Période
IV (1 000 av. J.-C. à 500 apr.
J.-C.)
Il y a 3 000 ans, le milieu naturel de la province était semblable
à celui que connurent les premiers explorateurs européens.
C'est également à cette époque que se dessinent généralement
les caractères culturels fondamentaux qui survécurent jusqu'à
la période historique.
LE POINTE-PÉNINSULIEN / LE
MEADOWOODIEN:
Les connaissances nécessaires pour fabriquer des récipients
en terre arrivèrent dans l'est du Canada il y a 3 000 ans, venues
du sud, et furent adoptées par une grande partie des peuples indigènes
de l'Archaïque. Comme les poteries traversent les siècles et
sont relativement abondantes, elles constituent, grâce à l'évolution
des formes, un excellent repère temporel pour les archéologues
et contribuent donc à différencier et à nommer diverses
cultures. Cela tend à donner l'impression qu'il existait d'importantes
différences entre le mode de vie des peuples de l'Archaïque
et celui de leurs descendants qui faisaient usage de céramique,
mais cela n'est pas le cas. Les termes «pointe-péninsulien»
et «meadowoodien» désignent simplement des emplacements
géographiques, dans ces deux cas dans l'État de New York,
où les cultures furent d'abord reconnues.
Comme l'indiquent les figures, la culture pointe-péninsulienne
(figure) se distingue de la culture meadowoodienne
(figure) sur la base de la céramique
et de certains autres traits, mais comme ces deux cultures sont issues
de la culture laurentienne, elles sont traitées comme des variantes
d'une seule culture plutôt que comme des cultures distinctes. Notre
connaissance de la culture meadowoodienne provient surtout de sépultures
mises au jour accidentellement, bien qu'il existe également des
sites d'habitation. Les coutumes funéraires, qui dérivent
directement de celles de l'Archaïque récent, comportent l'incinération
du corps des décédés ainsi que l'utilisation abondante
d'ocre rouge et de nombreuses offrandes (figure).
En plus de la céramique et d'une technologie de la pierre et de
l'os ayant des antécédents dans la culture laurentienne antérieure,
l'arc et la flèche furent généralement adoptés
au début de cette période et en vinrent à remplacer
le propulseur. Occupant les forêts mixtes, ces bandes de chasseurs
et de pêcheurs transformèrent leur culture sous des influences
venues principalement du sud, dont les plus importantes étaient
les suivantes: une culture funéraire de l'Ohio, qui pénétra
dans la région du Saint-Laurent il y a environ 2 600 ans et comportait
des sépultures tumulaires de terre; l'apparition, à la même
époque, de pipes en pierre; et d'autres traits qui indiquaient clairement
que la région faisait partie d'un actif réseau d'échanges
avec d'autres cultures (figure).
LE PROTO-MICMAC:
Notre connaissance de ce qui s'est produit dans le golfe du Saint-Laurent
au cours de cette période de 1 500 ans est très incomplète.
En Gaspésie, on croit que la culture proto-micmaque est issue de
la culture maritimienne. Des liens étroits entre le Nouveau-Brunswick
et cette région du Québec auraient été favorisés
par des déplacements le long de la côte et le long des cours
d'eau du bassin de la rivière Saint-Jean.
L'ARCHAÏQUE BOUCLÉRIEN:
Dans la plus grande partie du Québec au nord du Saint-Laurent,
la technologie antérieure de cette culture fut conservée,
mais transformée dans une certaine mesure par l'adoption de l'arc
et la flèche. On retrouve également des poteries pointe-péninsuliennes
très éparses le long de la côte nord jusqu'au Labrador,
sur une partie de la côte de Gaspésie ainsi que dans l'intérieur,
jusqu'au lac Saint-Jean, mais cet élément de technologie
ne fut jamais adopté dans ces régions autant qu'il le fut
plus au sud.
LE LAURELLIEN:
Le Laurellien est l'héritier direct du Bouclérien, qui
l'avait précédé dans l'extrême ouest du Québec,
mais la céramique y est présente, alors qu'elle était
absente du Bouclérien. Le fait que des os aient été
conservés dans des sites apparentés de l'Ontario suggère
l'existence de couteaux en incisive de castor, d'aiguilles à raquette,
d'alênes, de harpons détachables et de décorateurs
de céramique (figure). Les sites laurelliens
de l'ouest du Québec témoignent que dans cette région,
tout comme dans les régions adjacentes de l'Ontario, on utilisait
des petits rognons de silex de haute qualité pour fabriquer les
outils au lieu des massifs dépôts de quartzite. Les outils
tendent donc à être plus petits que ceux que l'on trouve plus
à l'est.
LE PALÉO-ESQUIMAU RÉCENT:
Il semble y avoir eu une transition de cinq siècles à
partir d'il y a 3 000 ans, période au cours de laquelle le Paléo-esquimau
ancien évolua pour devenir le Paléo-esquimau récent.
La fusion de différents caractères, qui produisit la culture
paléo-esquimaude récente, se produisit surtout dans la région
de l'île de Baffin, dans les Territoires du Nord-Ouest. Apparurent
des habitations hivernales semi-souterraines, des lampes à huile
en pierre, des outils en ardoise polie et des burins polis (figure).
La culture paléo-esquimaude récente présente toutefois
une parenté évidente avec celle du Paléo-esquimau
ancien, qui l'avait précédée, comme en témoignent
les microlames, le style général des harpons et d'autres
traits. Certains indices donnent à croire que ces populations abandonnèrent
l'arc et la flèche. On ne sait pas grand-chose de leurs coutumes
religieuses, mais il est possible de s'en faire une certaine idée
grâce à leurs sculptures et à leurs gravures tout à
fait exceptionnelles en os, en ivoire et en bois, dont un grand nombre
sont vraisemblablement reliées au chamanisme. Déjà,
il y a 3 000 ans, les ancêtres des populations du Paléo-esquimau
récent avaient atteint l'extrême nord-est du golfe du Saint-Laurent.
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