La
période de l'Archaïque (carte
de distribution)
(5 000 à 1 000 av. J.-C.)
Il y eut en Ontario deux cultures archaïques fort différentes
l'une de l'autre. Dans le nord de la province, on retrouve la culture archaïque
du Bouclier (figure), vraisemblablement issue
de la culture de Plano et dont elle conserva presque intégralement
le mode de vie. Cette culture tire son nom des sites mis au jour sur une
vaste étendue du Bouclier canadien, allant du Labrador au nord du
Manitoba, jusqu'au district de Keewatin au centre des Territoires du Nord-Ouest.
On se nourrissait surtout de caribou et de poisson, mais aussi d'ours,
de castor, de lièvre et de gibier d'eau.
Soulignons cependant que ces énoncés ne sont que conjectures,
car l'acidité des sols n'a épargné que peu d'ossements
(figure). L'emplacement de ces sites le long
des cours d'eau et dans les îles porte à croire que les populations
du Bouclier utilisaient un type quelconque d'embarcation, probablement
le canot d'écorce de bouleau. Afin de pouvoir se déplacer
dans la neige profonde de l'hiver, elles fabriquaient sans doute des raquettes.
En bref, leur mode de vie semble sur bien des points analogue à
celui des populations algonquiennes qui habitaient le nord au début
de l'ère historique. En effet, on a avancé une hypothèse
selon laquelle les Saulteux, les Cris, les Algonquins et les Montagnais
tiraient leur origine de la culture du Bouclier.
Les forêts de feuillus du Sud de l'Ontario étaient occupées
par des habitants, dont la culture était tout à fait différente
de celle de leurs voisins du Nord et qu'on désigna de populations
de la tradition archaïque laurentienne (figure).
Ils se nourrissaient de chevreuils, d'élans, d'ours et de castors
qu'ils chassaient avec des chiens et complétaient leur alimentation
avec du petit gibier, du poisson, des crustacés et des baies. Ils
fabriquaient, outre des pointes de projectile, des couteaux et des grattoirs
en pierre taillée, des haches et des herminettes en pierre polie
pour travailler le bois, ainsi que des pointes en ardoise polie, des lances
et des couteaux et un vaste éventail d'objets en os tels que harpons,
ciseaux, hameçons, alênes, aiguilles, perles et peignes. Le
troc avec les populations archaïques du Bouclier leur procura du cuivre
natif du lac Supérieur qu'ils employaient pour fabriquer des pointes
de jet, des alênes, des aiguilles, des bracelets, des perles, des
herminettes et maints objets pratiques ou décoratifs.
D'après des fouilles effectuées dans des cimetières
archaïques laurentiens des régions frontalières du Québec
et de l'État de New York, nous
savons que ces populations étaient robustes et que rares étaient
les fractures, l'arthrite et les pertes de dents dues à des infections
des gencives. On a constaté quelques cas de mort violente: fractures
du crâne, pointes de jet logées dans les os ou la poitrine,
et squelettes décapités. Il est même attesté
qu'une opération, ratée, s'est déroulée dans
l'État de New York pour extraire le fût d'une pointe de jet
logée dans le front d'un homme.
Les populations de la tradition archaïque laurentienne participaient
à un vaste réseau commercial: d'où leurs objets de
parure faits de conques du golfe du Mexique, de perles de coquillage de
la Côte atlantique, de cuivre du lac Supérieur et de silex
étranger provenant de sources très diverses. Il est à
peu près certain que ces pièces furent introduites dans le
Sud de l'Ontario par le troc plutôt que par des groupes de commerçants
qui auraient parcouru les grandes étendues de l'Amérique
du Nord.
On ne possède aucune donnée sur le type d'habitations
des populations de la tradition archaïque laurentienne de l'Ontario.
Cela n'est guère étonnant, car les sites fouillés
par des archéologues n'étaient que des campements saisonniers
faits de constructions temporaires qui n'ont laissé aucune trace.
Par ailleurs, il est également prouvé qu'à la suite
d'un réchauffement du climat survenu il y a plus de 5 000 ans, l'été
se serait prolongé d'un mois, rendant d'autant moins nécessaire
la construction d'habitations plus résistantes. Toutefois, vers
la fin de l'automne, les familles se dispersaient pour gagner leur territoire
de chasse respectif pour l'hiver, où elles bâtissaient probablement
des maisons plus solides. Celles-ci étaient, semble-t-il, très
petites, ce qui expliquerait pourquoi aujourd'hui l'archéologue
a tant de mal à les repérer, plusieurs milliers d'années
après qu'elles furent abandonnées.
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