Qui se souvient du Disc-O-Logue?
Entrevue tirée de Rendez-vous 92, le deuxième bulletin annuel conjoint des Publications Yé-Yé et de SARMA (Société pour l'avancement de la recherche en musique d'agrément) http://pages.infinit.net/sarma/, et dirigée par Richard Baillargeon. Reproduite avec la permission de Richard Baillargeon.
Richard Baillargeon - Madame Lamothe n'a pas beaucoup parlé jusqu'à maintenant. Pourtant, elle a été très active, elle aussi, dans un domaine qui est très proche de la musique. J'aimerais que vous me parliez du Disc-O-Logue; c'est une activité qui a duré plusieurs années!
Louise Lamothe - Ça a débuté en 61. C'était l'unique catalogue qui répertoriait tous les disques d'expression française, de France ou du Québec. J'ai fait ça jusqu'en 1985.
RB - C'était publié à l'intention des magasins de disques?
LL - C'était distribué dans les magasins de disques, les stations de radio, auprès des producteurs de disques. Cela permettait aux disquaires, si on leur demandait un titre - prenons par exemple La vie en rose - de retrouver tous les artistes qui avaient interprété La vie en rose, le nom de leur compagnie, le numéro du disque et la date où il avait été mis sur le marché.
Parfois, les artistes eux-mêmes ne savaient pas que leur disque était sur le marché. Par exemple, Monique Leyrac qui me dit: « Ça se peut pas, je n'ai pas fait Le petit bonheur sur 45 tours ». J'ai dit: « Madame, je l'ai dans les mains. Ça porte le numéro 0814 sur RCA. »
RB - C'est conservé quelque part, aujourd'hui?
LL - C'est à la Bibliothèque nationale, à Ottawa. Ils appellent ça un don à sa majesté!
RB - Comment s'effectuait la compilation? Est-ce que chaque maison de production vous envoyait ses listes ou s'il fallait faire d'autres démarches?
LL - Au début, toutes les compagnies de disques me donnaient un montant annuel pour compiler ces données-là. Mais quand je me suis impliquée dans le droit d'auteur, il y a quelques compagnies qui ont cessé de collaborer, me percevant presque comme une ennemie par l'usage que je pouvais faire de ces informations. À ce moment-là, je devais me procurer chaque nouveauté qui arrivait sur le marché.
RB - Cette compilation s'est-elle appelée Disc-O-Logue jusqu'en 85?
LL - Oui. Mais je ne parle pas ici du palmarès, c'était bien un catalogue.
RB - Il était publié à combien d'exemplaires?
LL - J'avais à peu près 550 abonnés, dans tout le Québec.
RB - Il y a donc des gens qui ont reçu régulièrement tous ces catalogues.
LL - Exactement.
RB - J'avais l'impression, d'après les quelques exemplaires qui m'étaient passés sous les yeux, que le Disc-O-Logue était un palmarès distribué par Laval Records. Quel était le lien avec la compagnie Laval et le Disc-O-Logue?
LL - À partir du catalogue que je publiais et qui était une compilation par ordre alphabétique, je faisais un palmarès à la demande de certains magasins et de certains producteurs, dont Tony Choma de Laval Records. C'était une feuille double, avec les palmarès français, américains et à l'intérieur, il y avait les nouveautés du mois. Le palmarès était établi à partir d'une recherche auprès des postes de radio et des marchands de disques. J'en faisais 50 000 exemplaires et j'en envoyais dans tous les magasins, gratuitement. Laval me payait une publicité qui était imprimée sur le feuillet.
RB - Ça a duré combien de temps, le palmarès?
LL - Ce palmarès-là a duré de 1962 à 1970, probablement... jusqu'à ce que je m'occupe du droit d'auteur.
RB - Quand vous vous êtes occupée de droits d'auteur, était-ce au sein de la Sodrac?
LL - Il n'y avait pas de SODRAC. La SODRAC, c'est depuis 1985, depuis que je me suis retirée. Ça s'appelait la SDRM Canada. Je l'ai fondée en 1969. De 69 à 85, je l'ai gérée. En 85, il y a eu le désir de fonder une société canadienne pour le droit mécanique. Il y a eu une fusion où les québécois ont 51% des parts; la SACEM et la SDE se partageaient les frais financiers. La SDE s'est retirée au bout de deux ans et maintenant, la Sodrac est financée à 100% par la SACEM et la SDRM Paris mais c'est une société canadienne.
RB - Depuis 85, avez-vous continué de vous intéresser à la musique?
LL - Pas du tout. J'ai fait une coupure complète. Dès qu'il passait une émission de variétés, j'éteignais l'appareil. Pour moi, c'était comme une peine d'amour. J'y avais mis tellement de coeur. Cet arrêt-là, c'était pire qu'un divorce! Tu vois, j'ai beaucoup plus d'enthousiasme à parler de la carrière des autres que de parler de moi.
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