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Les conditions de travail

Au sein du corps médical armé, l'organisation des soins de santé prévoyait la répartition des médecins et des infirmières en quatre types d'unités de soins : les ambulances de campagne, les postes d'évacuation, l'hôpital fixe (ou sédentaire) et l'hôpital général. Dans un premier temps, les soldats blessés sont amenés à l'ambulance de campagne, une infirmerie située tout près du front. Ces infirmeries emploient des soldats qui ne donnent que les premiers soins. Les patients sont immédiatement transportés vers les postes d'évacuation sanitaire, où un médecin effectue un examen plus complet. En théorie, aucune infirmière ne doit travailler aussi près des hostilités. Certaines le font toutefois lors de circonstances particulières, par exemple pour accompagner un chirurgien posté dans l'une de ces installations. Fait à noter, les ambulances de campagne et les postes d'évacuation ne sont pas équipés pour accueillir les patients plus de quelques heures.


Les blessés sont ensuite transportés à l'hôpital fixe, un hôpital situé relativement près du front, dirigé par une « matrone » en chef et 16 infirmières. Ces hôpitaux comptent environ 250 lits. Les blessés graves nécessitant une longue convalescence ou les soldats souffrant de maladies diverses sont accueillis dans les hôpitaux généraux, des édifices permanents situés en Grande-Bretagne et pouvant héberger plus de 500 patients. Le personnel infirmier de ces hôpitaux est constitué d'une « matrone » en chef et de 72 infirmières. Les unités d'infirmières effectuent des rotations dans les divers hôpitaux fixes et généraux. Une infirmière peut changer plusieurs fois de poste au cours de son service militaire. De plus, une unité d'infirmières peut être fractionnée et ses membres répartis dans divers hôpitaux selon les besoins de personnel déterminés par les circonstances de la guerre.


En ce qui concerne le travail infirmier proprement dit, ce sont les conditions entourant l'administration des soins plutôt que les techniques infirmières comme telles qui sont différentes de celles prévalant dans la société civile. La rigueur des conditions de travail est considérablement accrue en raison du rythme irrégulier des arrivées souvent massives, conséquence normale de l'avancée et du recul des troupes, qui ajoute à la charge déjà lourde des maladies et des blessures accidentelles. Les infirmières doivent aussi pallier le manque d'hygiène et l'insuffisance de l'équipement du personnel, mais ce sont surtout le flux et reflux ainsi que l'affluence des blessés qui expliquent cette disparité.


Une unité de soins près des lignes de feu peut, au cours d'une offensive, se trouver complètement débordée. Sous le couvert de la nuit, des camions remplis de blessés boueux sont débarrassés de leur chargement que l'on remet aux infirmières, qui, entre les civières entassées ou à côté de soldats parfois couchés à même le sol, doivent tenter d'arrêter les hémorragies, replacer des os et assurer la survie de leurs patients jusqu'à ce qu'ils soient transportés plus loin derrière les lignes, afin de recevoir des soins appropriés. Le travail quotidien des infirmières oeuvrant dans ces unités de soins plus éloignées des opérations militaires rime tout autant avec labeur. Les conditions climatiques et la vie de tranchées favorisant l'éclosion d'épidémies, les lits sont occupés par les nombreux soldats souffrant de maladies infectieuses, qui comptent par ailleurs pour près de 70 % des cas admis à l'hôpital11.


Dans ce contexte, on ne peut conclure que, sur le plan de la pratique du travail infirmier et de l'administration des soins, la Première Guerre était synonyme de révolution médicale. Certes, certaines techniques ont été développées et se sont répandues au cours de cette période : le dépistage sanguin, les transfusions sanguines, le dépistage urinaire de certaines maladies. Et c'est aussi l'époque des balbutiements de certaines disciplines spécialisées : la psychothérapie, la physiothérapie, l'orthopédie et la diététique. Mais il demeure surtout que les infirmières ont posé les mêmes gestes que dans les hôpitaux civils, soignant des maladies connues, comme la tuberculose, la grippe, la dysenterie, changeant des pansements, désinfectant des blessures et, bien sûr, veillant au bien-être de leurs patients : administration de nourriture et de soins corporels, attentions diverses et paroles réconfortantes.


Il existe un autre élément dont l'impact sur le travail infirmier militaire est non négligeable, soit la modernisation des techniques de guerre. Les moyens utilisés au cours des opérations militaires, comme les gaz nocifs, le shrapnel et les bombardements, causent souvent des blessures représentant des défis médicaux jusqu'alors inconnus des infirmières. Dans la même veine, les nouvelles tactiques de combat, la durée de la guerre, le moral de plus en plus bas des troupes sont responsables d'un nombre sans cesse croissant de maladies mentales qui se manifestent par des terreurs nocturnes, de l'insomnie et de l'énurésie, parmi d'autres symptômes. Les médecins de l'époque n'ont pas de traitements à prescrire pour de telles conditions, et dans ces circonstances, c'est la force des infirmières qui est éprouvée dans ce qu'elles savent faire de mieux, soit l'administration des soins : compresses, lavage des yeux, application de baumes dans le cas des brûlures au gaz, réconfort et écoute, environnement chaleureux et familial, repos et diète pour les patients plus troublés.


Pour les infirmières, administrer des soins au front représente un défi professionnel important tant sur le plan technique que personnel et moral. Travailler dans des conditions aussi insalubres, et à un rythme aussi effréné, va à l'encontre de ce qu'elles ont appris au cours de leur formation professionnelle, où l'accent était mis sur une propreté extrême et l'attention personnelle accordée à chacun des patients, et ce, à une époque où les séjours à l'hôpital sont très longs. En conséquence, les infirmières se retrouvent souvent aux prises avec des dilemmes moraux à surmonter, ce à quoi elles ne sont pas préparées, comme prendre la décision de laisser seul un patient mourant pour s'occuper des besoins pressants de ceux qui ont une chance de survie.


Le taux de mortalité élevé des patients constitue une des réalités avec lesquelles les infirmières militaires doivent aussi composer. Si elles ont eu à faire face à la mort auparavant, jamais elles ne se sont heurtées à la perte d'un si grand nombre de patients, et qui plus est, de patients aussi jeunes. L'isolement constitue un autre aspect difficile de la vie au front, où l'on est loin de ses proches, de ses amis et de sa famille. Sans compter la fatigue et l'épuisement qui affectent également l'état de santé des infirmières.



  1. Nicholson, Canada’s Nursing Sisters, op. cit., p. 73. Retour

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