Domaine publique
Fanny Rosenfeld est née en Russie, en 1903, et arrive au Canada alors qu'elle est encore une enfant. Elle vit à Barrie, en Ontario, jusqu'en 1922, année où sa famille déménage à Toronto. Encouragée par les membres de sa famille, Bobbie, comme on l'a surnommée, pratique avec enthousiasme le basket-ball, le hockey, la balle molle, le tennis et l'athlétisme au sein d'équipes locales. Étant donné qu'elle excelle dans tous les sports, elle atteint puis dépasse rapidement les records mondiaux en athlétisme. Le public la remarque en 1925 aux Championnats d'athlétisme féminin de l'Ontario alors qu'en une seule journée elle remporte la première place à la course de 220 verges, au 120 verges haies basses, au saut en longueur, au lancer du disque ainsi qu'au lancer du poids, et la seconde place au 100 verges et au lancer du javelot.
Bobbie est déjà une athlète reconnue en athlétisme lorsque la Fédération internationale d'athlétisme amateur décide de permettre aux femmes de participer à cinq compétitions d'athlétisme aux Jeux Olympiques d'Amsterdam de 1928. Durant les essais olympiques en vue de choisir les membres qui composeront l'équipe féminine, Bobbie établit des records canadiens au saut en hauteur avec élan, au saut en longueur sans élan ainsi qu'au lancer du disque, et court le 100 mètres en un temps à peine plus élevé que celui du record mondial, soit de quatre cinquièmes de seconde. Surnommées « The Matchless Six » par la Presse canadienne (L'incomparable équipe des six), les femmes qui forment l'équipe canadienne olympique sont devenues des héroïnes nationales après leurs performances aux Jeux de 1928.
Bobbie est sélectionnée pour participer à la compétition de la course de vitesse de 100 verges et au lancer du disque, mais lorsqu'on annonce que ces deux épreuves ont lieu la même journée, on l'inscrit seulement à la course de vitesse de 100 verges. Il a fallu reprendre le départ à quatre reprises après la disqualification de la favorite canadienne, Myrtle Cook, ainsi que d'une autre concurrente, à cause de faux départs. Quand enfin la course débute, la participante américaine Betty Robinson prend la tête du peloton et reste en tête jusqu'au milieu de la course, alors que Bobbie supprime l'écart. À la fin de la course, personne ne sait qui a gagné. Les juges qui doivent déterminer qui sera la médaillée d'or et la médaillée d'argent choisissent la concurrente américaine pour la première place, alors que deux autres juges affirment qu'elle a brisé le ruban d'arrivée avec ses bras et non avec son corps. Même si les représentants officiels du Canada protestent contre cette décision, Betty Robinson est finalement déclarée gagnante et l'on décerne la médaille d'argent à Bobbie.
Jean Thompson, l'espoir olympique canadien pour l'épreuve de la course de 800 verges, s'étant blessée à une jambe lors d'une séance d'entraînement, on décide donc de faire participer aussi Bobbie, même si elle ne s'était jamais entraînée pour cette épreuve. Durant la course, Jean Thompson prend du retard et se laisse distancer. Bobbie, qui était en dernière place, réussit à se placer derrière elle pour l'encourager, de sorte que Jean arrive en quatrième position et Bobbie, en cinquième. C'est cet altruisme et cet esprit d'équipe, caractéristiques de Bobbie Rosenfeld, qui l'ont fait aimer du public canadien. Finalement, l'équipe canadienne remporte la médaille d'or au 400 verges relais avec Bobbie comme coureuse de départ.
En 1929, Bobbie est victime d'une crise aiguë d'arthrite qui la cloue au lit pendant huit mois et l'oblige à marcher à l'aide de béquilles pendant presque un an par la suite. Une fois rétablie, elle se remet à jouer au hockey et à la balle molle et remporte de nombreux prix. Toutefois, en 1931, elle souffre à nouveau d'une crise d'arthrite qui la force cette fois à prendre sa retraite. Bien qu'elle n'ait plus été une athlète, son intelligence et sa passion du sport l'ont amenée à entamer une carrière en journalisme sportif. Elle a écrit des chroniques sportives pour le Globe and Mail de 1937 à 1957 et a dirigé le service de la promotion et de la publicité de ce quotidien jusqu'en 1966. Elle est décédée en 1969.
Fanny Bobbie Rosenfeld était une athlète accomplie qui a influencé les athlètes féminines canadiennes à divers degrés. Elle a établi de nombreux records dans différentes disciplines sportives, elle a fait preuve d'un très grand esprit sportif et elle a participé activement à promouvoir la présence et la participation des femmes dans les sports par l'entremise de ses articles. Ses exploits en tant qu'athlète ont été reconnus de son vivant, mais aussi après son décès. En effet, elle a été reçue au Temple de la renommée des sports du Canada en 1949 et, un peu plus tard cette même année, elle a été nommée l'athlète canadienne du demi-siècle. En 1991, la ville de Toronto a aménagé un parc en son honneur, le Bobbie Rosenfeld Park, et, en 1996, la Société canadienne des postes a émis un timbre commémoratif à son effigie. La Presse canadienne remet encore aujourd'hui le trophée Bobbie Rosenfeld à l'athlète canadienne de l'année.
Le Jewish Women's Archive aux États-Unis a nommé Bobbie Rosenfeld la personnalité féminine de l'an 2000 s'étant le plus illustrée. Pour avoir de plus amples renseignements sur sa vie et ses réalisations, veuillez consulter le site Web suivant : www.jwa.org/exhibits/rosenfeld/
(disponible en anglais seulement).
Lectures suggérées :
Hotchkiss, Ron. «The Matchless Six : Canadian women at the Olympics, 1928». The Beaver. - (Octobre/novembre 1993). - P. 23-42
Lund, Rolf. - «Fanny 'Bobbie' Rosenfeld». - Athletics. - (Novembre/décembre 1996). - P. 10-11. [Séries en deux parties]
Lund, Rolf. - «Fanny 'Bobbie' Rosenfeld». - Athletics. - (Janvier 1997). - P. 16-17. [Séries en deux parties]
McDonald, David. - For the record : Canada's greatest women athletes. - Toronto : Mesa Associates, c1981. - 270 p.
Rosenfeld, Fanny. - «…Girls are in sports for good». - Chatelaine. - (Juillet 1933). - P. 6-7, 29
«Rosenfeld's feats remembered». - The globe and mail. - (15 juin 1987). - P. C5
«Set Olympic mark in Amsterdam, Bobbie Rosenfeld in retirement». - The globe and mail. - (3 décembre 1966). - P. 31
«Top athlete was refreshing writer». - The globe and mail. - (15 novembre 1969). - P. 40
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