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Discours présenté à la Conférence des Nations Unies sur les Changements Climatiques

NAIROBI, Kenya

15 novembre 2006

 

L'honorable Rona Ambrose
Allocution de
L'Honorable Rona Ambrose, c.p., député, Ministre de l'Environnement


(VERSION NON DÉFINITIVE)

Monsieur le Président, distingués délégués, honorables invités, Mesdames et Messieurs,

Le Canada est fier d’être ici à Nairobi en tant qu’ami, partenaire et allié dans la poursuite des efforts internationaux concernant la réduction du changement climatique.

Nous sommes réunis pour montrer au monde qu’il est nécessaire d’intervenir efficacement à l’échelle planétaire pour réduire le changement climatique, et qu’il est possible de donner de l’espoir plutôt que de susciter des craintes et d’être constructif en ce qui concerne les enjeux institutionnels, économiques et environnementaux.

Le Canada doit s’attaquer à ces enjeux en collaboration avec le monde entier. Dans le petit village nordique de Lutsel K'e, situé dans les Territoires du Nord-Ouest, au Canada, les aînés de la Première Nation des Dénés m’ont raconté qu’ils observaient des changements dans leur milieu – le changement dans le pergélisol, l’impact sur les tendances migratoires du caribou et sur le mode de vie traditionnel.

Il est accepté à l’échelle de la planète que l’Arctique est sensible aux effets du changement climatique, et les peuples du Nord – les Inuits, les Premières Nations et les Métis – auront besoin de mesures d’adaptation particulières.

Lorsque le Canada a tenu l’atelier sur l’adaptation de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques dans ma ville natale, à Edmonton, en Alberta, nous avons entendu, en direct de la part de plus de 40 pays, les mêmes témoignages dans d’autres versions. C’est lorsque nous nous sommes réunis pour raconter ces histoires au monde entier et à chacun d’entre nous que nous avons vraiment compris l’aspect planétaire du défi que nous devons relever. Et nous remercions l’Afrique qui partage son histoire particulière avec le monde entier.

ACTION EFFICACE

Nous sommes ici pour mettre en commun nos enjeux, nos réussites et nos espoirs pour l’avenir.

J’ai le plaisir de partager avec vous les enjeux, les réussites et les espoirs du Canada.

Lorsque le nouveau gouvernement du Canada est entré en fonction cette année, nous avons constaté que la situation était inacceptable. Nous avons constaté que les mesures de réduction du changement climatique adoptées par les gouvernements canadiens précédents étaient insuffisantes et inexplicables.

Des années après avoir signé et ratifié le Protocole de Kyoto, le Canada n’a toujours pas mis en œuvre un plan national de réduction du changement climatique. Il en résulte que le Canada dépasse de 35 % sa cible de Kyoto.

Nous avons reconnu que le temps était venu de relever les défis auxquels nous étions confrontés comme les Canadiens l'ont toujours fait – c'est-à-dire en étant honnêtes et francs avec les Canadiens et nos partenaires internationaux au sujet des efforts déployés par le Canada par le passé et en étant réalistes face aux progrès que nous pouvions réaliser d'ici 2012.

Comme c'est le cas lorsqu'on est confronté à la vérité, notre aveu n'a pas été accueilli favorablement. Mais c'était tout de même le bon choix à faire.

Nous ne nierons pas nos obligations internationales manifestes ni ne manquerons de respect à leur égard en nous contentant de belles paroles sans substance. Nous ferons face à la réalité qui témoigne de l’inaction des gouvernements précédents.

En effet, nous avons opté pour des progrès réels plutôt que pour un échéancier et pour la transparence plutôt que pour la rhétorique. Nous avons pris nos responsabilités, adopté des solutions pragmatiques et enfin commencé à mettre de l’ordre dans le dossier.

C’est ainsi que nos enjeux sont devenus des réussites.

Nous avons reconnu qu’il fallait du leadership et des mesures concrètes. Et, sous le leadership du premier ministre Stephen Harper, notre gouvernement a déposé cet automne la Loi canadienne sur la qualité de l’air; il s’agissait de la toute première législation d’un gouvernement canadien qui aborde une réglementation nationale sur le changement climatique et de la première aussi à adopter une approche coordonnée pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique.

Nous avons reconnu que les approches volontaires du précédent gouvernement n’étaient pas suffisantes et qu’il était temps pour l’industrie canadienne de devenir un élément plus important de la solution. C’est pourquoi notre gouvernement est le premier à passer des mesures volontaires aux réductions obligatoires. Nous agissons dès maintenant pour faire en sorte que l’industrie canadienne atteigne des cibles de réduction des émissions à court, moyen et long terme. Notre plan reconnaît l’importance d’un engagement à long terme de réduire les émissions. Nous allons continuer à prendre en compte les avis bien étayés de la Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie, et collaborer à réduire de jusqu’à 65 % d’ici 2050 les émissions absolues du Canada.

Mais notre plan reconnaît aussi qu’une action urgente s’impose pour réaliser enfin des progrès vers nos obligations internationales à l’horizon de 2012. Au début de l’année prochaine, le Canada aura finalement des échéanciers et des cibles à court terme pour tous les grands secteurs de l’industrie.

Conscients du rôle d’entités non réglementées, comme les municipalités, qui peuvent adopter des cibles volontaires et recevoir des crédits pour les contributions qu’elles apportent, nous collaborons avec les Canadiens pour élaborer un système de participation et de compensations afin de créer de nouvelles possibilités de crédit pour les mesures hâtives et les investissements dans les énergies renouvelables.

Seul un plan qui vise à inclure tous les segments de la société permettra d’atteindre les résultats dont le Canada a besoin pour réaliser une différence.

Notre plan reconnaît l’importance d’adopter une approche intégrée pour faire en sorte de s’attaquer à la fois au changement climatique et à la pollution atmosphérique. La santé de notre population et celle de notre environnement sont d’égale importance. Pour nous, les deux sont inséparables; c’est pourquoi notre gouvernement a décidé de s’y attaquer en même temps.

Notre plan prend en compte le contexte canadien : nos émissions de gaz à effet de serre proviennent surtout de deux secteurs, le transport et l’énergie. Notre gouvernement a investi 1,3 milliard de dollars dans le transport en commun, et est en train de trouver des façons novatrices d’offrir aux Canadiens des carburants moins polluants.

Pour la première fois, le Canada a fixé un objectif, soit un contenu de 5 % de combustible renouvelable d’ici 2010. Notre gouvernement sera le premier gouvernement du Canada à mettre en place des normes obligatoires de consommation de carburant pour les véhicules.

Conscient de l’importance de la technologie dans les solutions face au changement climatique, notre gouvernement tiendra un atelier national pour débattre et discuter de la gouvernance et de la capacité opérationnelle d’un fonds canadien pour la technologie.

Le Canada dispose d’une richesse de technologies environnementales novatrices, de recherches pratiques et de partenariats bilatéraux et multilatéraux constructifs. Et notre gouvernement veut partager ces idées et expériences avec le reste du monde, et il a le leadership nécessaire pour y parvenir.

Notre plan reconnaît que les citoyens doivent être un élément de la solution. Si les consommateurs ne prennent pas la responsabilité individuelle de leurs gestes et ne font pas des choix moins polluants et plus respectueux de l’environnement, aucune mesure gouvernementale n’aura d’effet. Pour appuyer notre nouvelle réglementation visant l’industrie, notre gouvernement a engagé cette année 2 milliards de dollars en vue de mesures supplémentaires face au changement climatique, dont des programmes destinés aux consommateurs, et des initiatives concernant l’efficacité énergétique et le transport.

Le nouveau gouvernement du Canada reconnaît l'importance des provinces et des territoires de même que les efforts qu'ils ont faits pour contrer le changement climatique. Mais nous reconnaissons aussi que le temps est venu d'amener le Canada vers des réductions nationales obligatoires pour tous les grands secteurs industriels. Nous savons que nous ne pourrons y arriver que si nous bâtissons un cadre de réglementation national.

D'aucuns utilisent le Protocole de Kyoto pour créer des divisions au sein de notre pays – mais nous n'accepterons pas qu'ils le fassent. Le Canada a une seule cible et nous partageons tous la responsabilité de travailler ensemble pour respecter nos obligations. Les Canadiens, les municipalités, les provinces et les territoires, nous devons tous travailler ensemble pour aborder cet enjeu important.

Le recours à des mécanismes de marché pour réaliser des réductions au moindre coût possible est important. La Loi canadienne sur la qualité de l’air dote notre pays du cadre nécessaire à l’établissement d’un système d’échange réellement souple et efficace. Nous sommes intéressés par ce qui se passe en Europe et au Royaume-Uni, et je suis heureuse que l’Union européenne ait accepté l’invitation du Canada à partager ses expériences et leçons apprises à l’occasion de notre atelier national sur le système d’échange qui aura lieu au début de décembre.

Nous croyons que le Canada doit viser à créer un marché qui est compatible avec d’autres marchés et qui mène à la participation des États-Unis – un pays que nous refusons de critiquer, d’isoler et d’exclure, car il fait partie de la solution. Nous continuerons à mobiliser notre voisin et à l’encourager à jouer un rôle plus important au sein du processus des Nations Unies.

Comme vous pouvez le constater, nous avons commencé à relever nos défis. Nous pouvons maintenant partager certains de nos progrès et nous regardons l’avenir avec optimisme.

C’est grâce à votre soutien continu que le Canada sera en mesure de donner espoir aux Canadiens et de prouver au monde entier que notre gouvernement est réellement sur la bonne voie et peut faire la différence dans ce dossier important.

Nous espérons que d’autres pays tireront parti des défis que relève le Canada.

Nous espérons qu’au moment d’examiner les mesures à prendre les pays envisageront d’adopter une approche intégrée, qui englobe à la fois le changement climatique et la qualité de l’air, comme l’a fait le Canada – mesures qui auront des avantages tant pour la santé que pour l’environnement.

Nous espérons trouver une approche inclusive à mesure que nous progressons. Une approche qui inclut, soutient et encourage au lieu d’exclure, d’isoler et de critiquer.

À ceux qui questionnent notre résolution de travailler ensemble à cet enjeu urgent, ne doutez point.

Le Canada reste fermement engagé dans la démarche des Nations Unies. Le Canada reste fermement engagé à Kyoto – dirigé par une obligation à collaborer et à agir qui est fondée sur des principes. Et nous cherchons à apporter une contribution importante aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique.

Je tiens à remercier la délégation canadienne pour son professionnalisme et son dévouement exceptionnels. En recherchant des dialogues constructifs avec d’autres nations, le nouveau gouvernement du Canada recherche aussi des dialogues constructifs avec les autres partis politiques canadiens.

CONCLUSION

Réunis ici, nous sommes, à titre de ministres, tenus de faire le point sur les défis à relever conformément aux articles 3.9 et 9 et dans le cadre du dialogue au titre de la Convention.

Ce faisant, nous devons nous demander quelles mesures du Protocole ont fonctionné et quelles mesures n’ont pas fonctionné jusqu’à maintenant.

Certains craignent qu’en reconnaissant des mesures comme inefficaces nous abandonnons Kyoto. Au contraire, je lance le défi à chacun d’entre nous de reconnaître que, en fait, nous abandonnerions nos obligations aux termes du Protocole si nous ne reconnaissions pas que nous devons apporter des améliorations.

Notre débat doit être constructif – centré sur de véritables discussions stratégiques et non sur le cynisme et l’opportunisme politique.

À terme, nous ne connaîtrons pas le succès si nous nions les lacunes de notre approche passée.

En fait, le succès repose sur une évaluation ouverte, honnête et constructive de notre situation actuelle ainsi que sur des efforts déterminés en vue d’identifier comment nous pouvons progresser collectivement vers une solution réellement mondiale de lutte contre le changement climatique.

Au Canada, le changement climatique fait l’objet d’un débat vigoureux – comme partout ailleurs dans le monde. Au Parlement, notre gouvernement recherche un dialogue ouvert et constructif et accueille toute invitation à la collaboration.

Nous faisons de même au sein de la communauté internationale.

Merci. Thank you.


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