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PortraitJadis, les portraits peints étaient réservés aux gens riches, puissants et célèbres et aux saints. Des symboles iconographiques précis étaient rattachés à ces portraits, de sorte qu'on pouvait les interpréter facilement : certaines couleurs de vêtement, comme le violet, ou la présence de fourrure ou de soie révélait sa richesse ou sa situation privilégiée; un portrait de famille indiquait la prospérité et la perpétuation d'une noble lignée; les livres et les cartes géographiques servaient à mettre en évidence le statut du sujet; la présence d'une fenêtre ouverte sur un paysage signifiait que le modèle possédait des terres et d'autres richesses. L'apparition de la photographie et, plus particulièrement, l'essor des studios commerciaux de portraits a cependant permis aux membres de la classe moyenne d'avoir accès à cette tradition, qui était auparavant hors de leur portée. Eux aussi pouvaient dorénavant immortaliser sur photos des moments mémorables de leur existence. Grâce à la photographie, la prise de portraits est devenue une pratique courante et un complément à la vie familiale. Dès ses débuts, la photographie a servi à créer des portraits. Ses origines scientifiques lui conféraient de la crédibilité, et l'on faisait l'éloge de l'authenticité et de l'exactitude des photos. Il était possible de payer un artiste pour qu'il peigne un « personnage » plutôt qu'un portrait exact (un portraitiste averti savait faire la distinction entre les deux), mais un photographe, croyait-on, ne pouvait pas fausser la réalité. Pourtant, dans un studio de photographie, une famille pouvait faire rehausser son statut social moyennant un certain prix, et plusieurs le faisaient. Au moyen de draperies de velours et de beaux meubles, on pouvait recréer un décor de salon comparable à celui de n'importe quelle résidence luxueuse. Les sujets posaient sur cette toile de fond, vêtus de leurs habits les plus élégants, et leur portrait était conservé et considéré comme un modèle de prospérité. Dans les studios, en plus d'acheter leur propre portrait, les gens pouvaient aussi acheter des photos de célébrités ou de personnages royaux, et d'autres portraits exotiques d'étrangers. Ils plaçaient ces images avec celles des membres de leur famille dans leur album, créant ainsi un curieux recueil dérivé de l'album de coupures, du livre de souvenirs et de l'arbre généalogique. Le plus ancien daguerréotype conservé à Bibliothèque et Archives Canada date de 1843. Il s'agit du portrait de mariage de Samuel Leonard Tilley (1818-1896) et de Julia Ann Hanford (décédée en 1862). Cette image est d'autant plus frappante que l'on sait aujourd'hui des choses que les sujets ne savaient pas au moment où la photo a été prise. Par exemple, on sait que Julia est décédée 19 ans après la prise du daguerréotype, et que Samuel s'est remarié. L'accumulation de ce type de renseignements sur les images offre une perspective intéressante sur l'ensemble de la collection. On peut examiner cette accumulation de renseignements dans des photos telle que la photo des membres du Canadian Women's Press Club d'Edmonton (1920) : on y voit Emily Murphy neuf ans avant qu'elle ne devienne célèbre grâce à l'affaire « Personnes ». |