
Page 24 du Codex canadiensis
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Page 26 du Codex canadiensis
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Suit une brève section sur les plantes qui a de quoi surprendre un lecteur moderne. Il faut se souvenir que l'auteur vivait avant Linné et s'en remettait à un vieux système de représentation des plantes et des animaux où il importait davantage de mettre en évidence leur utilité pour l'homme que d'en donner une vue objective. Ainsi de l'ounonnata, (mot iroquois s'appliquant à toutes les racines comestibles ou plus spécifiquement au rhizome de la sagittaire, Sagittaria latifolia, p. 23, fig. 2) l'auteur n'a représenté pour ainsi dire que les tubercules comestibles. Par ailleurs, plusieurs de ces plantes ne lui étaient pas familières. Il se peut par exemple que la « limphata » de la page 23 ait représenté un nénuphar, Nymphea odorata ou N. tuberosa. Par contre, le dessin du maïs sur la page 24 est remarquable. Cette plante était encore peu connue en Europe où elle a été introduite par l'Espagne et le Portugal. On l'a d'abord considérée comme une plante ornementale. Enfin, cette section se termine par la représentation d'une plante tout à fait extraordinaire, la grenadille, « qui produit les Instrumens de la passion de N. S. J. C. » (page 26). L'auteur croit que les plantes nous renseignent sur leur utilité, mais servent aussi à nous édifier!

Page 27 du Codex canadiensis
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L'illustration d'une licorne et d'un tigre (page 27) introduit la section sur les mammifères. L'auteur semble croire à l'existence des licornes. Des voyageurs prétendaient en avoir vu à Médine, et les Scandinaves vendaient des dents de narval comme des cornes de licornes sur le marché européen. On leur prêtait des vertus thérapeutiques extraordinaires.

Page 36 du Codex canadiensis
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La représentation des mammifères s'inspire souvent du grand ouvrage de Conrad Gesner (1516-1565), Historia animalium. Cela n'a rien de surprenant. Les dessinateurs n'ont pas encore acquis l'habitude de travailler d'après nature. Ils préfèrent s'en tenir à des modèles existant, quitte à représenter la faune canadienne à partir de modèles européens. On notera que souvent, les animaux sont représentés avec la langue sortie (voir par exemple les ours de la page 33 ou l'orignal de la page 36). Il faut se rappeler que pour l'époque, un animal utile est un animal mort. C'est aussi la raison pour laquelle les bêtes ont souvent le corps allongé et comme raidi. Il faudra un changement radical de point de vue pour voir se renouveler la représentation des animaux. Quand on commencera à se demander quelle utilité avait tel ou tel trait pour l'animal, plutôt que pour l'homme, on abandonnera l'ancien anthropocentrisme.