© Abby Hoffman
Abby Hoffman fait son entrée dans le monde de la compétition sportive à l'âge de neuf ans. En 1956, elle se coupe les cheveux, ce qui lui permet de se joindre à une équipe masculine de hockey sous le nom de Ab. Son équipe joue si bien qu'elle se classe aux séries éliminatoires. Toutefois, les joueurs doivent fournir un certificat de naissance. Lorsqu'on découvre qu'Ab est en réalité Abigail, la ligue est outragée. C'est la première fois qu'elle prend conscience de la place limitée qu'on accorde aux femmes qui désirent alors faire du sport.
Bien que son équipe soit heureuse de la compter parmi ses joueurs, Abby décide tout de même d'abandonner le hockey organisé après la défaite de son équipe. Par la suite, elle tente de pratiquer d'autres sports, notamment la natation, avant de se tailler enfin une place en athlétisme. L'épreuve du 800 mètres devient sa spécialité comme coureuse de demi-fond et, à partir de l'âge de 14 ans, elle participe à des compétitions d'athlétisme dont celles qui ont lieu dans le cadre des Jeux Olympiques de 1964, de 1968, de 1972 et de 1976. Les Jeux de 1976, au cours desquels elle a été choisie pour porter le drapeau au nom de l'équipe canadienne, ont constitué la dernière occasion pour Abby de participer à une course de compétition. Abby Hoffman remporte la médaille d'or deux fois à l'épreuve du 800 mètres lors des Jeux du Commonwealth de 1963 et de 1966. Également concurrente lors des Jeux mondiaux universitaires et des Jeux Maccabée, elle remporte la médaille d'or à l'épreuve du 800 mètres lors des Jeux panaméricains de 1971 ainsi qu'une médaille de bronze lors des Jeux de 1967 et de 1975 à l'épreuve du 800 mètres et du
1500 mètres.
La résistance qu'avaient exprimée les officiels du hockey et à laquelle Abby Hoffman se heurta pour la première fois se manifestera à nouveau au cours de sa carrière sportive. Déjà considérée comme une championne olympique, alors qu'elle est encore une étudiante et une athlète qui s'entraîne régulièrement, elle est renvoyée de la Hart House à l'University of Toronto parce qu'elle avait voulu courir sur la piste intérieure, la seule de la province. De tels événements ont encore encouragé son désir de faire valoir le droit des femmes à participer aux différentes disciplines sportives.
Abby Hoffman enseigne la politique à l'University of Guelph durant trois ans avant d'occuper un poste de consultante en sports au sein du gouvernement de l'Ontario. Plus tard, elle devient secrétaire de direction pour la Commission ontarienne des droits de la personne, puis superviseure des services des sports de l'Ontario. En juillet 1981, elle devient la première femme à occuper le poste de directrice générale à Sport Canada depuis sa création en 1961. Quoique personne ne mit en doute ses qualités d'athlète, les commentaires qu'elle émit en 1968 lors des Jeux Olympiques de Mexico disant que « le problème avec le sport amateur au Canada, c'est qu'il n'est pas dirigé par des professionnels » suscitèrent des questionnements chez certains quant à sa capacité de répondre aux exigences politiques liées à ce poste. C'est pourtant ce qu'elle fit, en obtenant l'appui du gouvernement en vue de financer l'entraînement des athlètes, doublant ainsi le budget de l'organisme et rendant possible la création du programme « Mieux que jamais » à l'intention des athlètes exceptionnels. Abby Hoffman a également écrit des chroniques sur la bonne forme physique pour la revue Châtelaine de 1980 à 1982, puis elle a finalement quitté son poste de directrice à Sport Canada pour occuper un emploi au Bureau pour la santé des femmes. Aujourd'hui, elle travaille toujours pour Santé Canada à titre de conseillère principale.
Le combat qu'a mené Abby Hoffman pour faire valoir le rôle des femmes dans le monde du sport trouvait un équivalent à ce qui la préoccupait, c'est-à-dire le fait que les athlètes n'étaient pas suffisamment représentés au sein des organes de décision sportifs, particulièrement lorsqu'il s'agissait de sélectionner des équipes. En 1985, elle devient l'une des deux premières femmes élues au conseil exécutif de la Fédération internationale d'athlétisme amateur et, en 1998, l'organisation lui décerne une médaille. En reconnaissance du travail qu'elle a accompli dans le domaine du sport et à titre de bénévole, elle a reçu l'Ordre du Canada en 1982.
Lectures suggérées :
Collins, Winston. - «Rebel with a cause». - Saturday night. - Vol. 96 (juillet 1981). - P. 57-58
Davidson, Jim. - «Still kicking». - Sports people. - (Mars 1985). - P. 39-40, 42
Deacon, Bruce. - «The century's best?» - Athletics. - (Décembre 1999). - P. 31-34
Ferguson, Bob. - Who's Who in Canadian sport. - Toronto : Summerhill Press, 1985. - P. 116
Gross, George. - «Hoffman election a boost to Canada's sports prestige». - The Toronto sun. - (4 août 1995). - P. 106
Hoffman, Abby. - «1923-1935 : The golden age of women's sport». - Branching out. - Vol. 7, no 1 (1980). - P. 23-25, 52
Hoffman, Abby. - «Running for gold». - Maclean's. - Vol. 88, no 2 (février 1975). - P. 30-33
Jollimore, Mary. - «Canadian breaks all-male hold on IAAF council». - The globe and mail. - (7 août 1995). - P. D2
Lund, Rolf. - «Athletics on deck». - Athletics. - (Janvier 1999). - P. 29-30
McCabe, Nora. - «What makes Abby run?» - Chatelaine. - Vol. 60, no 10 (octobre 1987). - P. 64, 204, 206-207
Morrow, Don, et al. - A concise history of sport in Canada. - Toronto : Oxford University Press, 1989. - P. 241-243, 337
Quinn, Hal. - «Accounting for the Games». - Maclean's. - Vol. 100, no 50 (14 décembre 1987). - P. 43
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