Les
premiers habitants des Maritimes (figure)
La présence de l'homme dans les Maritimes est un fait bien établi
grâce aux découvertes archéologiques. Un des sites
préhistoriques ou paléo-indiens les mieux documentés
de l'est de l'Amérique du Nord se trouve près de Debert (Nouvelle-Écosse).
Des fouilles pratiquées à cet endroit au début des
années 1960 ont révélé l'existence d'un ancien
campement de chasse au caribou (figure). Une série
de treize dates établies par le radiocarbone font remonter l'occupation
de ce site à quelque 10 600 ans avant nos jours. Durant cette période
de fouilles, on a exhumé une grande variété d'instruments
de pierre ayant servi à la chasse et à la préparation
des aliments, dont les plus remarquables sont les nombreux projectiles
et couteaux cannelés qui sont considérés comme caractéristiques
de ces Paléo-Indiens primitifs en Amérique du Nord (figure).
Des projectiles du même type, que l'on appelle Clovis, ont été
découverts dans le sud-ouest des États-Unis, associés
à des ossements d'animaux disparus, en particulier de mastodontes.
Si l'on n'a pu découvrir aucun autre site aussi bien documenté
que Debert dans les Maritimes, on a mis au jour dans le Maine et dans les
États de la Nouvelle-Angleterre des sites semblables en ce qui a
trait à l'âge et à la culture. Par ailleurs, d'autres
découvertes isolées dans chacune des trois provinces Maritimes
attestent la présence, à cette époque reculée,
de populations anciennes dans l'ensemble de la région (figure).
On sait peu de chose au sujet des trois à cinq millénaires
qui suivirent la première période d'occupation des Maritimes.
Cependant, la découverte récente sur la côte septentrionale
du détroit de Belle-Isle d'une ancienne culture datant d'il y a
6 000 à 8 000 ans confirme une fois pour toutes la présence
d'êtres humains à cette époque. Des découvertes
identiques ont été faites dans l'Île-du-Prince-Édouard
et dans le centre de la Nouvelle-Écosse, elles sont étroitement
apparentées à des vestiges exhumés dans le sud, jusqu'au
Piedmont dans les Carolines. Ces découvertes indiquent que la plaine
littorale de l'Atlantique était occupée par une population
adaptée au milieu maritime et fluvial, dont les membres furent peut-être
les ancêtres directs des premiers chasseurs paléo-indiens.
Probablement peu nombreuses, ces populations étaient peut-être
composées de petits groupes qui effectuaient des migrations saisonnières
vers le nord, à la recherche de ressources particulières,
et qui retournaient passer l'hiver dans le sud.
Des découvertes isolées faites le long de la côte
septentrionale de la Gaspésie, au coeur du Nouveau-Brunswick et
au coeur de la Nouvelle-Écosse attestent des échanges culturels
ininterrompus entre l'intérieur du continent et les Maritimes. Appartenant
à une culture distincte connue sous le nom de Plano et datant d'il
y a 7 000 à 9 000 ans, ces vestiges sont étroitement apparentés
aux témoins de la culture Plano découverts dans les Grandes
Plaines (figure). Les sites de culture Plano découverts
dans les Maritimes sont peu nombreux, ce qui donne à penser que
l'influence de cette culture ne fut pas considérable.
Depuis 10 000 ans, le climat s'est nettement modifié, devenant
plus chaud et plus sec. La forêt composée en majeure partie
d'épinettes a peu à peu fait place aux pins, puis à
un peuplement mixte, principalement de sapins du Canada, de hêtres
et de bouleaux durant l'époque de l'optimum climatique post-glaciaire
de l'Holocène moyen, de 1 500 à 8 000 ans avant nos jours.
De 5 000 à 6 000 ans avant aujourd'hui, une importante tradition
culturelle concentrée à l'intérieur des terres et
connue sous le nom de Laurentienne archaïque prit racine dans le Nord-Est
(figure). Plus marquée dans les États
de New York et du Vermont, dans le sud de l'Ontario et au Québec,
cette influence Laurentienne ne joua qu'un rôle mineur dans les Maritimes.
En revanche, cette région vit se développer une tradition
apparentée, connue sous le nom de Maritime archaïque, dont
l'origine n'est pas tout à fait claire, bien que les gens de cette
tradition fussent probablement les descendants des populations qui habitaient
la plaine côtière de l'Atlantique et dont il est fait mention
plus haut. Les premiers témoins de la culture Maritime archaïque
furent découverts en Nouvelle-Angleterre, au XIXe siècle.
Les lieux de sépultures complexes qu'on y mit au jour furent par
la suite désignés par le nom de Tradition Moorehead des Indiens
aux sépultures d'ocre rouge, en raison des ossements et des objets
façonnés que l'on y trouva enduits d'ocre rouge.
L'un des sites les plus importants du Maritime archaïque a été
découvert à Cow Point (Nouveau-Brunswick) (figure).
La datation par le radiocarbone a permis d'établir l'âge du
site à 3 800 ans. Des sites identiques du nord-est des Maritimes
datent d'il y a 3 400 à 5 000 ans. À Cow Point, les archéologues
ont mis au jour de nombreuses sépultures associées à
un grand nombre d'objets fonctionnels et ornementaux (figure).
La culture Maritime archaïque et la culture Laurentienne archaïque
se caractérisaient toutes deux par une technologie avancée
de la pierre polie, comme l'attestent les divers objets remarquablement
façonnés en ardoise polie (figure).
Ces populations ont également laissé des herminettes, des
gouges et des pendentifs en pierre. Leur culture se caractérisait
par des technologies maritimes et fluviales, dont on sait que les traditions
se sont propagées du Labrador jusqu'au sud de la Nouvelle-Angleterre.
Elles reflètent par conséquent la mobilité croissante
d'une population capable de naviguer (figure).
D'après ce que nous savons actuellement de l'archéologie
des Maritimes, la culture Maritime archaïque fut suivie d'un hiatus
d'environ 1 000 ans. On retrouve ensuite des sites vieux de 2 300 ans.
À cette époque, une industrie de la céramique bien
développée fait son apparition dans les Maritimes (figure)
(figure). La technologie de la céramique
avait pris naissance en Amérique du Sud ou en Amérique centrale,
où l'on fait remonter à 5 500 ans avant nos jours les premiers
vestiges de cette tradition. On ignore toujours si les populations des
Maritimes apprirent cette nouvelle technologie à la suite de mouvements
migratoires ou par simple transmission des connaissances. Dans le cas de
la céramique, la dernière hypothèse semble la plus
plausible.
Si l'on fait abstraction de la céramique, l'outillage de l'époque
préhistorique récente ne diffère pas considérablement
de celui de la période archaïque (figure).
Cependant, l'industrie de la pierre polie est en nette régression.
Ce fait peut s'expliquer par un usage accru de l'écorce de bouleau
comme matériau de construction, qui aurait réduit le besoin
d'outillage lourd pour le travail du bois.
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