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Les rébellions de 1837 et de 1838
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Haut-Canada, 1837-1838

La rébellion dans le Haut-Canada est souvent associée au nom de William Lyon Mackenzie (1795-1861). Ce réformateur, aussi rédacteur en chef de journal et maire de Toronto, était un redoutable orateur qui, pendant de nombreuses années, avait mené une guerre des mots contre l'oligarchie régnante dans la province. C'est en 1837, après avoir constaté l'échec de ses tentatives politiques de réforme, qu'il rallia radicaux et modérés à un projet mal conçu de renversement du gouvernement en place.

Inspiré par les incidents violents et les affrontements entre les troupes britanniques régulières et les Patriotes du Bas-Canada près de Montréal en novembre 1837, Mackenzie était convaincu que le moment d'agir était arrivé. La majorité de ses sympathisants se trouvait concentrée au nord et à l'ouest de Toronto et il y recruta des centaines de mécontents. Mackenzie a établi ses quartiers généraux à la Taverne Montgomery, et le 5 décembre 1837 il a entrepris de marcher sur Toronto avec environ 800 rebelles, mal équipés et sans formation.

Puisque les troupes britanniques régulières étaient occupées dans le Bas-Canada, c'est un petit groupe de miliciens locaux qui fut rapidement mis sur pied pour faire face aux forces rebelles. Malgré leur nombre inférieur, ceux-ci réussirent à bloquer l'avance de Mackenzie et de ses hommes vers Toronto. Deux jours plus tard, environ 1000 miliciens et volontaires loyaux contre-attaquaient ce qui restait des forces rebelles de Mackenzie près de la Taverne Montgomery et les mettaient en déroute, après un bref mais violent engagement.

Une deuxième force rebelle avait été mise sur pied dans la région de Brantford par le docteur Charles Duncombe (1767-1862) et Eliakim Malcolm (1801-1874). Le 14 décembre 1837, près du village de Scotland, ils firent face à une forte troupe de miliciens dirigée par le colonel Allan MacNab (1798-1862) et furent facilement défaits. Duncombe et Malcolm durent s'exiler aux États-Unis.

Ce dispersement des troupes de Duncombe marque la fin de la rébellion dans le Haut-Canada. Deux semaines plus tard, Mackenzie (qui s'était aussi enfui aux États-Unis) et une petite troupe d'exilés et de sympathisants américains occupèrent l'île Navy, sur la rivière Niagara. Un navire de ravitaillement américain, le Caroline, fut capturé et incendié, mais les rebelles, mal équipés et peu organisés, furent finalement chassés de l'île.

La plupart des chefs rebelles ont fui la province. Plusieurs, comme Mackenzie et Duncombe, se sont réfugiés aux États-Unis, mais plus de 800 de leurs partisans ont été mis aux arrêts. Même si la plupart ont été par la suite relâchés ou graciés, deux des principaux lieutenants de Mackenzie, Samuel Lount (1791-1838) et Peter Mathews (1786-1838), on été pendus pour trahison, alors que plus d'une vingtaine d'autres ont été déportés dans une colonie pénitentiaire en Australie.

Quelques exilés et sympathisants américains (connus sous le nom de « Patriot Hunters »") ont continué pendant quelques mois de menacer la frontière; ils ont lancé une série de raids en 1838, dont l'occupation de l'île Navy en décembre 1837 a été l'événement précurseur. Les principaux incidents eurent lieu à Short Hills, dans la péninsule du Niagara, en juin 1838, à Windmill (près de Prescott) en novembre et sur la frontière entre Detroit et Windsor en décembre. Ces engagements ont été beaucoup plus violents que les actes de rébellion qui les avaient inspirés. La réponse militaire a été rapide et décisive. Ces raids sur la frontière étaient sérieux, même s'ils étaient mal organisés, et les troupes régulières britanniques et les troupes de miliciens du Haut-Canada s'y sont opposés en grand nombre. Les envahisseurs ont été repoussés et la justice a suivi son cours : quinze rebelles ont été pendus et des dizaines d'autres, déportés dans les colonies pénitentiaires de Tasmanie.

Bas-Canada, 1837-1838

La rébellion de 1837-1838 dans le Bas-Canada a été beaucoup plus violente que celle dans le Haut-Canada. Au cours du printemps et de l'été 1837, les chefs réformistes de la province, dont le principal était Louis-Joseph Papineau (1786-1871), ont tiré parti des tensions politiques de longue date pour mettre sur pied une large force d'intervention rebelle. La situation était tellement tendue qu'en octobre 1837 toutes les troupes britanniques régulières ont été retirées du Haut-Canada et transférées dans le Bas-Canada.

C'était une bataille perdue d'avance. Les troupes rebelles ne faisaient pas le poids devant l'importante force militaire gouvernementale, sous la direction du général sir John Colborne (1778-1863), complétée par un grand nombre de miliciens loyaux. Les Patriotes rebelles firent face aux troupes et à la milice britanniques à trois occasions : à Saint-Denis, à Saint-Charles et à Saint-Eustache. Les rebelles furent victorieux une seule fois, à Saint-Denis, le 23 novembre 1837, alors qu'ils étaient dirigés par le docteur Wolfred Nelson (1791-1863). Le 25 novembre, le lieutenant-colonel George Wetherall (1778-1868) a dirigé les troupes gouvernementales qui ont infligé une défaite aux rebelles à Saint-Charles. La bataille de Saint-Eustache, le 14 décembre suivant, a aussi été remportée par les 1500 soldats des troupes régulières et de milice, dirigées par le général Colborne lui-même, face à des rebelles beaucoup moins nombreux, sous la direction d'Amury Girod (1800-1837). Selon l'historienne Elinor Kyte Senior, les pertes ont été très inégales : plus de 300 morts au combat ou par suite de leurs blessures du côté des insurgés et moins de 30 du côté des forces gouvernementales.

La loi martiale a été déclarée et de nombreux rebelles, dont Louis-Joseph Papineau, ont dû s'enfuir aux États-Unis. Des centaines ont été arrêtés, et sept, y compris le docteur Wolfred Nelson, ont été envoyés en exil aux Bermudes. À l'instar de ce qui se passait dans le Haut-Canada, des Patriotes exilés et des sympathisants américains ont joint leurs forces. Tôt en novembre 1838, sous le commandement de Robert Nelson (1794-1873), du docteur Cyrille Côté (1809-1850) et de quelques autres, ils ont attaqué Napierville, quelques autres villages ainsi que le manoir de Beauharnois. Ils n'avaient aucune chance contre les troupes gouvernementales bien entraînées et fortement armées, et ces escarmouches ont été rapidement maîtrisées. À la suite des procès de l'automne 1839, douze rebelles du Bas-Canada ont été pendus pour leur participation à cette rébellion et environ 130 autres ont été déportés dans les colonies pénitentiaires de Tasmanie. Quelques-uns des insurgés sont demeurés aux États-Unis, comme le docteur Edmund B. O'Callaghan (1797-1880), alors que d'autres sont revenus au Canada après la proclamation d'une amnistie en 1843.

Ce qui avait commencé par un problème politique s'est finalement résolu par la politique. En mai 1838, John G. Lambton -- Lord Durham -- (1792-1840), commençait son enquête à Québec à propos de la situation dans les deux Canadas. Moins de six mois après, il fut rappelé en Grande-Bretagne à cause d'un différend avec le gouvernement britannique. Malgré tout, il a soumis un rapport en février 1839 dans lequel il recommandait de profondes réformes dans les colonies. Lord Durham ne vécut pas assez longtemps pour voir son rapport mis en application. Ce rapport, controversé à cause de ses prises de position anti-francophones, a entraîné tout de même l'union des deux Canadas en 1841 et l'avènement du gouvernement responsable en 1848.

Notes

Les ouvrages marqués d'un astérisque (*) sont disponibles en français et en anglais. La plupart des titres que comprend ce guide se trouvent dans la collection de Bibliothèque et Archives Canada. Il est aussi possible de s'en procurer plusieurs par prêt entre bibliothèques, tant au Canada qu'à l'étranger.


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