Ceux et celles qui ont vécu la Première Guerre mondiale n'en ont jamais parlé autrement que comme la Grande Guerre pendant le reste de leur vie, même si une autre guerre mondiale devait suivre moins d'une génération plus tard. Pour les Canadiens et les Canadiennes, il y a là un élément particulier de vérité. En effet, le Canada avait commencé la guerre en tant que colonie britannique et s'est retrouvé en guerre par déclaration de la mère patrie. Lorsque la paix est revenue, le Canada était un signataire séparé du traité de Versailles, un pays indépendant et confiant dans sa capacité de gérer ses propres affaires. La guerre a marqué la transition des Forces armées du Canada d'un statut de milice dont la valeur restait à démontrer à celui de ce qui a probablement été le corps d'armée le plus puissant des deux camps qui s'opposaient dans le conflit. Elles constituaient une force capable de planifier et d'exécuter des opérations indépendantes, en commençant par l'assaut sur la crête de Vimy, le lundi de Pâques 1917. Maintenir le corps canadien tout au long de quatre ans de combat sur le front occidental avait exigé un apport en ressources humaines qu'un simple système d'engagement volontaire ne pouvait assurer. L'imposition ultérieure de la conscription pour le service outre-mer, en août 1917, a fait entrer le pays dans un bouleversement politique intense. Ainsi, la jeune nation se retrouvait divisée chez elle, alors que la guerre outre-mer avait suscité la plus grande expression de nationalisme de son histoire jusqu'à ce jour. Le coût en a été très élevé.
Sur une population de quelque huit millions d'habitants, plus de 600 000 ont servi dans le Corps expéditionnaire canadien et près de 60 000 ont perdu la vie, dont 87 % ont été des victimes directes des actions ennemies en France et dans les Flandres. Plus de 154 000 soldats ont été blessés, dont certains plusieurs fois, et personne n'a dénombré les pertes attribuées à des problèmes mentaux et émotionnels. Après quatre ans de dur labeur et de rationnement, des soldats et des civils ont succombé à l'épidémie de grippe qui a suivi la guerre. Au Canada, très peu de collectivités, peu importe leur taille, ont pu traverser cette guerre sans y perdre un ou plusieurs de leurs membres.
L'envergure du conflit a aussi profondément modifié l'économie et la société dans son ensemble. Non seulement les Forces armées du Canada ont dû être équipées à une échelle encore jamais atteinte jusque-là, mais le Canada est devenu un fournisseur majeur du Royaume-Uni à travers la Commission impériale des munitions. La guerre a créé une demande énorme touchant l'agriculture canadienne, ce qui a eu pour effet de consolider et de rendre durable l'expansion quelque peu fragile de l'agriculture et des peuplements associés dans le Nord-Ouest. Une proportion considérable d'hommes se trouvant outre-mer, les femmes canadiennes ont commencé à travailler dans les affaires et dans l'industrie en nombre sans cesse croissant. Comme dans d'autres pays, leur rôle et leur poids économiques accrus les ont poussées à élever de plus en plus la voix pour exiger le droit de voter, comme un moyen de pouvoir politique.
Suivent des exemples tirés d'une documentation très abondante sur le Canada et la Première Guerre mondiale. Le lecteur ou la lectrice à la recherche de toute la documentation publiée sur l'un des sujets énumérés ci-dessous devrait commencer par consulter les bibliographies plus détaillées qui ont déjà été publiées.
Notes
Les ouvrages marqués d'un astérisque (*) sont disponibles en français et en anglais. La plupart des titres que comprend ce guide se trouvent dans la collection de Bibliothèque et Archives Canada. Il est aussi possible de s'en procurer plusieurs par prêt entre bibliothèques, tant au Canada qu'à l'étranger.
|