Pierre-Aurèle Asselin, ténor (1881-1964)
Né à Sainte-Famille, à l'Île d'Orléans, en face de Québec, en 1881, Pierre-Aurèle Asselin s'installe à Montréal au tournant du siècle et épouse en 1903, à l'église Notre-Dame, Cora Laviolette, avec laquelle il aura trois enfants. À la même époque, il ouvre un magasin de fourrure qui sera son gagne-pain pendant cinquante ans. Doté d'une très belle voix de ténor, Asselin chante d'abord dans les églises. Ce n'est qu'à l'âge de 35 ans, en 1916, qu'il donne son premier concert pour le Ladies' Morning Musical Club de Québec, club qui encourage l'appréciation de la musique classique. Il signe, la même année, un contrat d'enregistrement avec Columbia Gramophone de New York. Chez Columbia, il se spécialise dans l'enregistrement d'arias tirées d'opéras français, de chansons d'opérette et d'airs classiques comme « Barcarolle vénitienne » de Mendelssohn (Columbia E 3015, décembre 1916). En plus de faire des enregistrements, Asselin se produit à l'occasion sur scène; il participe notamment à l'oratorio Les Sept Paroles du Christ de F.C. Théodore Dubois, à la cathédrale de Montréal, en avril 1917. Au mois d'octobre suivant, le ténor donne son premier concert solo et s'associe brièvement à l'éphémère Société nationale d'opéra comique. Le nom d'Asselin fait son apparition sur les enregistrements sous l'étiquette Edison, sur cylindre Royal Purple Grand Opera (série 29000), réalisés entre novembre 1918 et décembre 1920. La plupart de ces enregistrements sont également parus sur cylindre Blue Amberol (série 27000) et sur disque Edison Diamonds (série 74000). L'édition d'octobre 1918 du bulletin d'information Edison Amberola Monthly décrit P.-A. Asselin comme un « nouvel artiste d'opéra », et le nom du chanteur apparaît aussi pour la première fois sur la liste d'Edison du mois de novembre avec son interprétation de l'aria ténor « Elle ne croyait pas » de l'opéra Mignon d'Ambroise Thomas. Les talents vocaux de Pierre-Aurèle Asselin amènent les agents de publicité d'Edison à le décrire, en mars 1920, comme « l'un des meilleurs chanteurs du monde aujourd'hui ». Plus tard, la même année, l'inscription au catalogue d'Edison décrit la voix d'Asselin comme une voix de « ténor à sonorité de cloche ».
Avec Edison, le ténor continue de se spécialiser dans les arias d'opéra et d'autres répertoires vocaux sérieux. Asselin enregistre aussi de la musique de Noël, dont « Minuit, chrétiens/Cantique de Noël » d'Adolphe Adam, cantique qui a encore la faveur aujourd'hui au Canada français. En plus d'enregistrer, le ténor québécois se produit en concert, en particulier aux théâtres Cartier et Orpheum, à Montréal, en septembre 1918, où il chante avec la cantatrice canadienne-française Blanche Gonthier. Bien qu'Asselin produise surtout des enregistrements en français, c'est en latin qu'il enregistre « O Salutaris » de l'opéra Salomé de Richard Strauss. Dans l'ensemble, le ténor semble préférer les compositeurs français comme Jules Massenet et Charles Gounod. De Charles Gounod, Asselin enregistre « Ah! lève-toi soleil », la fameuse scène du balcon de Roméo et Juliette. Selon la coutume de l'époque, les disques qu'Asselin enregistre chez Columbia sont inscrits dans le catalogue de la maison de disques sous la rubrique « Disques en français » et sont précédés de la lettre E signifiant « ethnique », afin d'informer les acheteurs que ces enregistrements sont en français. De la même façon, Edison inscrit généralement les enregistrements d'Asselin soit sous « Royal Purple » ou sous « Chansons françaises » comme articles spéciaux plutôt que de les inscrire sur les listes maîtresses.
En mai 1921, Asselin revient avec la compagnie Columbia et enregistre huit chansons à New York. Son répertoire d'opéra comprend Godard, Donizetti et Massenet ainsi que deux mélodies populaires (en duo avec Guillaume Dupuis) et une version de « Sur le lac d'argent » de Fauré, en duo avec Blanche Gonthier. Le ténor réalise ses derniers enregistrements en 1929 dans un studio de Plattsburg (État de New York) pour la compagnie Brunswick. Dans une seule séance d'enregistrement, le 1er juillet, il enregistre « Le Rêve de Des Grieux » de l'opéra Manon et trois chansons signées Lalo, Flégier et Bohm. Pierre-Aurèle Asselin semble avoir cessé ses activités professionnelles en musique dans les années 1930. Il s'occupe alors principalement de son commerce de fourrure à Montréal, qu'il cède à son fils Raymond peu avant son décès le 27 décembre 1964. Il était le frère de la soprano Marie-Anne Asselin (1888-1971) et le grand-oncle du pianiste André Asselin (1923- ). Pour obtenir de plus amples renseignements sur les enregistrements de Pierre-Aurèle Asselin, veuillez consulter la base de données du Gramophone virtuel. Robert Thérien, chercheur en musique, Montréal RéférencesCatalogue général français des disques à double face Columbia. -- Édition 1917. -- 16 p. « Edison Amberola monthly, October 1918 ». -- Edison Blue Amberol recordings. -- Vol. 2 (1915-1929). -- Edited by Ronald Dethlefson. -- New York : APM Press, 1981. -- No AMICUS 2586905 Moogk, Edward B. -- En remontant les années : l'histoire et l'héritage de l'enregistrement sonore au Canada, des débuts à 1930. -- Ottawa : Bibliothèque nationale du Canada, 1975. -- xii, 447 p. -- No AMICUS 79943. -- Publié aussi en anglais sous le titre de Roll back the years : history of Canadian recorded sound and its legacy : genesis to 1930 Spottswood, Richard K. -- Ethnic music on records : a discography of ethnic recordings produced in the United States, 1893 to 1942. -- Vol. 1 (Western Europe). -- Urbana : University of Illinois Press, c1990. -- No AMICUS 9217122 Thérien, Robert. -- Notes de recherche inédites |