Les dessins de cette exposition virtuelle ont été réalisés par les enfants de la bande indienne d'Osoyoos qui fréquentaient l'école de jour Inkameep, près d'Oliver, en Colombie-Britannique, sur la réserve de Nk'Mip. Entre 1932 et 1942, ces élèves et leur professeur Anthony Walsh ont œuvré ensemble pour créer des dessins, des peintures, des saynètes et des légendes qui firent honneur à la langue et à la culture traditionnelles de l'Okanagan. L'art devint un moyen pour les élèves, âgés de six à seize ans, de dépeindre les réalités de leur vie quotidienne et l'évolution du sentiment qu'ils avaient de leur identité, alors qu'ils se développaient au milieu du vingtième siècle en Colombie-Britannique. Leur monde était complexe, entre les traditions et les contes de l'Okanagan, des modes de vie anciens et nouveaux, une économie agricole en pleine évolution et la culture populaire nord-américaine.
La façon dont Anthony Walsh abordait l'enseignement et l'apprentissage par le biais des arts était tout à fait inhabituelle à cette époque. Comme le remarque l'anthropologue Andrea Walsh: "Ses écrits révèlent bien qu'il estimait qu'on peut arriver à la tolérance raciale et à la démocratie en produisant des œuvres d'art et en les échangeant". Pour Walsh, l'art lui donnait un moyen d'établir un lien avec ses élèves, de gagner leur confiance et de les comprendre, ceci dans le but de leur offrir un meilleur enseignement. Son propre sentiment de la dualité de leurs mondes se manifeste de diverses façons, par exemple lorsqu'il encourage ses élèves à signer leurs œuvres de leurs noms indien et chrétien. Les dessins eux-mêmes reflètent le style de l'enseignant Walsh. Ils ouvrent une voie parmi des complexités culturelles, ils s'adressent à la vie quotidienne et à l'identité par un langage visuel issu d'une culture blanche européenne de plus en plus dominante.
La majorité des dessins et des pièces ont été réalisés par les élèves entre 1936 et 1942. Leurs œuvres étaient régulièrement soumises au concours du Children's Wartime Drawing organisé par la Royal Drawing Society à Londres, en Angleterre et les élèves remportèrent chaque année des prix.
La famille royale britannique acheta un dessin fait sur une peau de daim de l'élève Francis Baptiste (Sis hu lk); des œuvres de l'école Inkameep furent également exposées à Glasgow, Dublin, Paris et Vienne. Au Canada, Emily Carr et Lawren Harris correspondirent avec Mr. Walsh à propos du travail qu'il effectuait à Inkameep auprès des enfants qui fréquentaient son école, ce que fit également Walt Disney aux États-Unis.
Au Canada, entre 1863 et 1984, des milliers d'enfants des Premières Nations furent séparés de leurs familles et de leurs communautés et envoyés dans des pensionnats tenus par le gouvernement. Ces écoles se focalisaient sur l'assimilation culturelle, supprimant de manière délibérée et totale les langues et les cultures autochtones. Nous avons peu de renseignements sur ce à quoi pouvait ressembler la vie des enfants autochtones au Canada entre les deux guerres mondiales qui ne soit pas associé à la vie dans les pensionnats. Les dessins de l'école de jour d'Inkameep racontent une histoire très différente de celles d'un très grand nombre d'écoliers autochtones au milieu du vingtième siècle. Cette exposition nous offre un précieux aperçu de la manière dont vivaient ces enfants et dont ils percevaient leur monde, et du dialogue national ininterrompu autour de l'histoire de l'évolution des idées sur l'identité et la citoyenneté canadiennes.
La fin d'une histoire et le commencement d'une autre
Anthony Walsh donna sa démission comme instituteur et directeur de l'école de jour d'Inkameep en janvier 1942 et quitta l'Okanagan pour rejoindre les Legion War Services sur l'île de Vancouver. Après son départ, ce dynamique programme d'art disparut. En 1943, le premier instituteur qui le remplaça à l'école brûla les œuvres des enfants tout en dénonçant les méthodes pédagogiques de Walsh comme arriérées et nuisant au processus de "civilisation des enfants". Au milieu des années quarante, beaucoup des anciens élèves de l'école de jour d'Inkameep avaient été envoyés dans des pensionnats à Cranbrook et à Kamloops en C-B.
Certaines œuvres des enfants furent épargnées en dépit des efforts faits pour les détruire. En 1943, Katie Lacey, membre d'un groupe local de partisans non autochtones de Walsh et du travail qu'il réalisa à Inkameep lorsqu'il occupait son poste, parvint à se procurer un petit nombre de dessins auprès de la réserve. Elle garda les dessins pendant 20 ans avant d'en faire donation au musée d'Osoyoos lorsqu'il ouvrit ses portes en 1963. Certains dessins y furent exposés pendant trente huit années. En 2001, le musée d'Osoyoos, la bande indienne d'Osoyoos et l'université de Victoria, par le biais du programme de l'Alliance de recherche université communauté (ARUC) commencèrent un projet de recherche collectif afin de documenter l'histoire remarquable de l'école de jour d'Inkameep et du travail réalisé tout le temps qu'Anthony Walsh y occupa son poste.
Aujourd'hui, les œuvres de la collection du musée d'Osoyoos et celles que possèdent les membres de la bande d'Osoyoos continuent à servir de base à un projet de recherche organisé par la communauté(ARUC), financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Dirigé par le Dr. Andrea Walsh (aucun lien de parenté avec Anthony Walsh) du département d'anthropologie de l'université de Victoria, une équipe de chercheurs qui comprend Clarence Louie, chef de la bande indienne d'Osoyoos, et Leslie Plaskett, directeur du musée d'Osoyoos, poursuit ses recherches et présente des documents et des histoires se rapportant à l'école de jour d'Inkameep.
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