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Les relations professionnelles et la vie sociale

L'isolement et la tristesse qui constituent des réalités du front, les dangers qui foisonnent, le travail constant et la proximité forcée dans laquelle les médecins, les infirmières et les patients doivent vivre, tout cela favorise les liens d'amitié, de solidarité et de loyauté. La jeunesse des membres du corps infirmier, leur statut civil, l'éloignement, la peur de même que l'assouplissement des conventions sociales en temps de guerre sont des ingrédients des plus propices à la création d'amitiés profondes. Les souvenirs des infirmières militaires témoignent d'une atmosphère de travail où les règles du jeu reposaient sur la coopération et le respect. Le respect des autorités et le maintien d'un comportement exemplaire étaient des exigences de premier ordre sur le front, ce à quoi les infirmières étaient habituées par leur formation professionnelle. Cependant, il semble que le contexte de la guerre ait contribué à atténuer la perception de sévérité rattachée à l'autorité au profit d'une collaboration nécessaire à la poursuite d'un objectif central : les soins aux malades et aux blessés.


Mais les inimitiés constituent le revers de la promiscuité forcée. Des groupes d'amies peuvent se construire sur la base de la réputation de l'école ou de la taille de l'hôpital où une infirmière a suivi son cours, ou en fonction du lieu de provenance, etc. Ces éléments distinctifs peuvent aussi susciter de la jalousie puisqu'ils marquent, de façon symbolique, le statut professionnel des infirmières, un statut encore mal assuré dans la société en ce temps-là. Les promotions, les plus grandes responsabilités peuvent également être sources d'envie, un indice qui illustre que les infirmières n'étaient pas sans avoir d'ambitions professionnelles compte tenu des possibilités d'avancement que leur offrait le service militaire.


Plus tendues, semble-t-il, étaient les relations des infirmières avec les infirmières étrangères, en particulier les infirmières britanniques. Ces tensions seraient dues aux conditions plus avantageuses dont jouissaient les infirmières canadiennes. Leur salaire plus élevé que celui des Britanniques, leur uniforme distinctif et leur popularité supposée auprès des officiers semblent avoir inspiré la convoitise chez leurs collègues étrangères. Toutefois, la plus grande source de frustration à l'égard des infirmières canadiennes avait trait à leur rang militaire. En effet, leur statut d'officier leur permet de jouir d'une plus grande liberté d'action, tout en leur accordant un plus grand prestige, deux éléments dont leurs collègues étrangères ne bénéficiaient pas. Les règles des armées canadienne et britannique exigeant que les officiers féminins ou masculins entretiennent des liens uniquement avec leurs pairs, à moins d'être vêtus en civil, les infirmières militaires britanniques, n'étant pas titulaires d'un rang militaire, ne pouvaient côtoyer leurs propres officiers ni ceux des Forces armées canadiennes si elles étaient en uniforme. De l'autre côté, les infirmières militaires canadiennes ne pouvaient fréquenter que des officiers, à cause de leur statut de lieutenant. Il est donc compréhensible que les infirmières britanniques aient perçu l'arrivée des Canadiennes avec une certaine appréhension. Qui plus est, la réputation rapidement acquise de compassion, de gentillesse et d'hospitalité faisait des Canadiennes des rivales dangereuses.


Les relations avec les soldats imprègnent aussi la réalité des infirmières militaires. À cette époque, la durée de séjour à l'hôpital, même dans le contexte de la guerre, était passablement longue. Les infirmières ont alors le temps de nouer des liens avec les soldats confiés à leurs soins et d'apprécier leur présence. Elles apprennent à connaître le patient, sa famille et finissent souvent par s'attacher à eux. Ces relations qui s'établissaient peu à peu comportaient toutefois certains désavantages. À cause de leur attachement pour leurs patients, les infirmières pouvaient s'inquiéter de leur sort, pleurer leur mort, sans parler de l'effet pernicieux du douloureux spectacle de leurs souffrances.


Paradoxalement, selon les témoignages, la correspondance et les paroles que les infirmières militaires nous ont légués, le pendant de l'univers chaotique et sombre de la guerre résidait dans la grande importance accordée à la vie sociale au front. Entre les attaques ennemies et leur quart de travail, les infirmières peuvent se divertir. Souvent, les officiers médicaux ou autres officiers disponibles les accompagnent dans leurs sorties. Les passe-temps des infirmières consistent en soirées de danse, en partage de repas et en activités sportives. Le sport de prédilection britannique, soit le tennis, entre autres, se révèle assez populaire auprès des infirmières.

Toutefois, le rituel anglais le plus apprécié est le thé de l'après-midi. Prendre le thé signifie que l'on va rendre visite à des compagnes dans d'autres hôpitaux à proximité, rencontrer des officiers ou des soldats dans un cadre autre que celui de l'hôpital et rompre la routine, tout en forgeant des liens d'amitié. Souvent, des familles anglaises qui habitent près des unités de soins invitent les infirmières à prendre le thé dans un geste d'accueil et d'hospitalité.


Mais les événements sociaux les plus courus sont les soirées de danse et de musique. Pendant les périodes d'accalmie, toutes les raisons sont propices pour se rassembler, organiser des concerts et danser. Les patients eux-mêmes prennent souvent l'initiative de ces fêtes ou y participent en exerçant leurs talents pour distraire leur entourage. Ces soirées sont parfois même égayées par la présence d'orchestres professionnels dont plusieurs ont joui d'une grande renommée à l'époque. La possibilité de rencontrer un prétendant lors de ces fêtes était une préoccupation pour certaines infirmières : ces rencontres pouvaient en effet mener à des demandes en mariage, ce qui, dans l'opinion de plusieurs jeunes filles, représentait la meilleure issue possible à leur carrière.


TLes voyages constituent aussi un aspect important de la vie sociale des infirmières militaires. Les infirmières profitent de leur permission pour visiter l'Europe, des voyages difficilement accessibles aux infirmières civiles. Ces voyageuses jouissent d'une grande liberté d'action à cause de l'éloignement et des circonstances de la guerre qui entraînent une certaine souplesse dans l'observance des convenances s'appliquant normalement aux jeunes femmes respectables. Les sorties, les rencontres, les divertissements de toutes sortes peuvent donner l'impression que la vie au front était une vie normale pour ces jeunes infirmières célibataires, et cela, d'autant plus que le contexte de la guerre faisait que la plupart d'entre elles menaient une existence beaucoup plus libre que leurs collègues civiles. Il reste que la guerre et ses conséquences étaient tout de même une réalité qui comportait son lot quotidien de difficultés.



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