, à sa fin en août 1945. Leurs forces ont servi sur tous
les théâtres de la guerre : des étendues de
l'Atlantique battues par les vents aux ciels, forêts et campagnes
d'Europe, en passant par les déserts d'Afrique du Nord et
jusqu'aux jungles et les mers d'Asie du Sud-Est. Chaque pays était
engagé à fond dans l'effort de guerre et certains,
principalement la Grande-Bretagne, mais aussi l'Australie, ont subi
des attaques directes.
|
Le débarquement à Rangoon, mai
1945. Un canon de 25 livres est monté à force d'homme sur les
berges abruptes d'une rivière près du lieu de débarquement. |
|
Sept corvettes quittent Halifax pour
St-Jean, Terre-Neuve, en mai 1941 pour établir la force
d'escorte de Terre-Neuve. |
|
Un avion d'entraînement Harvard
au-dessus de l'école du service de l'aviation de l'Aviation royale
canadienne à Uplands, près d'Ottawa, où de nombreux
Australiens complétèrent leurs formation de pilotage. |
Le XXe siècle a vu l'Empire se transformer en Commonwealth et
la Seconde Guerre mondiale a constitué une phase critique de
changements majeurs. La guerre a remis en question la tendance des
Britanniques à considérer comme uniques les
intérêts de la Grande-Bretagne et de ses dominions et la
réponse de chaque pays à la guerre a témoigné
d'une conscience croissante qu'il était possible que les
intérêts nationaux puissent prévaloir sur la cause
commune. Par exemple, l'Australie a déclaré la guerre
à l'Allemagne immédiatement après la Grande-Bretagne
et d'autres dominions ont adopté une position plus
indépendante. Le Canada débattit pendant sept jours de
son éventuelle entrée en guerre. Plus tard au cours du
conflit, on a observé la tendance contraire. Alors que le Canada,
non menacé, envoyait des troupes en Italie et dans le nord-ouest
de l'Europe, le gouvernement australien décidait de retirer la
plupart de ses forces d'Europe et de concentrer son effort de guerre
contre la menace japonaise au pays. Chaque pays considérait ses
intérêts nationaux par rapport aux conséquences de
l'appartenance à l'Empire et à l'alliance.
La guerre que livraient ces trois nations, Australie, Grande-Bretagne
et Canada, prenait des visages différents. Ces différences
ont influencé à la fois l'expérience et le souvenir
de la guerre pour les trois pays. Le Canada a de la guerre un souvenir
essentiellement atlantique (en 1945, sa marine était devenue la
plus importante après celles des grandes puissances) ou relatif
à la libération de l'Europe occidentale. Des Australiens
ont servi au sein de la Huitième Armée du Commonwealth et
du Bomber Command, mais le souvenir qui prédomine est
celui de la guerre contre le Japon. La Grande-Bretagne, principale
puissance alliée (du moins jusqu'à l'entrée en
guerre des États-Unis) a envoyé des forces dans presque
tous les théâtres d'opérations. Pendant six ans,
elle a maintenu des forces importantes sur plusieurs grands
théâtres : dans l'Atlantique, dans la guerre aérienne
au-dessus de l'Europe, en Afrique du Nord, dans la
Méditerranée, ainsi que dans le sud-est asiatique. Il n'y
a guère de zones de la guerre où le Commonwealth
britannique n'ait pas contribué.
|
Les artilleurs de la
huitième armée battirent le climat et le Géneral
Kesselring. Un tracteur D.6 tirant un canon de 5,5 pouces de l'Artillerie
Royale hors de la boue et vers une position plus stable. |
|
Ethel Mitchell effectuant une petite
soudure sur le chargeur d'un fusil-mitrailleur Bren. Neuf mois
plus tôt, avant de commencer à travailler, tout comme d'autres
soudeuses, elle a suivi un cours de trois semaines à l'école
secondaire sur les techniques de soudure au chalumeau.
Remarquez les lunettes de sécurité et le
protège-bras. |
|
Le Premier Ministre fait son
émission publique du Jour de la victoire en Europe. Le Premier
Ministre, M. Winston Churchill au microphone. |
L'exemple de coopération entre nations du Commonwealth le
plus frappant demeure peut-être la guerre aérienne
au-dessus de l'Europe et plus particulièrement l'offensive de
bombardement. Le Plan d'entraînement aérien de l'Empire
(qui allait devenir le Programme d'entraînement aérien du
Commonwealth amenait des stagiaires de Grande-Bretagne et de tous les
dominions dans des centres de formation partout au Canada pour en faire
des équipages dans les forces aériennes du Commonwealth.
Cela donna naissance à une force aérienne
véritablement du Commonwealth où l'uniforme était
distinct (les Australiens portaient un uniforme bleu violet, alors que
les Britanniques et les Canadiens portaient le bleu plus clair de la
RAF), mais où la langue, la
culture, la formation, le jargon et, surtout, le risque partagé
étaient communs.
Dans les trois pays, la vaste majorité des forces armées
était constituées de civils devenus soldats, marins ou
aviateurs le temps du conflit. La Grande-Bretagne avait augmenté
ses forces régulières et de réserve au moyen d'un
plan de conscription datant d'avant la guerre mais, pour le Canada comme
pour l'Australie, le service outre-mer demeurait, dans une grande mesure,
volontaire. Toutefois, plus tard au cours de la guerre, des conscrits
australiens ont combattus en Nouvelle-Guinée et dans les
îles. Dans les trois pays, les hommes, et de plus en plus de
femmes, devinrent une main-d'œuvre pouvant être
enrôlée dans les services ou dans l'industrie. Les
exigences du service et de l'économie de guerre ont marqué
profondément la Grande-Bretagne où une très grande
proportion de la population travaillait dans les services ou dans
l'industrie militaire, ou était impliqués dans des travaux
volontaires lié à la guerre.
L'Australie et le Canada ont chacun eu à déplorer 40
000 morts au sein de forces d'environ un million d'hommes. La
Grande-Bretagne, alors avec 47 millions d'habitants, a
dénombré plus de 300 000 morts, chiffre
disproportionné qu'expliquent les pertes civiles de ce pays,
tant sous les bombardements que dans la marine marchande. En Australie
et au Canada, tous les morts, sauf quelques centaines, étaient
membres des forces armées, la grande majorité étant
morts outre-mer. Les pertes de l'Australie relativement à sa
population (sept millions par rapport aux onze millions du Canada) sont
attribuables à la proportion substantielle de morts (plus de 8000)
parmi les prisonniers des Japonais. Toutefois, en raison d'un plus grand
engagement dans la force aérienne au-dessus de l'Europe, autant de
Canadiens sont morts dans l'Aviation royale du Canada que d'Australiens
pendant toute la guerre contre le Japon, soit environ 17 000. Chacune
des nations du Commonwealth avait donc des motifs de pleurer et de
commémorer les sacrifices exigés par la guerre. Cependant,
il faut se rappeler que les pertes subies par les nations défaites,
l'Allemagne et le Japon, ou par les grandes victimes de la guerre,
l'Union soviétique et la Chine, ont été
supérieures.
|
Cimetière militaire Sage,
Oldenburg, Allemagne |
| Cimetière militaire
du Commonwealth britannique, Yokohama, Japan |
La Grande-Bretagne et les deux plus grands dominions, l'Australie
et le Canada, se sont chargés du gros de l'effort de guerre du
Commonwealth pendant la Seconde Guerre mondiale. (La contribution de
l'Inde dans son ensemble a évidemment éclipsé
celle des dominions dits « blancs », mais l'Inde
indépendante s'est vite désintéressée
d'une guerre qu'elle jugeait avoir été livrée
pour l'empire.) Soixante ans plus tard, le monde a donc changé.
Pratiquement tous les pays ayant fait partie de l'Empire ont acquis
leur indépendance. Le Commonwealth a également
changé, mais il demeure reconnaissable. Les liens qui l'ont
poussé à soutenir l'effort de guerre entre 1939 et
1945 subsistent, mais ils se sont relâchés. Maintenant
uni par des sentiments, un héritage, une amitié, des
épreuves sportives et des valeurs communes plus ou moins
fragiles (et pas toujours égales aux pressions de
l'intérêt économique), le Commonwealth demeure
un important forum mondial. L'anniversaire de la victoire finale qui
a été généralement considérée
comme la plus belle réalisation du Commonwealth, est l'occasion
idéale pour se souvenir des efforts et des réussites
communs du Commonwealth en guerre.
Peter Stanley
Australian War Memorial
|