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L'étrange et le burlesque. L'humour dans les photographies d'archivesOn croit généralement que Bibliothèque et Archives Canada (BAC) fait l'acquisition de photographies susceptibles de contribuer de façon importante à la consignation de l'histoire de notre pays. Il est vrai que les photos sont de précieux documents d'archives, mais le nombre de photographies rigolotes que compte le fonds de BAC peut surprendre : il semble bien que la population canadienne ait toujours eu un bon sens de l'humour. Avant même que Kodak ne lance l'appareil pour instantanés, les amateurs se divertissaient en photographiant des éléments de leur vie quotidienne. La photographie d'animaux de compagnie n'est pas un phénomène nouveau, bien qu'il soit plutôt rare de voir de nos jours des portraits de poules et de cochons. Les photographies prises dans des sphères privées, comme la famille ou les cercles sociaux, peuvent aussi révéler le sens de l'humour tant du sujet que du photographe. Il arrivait assez souvent que quelqu'un fasse un pied de nez aux normes de bonne conduite dans des photos qui ne seraient jamais rendues publiques, comme celle d'une dame bien vêtue prenant une bonne gorgée d'alcool à même la bouteille. Rétrospectivement, compte tenu de l'évolution des pratiques et des goûts de la société, de nombreuses photographies des collections d'archives sont remarquablement drôles. Par exemple, il est presque impossible pour le Canadien moderne au palais raffiné de comprendre les photos de nourriture commerciale, de couleurs vives et artificielles, qui étaient présentées dans les magazines et les livres de cuisine au cours du siècle dernier. Et si la photo de la gelée rose d'un aspic de veau vous fait rire, attendez de voir celle d'un homme en plein combat de lutte avec un ours dressé! La pratique d'associer l'ours au divertissement, qui était courante au dix-neuvième siècle, s'est fort heureusement démodée; c'est pourquoi il est très difficile pour les Canadiens d'aujourd'hui de s'identifier à cette image. Ajoutez à cela l'indifférence indéniable de l'ours à l'égard de son partenaire de « lutte » qui est manifestement malheureux, et vous obtenez une image vraiment très étrange. C'est bien connu, la technologie de la photographie permet de capter sans le vouloir des images amusantes : à cause des bouches ouvertes ou des yeux fermés, il faut parfois plusieurs prises avant que le résultat ne soit flatteur. Les archives cherchent généralement à acquérir des séries complètes de photographies (toute la bobine de pellicule d'une séance de photographie plutôt qu'une seule épreuve, par exemple), pour fournir aux chercheurs plus d'informations et les aider à comprendre le contexte de la scène initiale. Par conséquent, un grand nombre de « chutes » (photos rejetées) sont préservées dans les archives photographiques. La collection de BAC renferme des photographies prises pour le cahier de mode du Weekend Magazine intitulé « Maillots de bain 1946 », y compris des images n'ayant jamais été publiées (comme celle où le mauvais éclairage donne l'impression que la mannequin porte une grosse couche froncée). Il est rare qu'on cherche et qu'on trouve des photographies amusantes. Ce sont plutôt les chercheurs qui les découvrent par hasard en consultant les autres documents photographiques d'un fonds d'archives. Outre l'information qu'elles véhiculent, ces photos revêtent une importance particulière puisqu'elles prouvent que la vie dans le passé avait ses moments bizarres, comme aujourd'hui. |