Les rebuts de montage des Variations Goldberg

par Richard Green et Gilles St-Laurent, Droit d'auteur/Source
Division de la musique

L'enregistrement numérique des Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach par Glenn Gould, en 1982, est le dernier enregistrement que Gould a sorti de son vivant. Il apporte une conclusion appropriée à la carrière d'un artiste dont l'enregistrement monophonique de la même œuvre lui avait valu une renommée internationale en 1955.

Le jeu sans faille que nous révèle ce disque cache de nombreuses heures de travail assidu de la part de Gould et de son équipe de production. Une telle œuvre ne s'enregistre pas d'un seul coup; travailler avec Gould représentait bien des heures d'enregistrement sur bande magnétique et de montage. Les séances de travail que l'enregistrement de 1982 a exigées ne font pas exception à la règle.

Gould avait autorisé le metteur en scène français Bruno Monsaingeon à réaliser une vidéo des séances d'enregistrement des Variations Goldberg en 1981 pour le troisième programme de la série télévisée Glenn Gould Plays Bach. Toutes ces vidéos font partie du Fonds Glenn-Gould de la Bibliothèque nationale du Canada. La Bibliothèque a également la chance de posséder neuf bandes vidéo de rebuts de montage des Variations Goldberg. Ce métrage brut est exceptionnel et nous permet de voir, peut-être pour la première et la seule fois, de quelle manière Gould travaillait dans un studio d'enregistrement.

Bien qu'une grande partie des passages de Glenn Gould à la radio et à la télévision semblent des conversations et des monologues spontanés, menés à bâtons rompus, ils étaient en fait préparés avec soin. Les interprétations au piano étaient, elles aussi, un montage de prises de son faites sur une période de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois. Ce que les rebuts de montage de la vidéo de la Bibliothèque nationale nous montrent, c'est un Glenn Gould en pleine création. Nous le voyons développer une certaine conception de l'œuvre, faire des observations critiques au sujet des prises de son et transformer ses idées pour en tirer une interprétation cohérente. Il est fascinant de voir Gould jouer dans un état proche de la transe, véritable médium entre l'esprit et la musique.

Les chercheurs qui souhaiteraient visionner ces bandes sont invités à s'adresser à la Division de la musique, à la Bibliothèque nationale du Canada.

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