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Conclusion

La participation des infirmières militaires à la guerre semble avoir été si appréciée que, de retour au bercail, elles ont joui d'un respect inégalé. Dans les années qui ont suivi la Première Guerre mondiale, leur contribution à l'effort de guerre canadien et à la profession d'infirmière fut commémorée publiquement par l'érection d'un monument dans l'édifice du Parlement en l'honneur de toutes les infirmières canadiennes. Ce prestige a rejailli sur l'ensemble de la profession; l'époque de la guerre jusqu'aux années 1930 représente en réalité l'âge d'or de la professionnalisation du métier d'infirmière au Canada. Cette reconnaissance que les infirmières ont acquise tient, entre autres, au fait que les infirmières militaires ont su, par leur formation, leur ingéniosité et leur débrouillardise, se tailler une place enviable dans un milieu typiquement masculin.


La Première Guerre mondiale représente donc un moment important dans la période qui a marqué l'évolution de la profession d'infirmière au Canada. Le Corps infirmier militaire canadien créé au début du siècle a constitué un débouché intéressant pour plus de 2 000 diplômées d'écoles d'infirmières, leur offrant un emploi stable (du moins pour la durée des hostilités), bien rémunéré, rempli de défis professionnels et d'aventures. Au cours des quatre années de la guerre, les infirmières militaires ont risqué leur vie, travaillé sans relâche, surmonté des conditions de vie difficiles, vécu de grandes émotions, vu périr patients et amis, mais elles ont forgé des liens d'amitié et de solidarité qui ont transcendé leur service militaire et se sont aussi bien amusées. Par-dessus tout, elles ont mis à profit leur formation et leurs expériences personnelles et professionnelles pour améliorer et souvent même sauver la vie de leurs patients.


La Première Guerre mondiale n'a pas changé la pratique du métier d'infirmière de façon notable comme les développements de la médecine du XXe siècle le feront à l'occasion d'autres guerres. Toutefois, avec les nouvelles tactiques de combat et les armes que l'on utilisait, devant l'ampleur même du conflit, l'importance du rôle des infirmières en leur qualité de soignantes au sein des services médicaux du Corps expéditionnaire canadien a été amplement démontrée. Dans un contexte où le pouvoir de la médecine est limité, où les maladies abondent, les habiletés propres aux infirmières ont été nécessaires, voire essentielles.


De plus, la présence des infirmières dans des circonstances aussi exceptionnelles a apporté une touche féminine, quasi maternelle, s'exprimant de toutes sortes de façons. Il est en effet raisonnable de penser que les infirmières ont contribué à faire des unités de soins des endroits chaleureux, rappelant aux soldats l'ambiance de la maison familiale.


C'est là que se trouve la clé du succès des infirmières militaires canadiennes, qui ont servi en Europe pendant la Première Guerre mondiale : en faisant ce qu'elles avaient appris à faire de mieux, en le faisant bien, d'une manière efficace et avec dévouement, elles se sont jointes aux autres figures du panthéon des héros de la guerre. Et pour reprendre les mots de Marion Wylie, une infirmière de Sutton, en Ontario, qui a servi en Angleterre et en France de 1916 jusqu'à la démobilisation : « C'était très nécessaire et très important; et en rétrospective, je pense, très bien fait. Je ne veux pas me vanter, mais je crois que les infirmières ont travaillé très fort et ont fait du bon travail12. »



  1. Marion Wylie, Canadian Nursing Sisters of World War I Oral History Program. Entrevue réalisée par Margaret Allemang, Toronto, Faculté de nursing, Université de Toronto, 1979, p. 22.

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