S'enrôler
Il n'est pas étonnant que le ministère de la Défense ait reçu autant de demandes d'infirmières voulant se joindre au Corps expéditionnaire canadien, et ce, malgré le danger qui caractérise le contexte de la guerre. Les raisons qui poussent les infirmières à s'enrôler dans le Corps infirmier militaire rattaché au Corps expéditionnaire canadien sont nombreuses et diverses. Les perspectives d'emploi pour les infirmières à l'époque sont encore assez restreintes et les salaires peu élevés. La possibilité d'un salaire régulier et supérieur et les conditions avantageuses associées au travail militaire le rendent attrayant. Le Corps expéditionnaire canadien offre aussi l'attrait de l'aventure, d'une vie peu ennuyante, de défis professionnels nouveaux. De plus, le contexte économique et politique de l'époque se prête bien à l'émergence de cet engouement pour la carrière militaire. La propagande en faveur de la guerre encourage les jeunes femmes, à l'instar des jeunes hommes, à prendre part à l'effort de guerre. L'idée de s'enrôler est imprégnée d'un certain romantisme, que représente notamment l'uniforme, semble-t-il, par son élégance et son allure, et en tant que symbole de courage et de patriotisme.
Pour mobiliser rapidement le convoi d'infirmières requis par le ministre de la Milice, le processus de sélection, beaucoup trop long, est considérablement écourté. La priorité est d'abord accordée aux infirmières réservistes ayant déjà reçu la formation dispensée dans les hôpitaux militaires. Les autres infirmières sont choisies parmi les centaines de candidatures reçues. Les jeunes femmes sont sélectionnées rapidement, selon les mêmes critères : bonne santé, statut civil de célibataire, formation d'infirmière. Toutefois, les étapes de l'examen et de l'entraînement de six semaines sont abandonnées. Bien que la moralité ne soit pas un des critères de sélection, une lettre de recommandation d'un chef religieux n'est pas sans donner un certain poids à un dossier; de même, une jeune femme appuyée par une personnalité politique ou bien nantie peut voir sa candidature progresser plus rapidement. Aucune expérience militaire n'est requise et l'entraînement militaire se fait d'une manière précipitée, quand le temps s'y prête, souvent sur le navire, en route vers l'Europe. Le premier contingent, composé d'une centaine d'infirmières, s'embarque pour la Grande-Bretagne dès le mois de septembre 1914. Plusieurs autres convois lui succèdent au cours des mois suivants.