|
|
Histoire de la chambre forte des cartes : les messages cachés des cartes
Pouvez-vous trouver les mensonges?
Réponses
Figure 7.
Réponse
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les cartes aidaient à
stimuler le soutien à l'effort de guerre au pays. Cette carte de
la General Motors utilisait des images de bombes et d'usines pour suggérer
l'assaut en masse des Alliés contre l'industrie allemande, y compris
les installations de la vallée de la Ruhr (voir l'encadré).
Mais la carte ne dit pas ce que les bombes représentent. Servaient-elles,
par exemple, à mesurer le nombre de raids de bombardement ou le
nombre de bombes? Peut-être représentaient-elles les attaques
planifiées plutôt que les attaques réelles. Ce qui
est encore plus important, c'est qu'il n'y a pas de renseignements comparatifs
sur les bombardements allemands en Angleterre et en France. Sans cette
comparaison, on ne sait pas si l'offensive des Alliés contre l'Allemagne
était supérieure ou inférieure à l'offensive
de l'Allemagne contre les Alliés.
Figure 8.
Réponse
Cette carte a été produite sur deux échelles différentes
sans que rien ne l'indique ni ne montre où elles se rencontrent.
La moitié est de la carte montre le Parc national de Jasper (siège
du Jasper Park Lodge appartenant au chemin de fer) et la moitié
nord du Parc national de Banff jusqu'au lac Bow, au sud, à quelques
milles à l'ouest de Calgary. La moitié ouest de la carte,
par contre, montre toute la côte de la Colombie-Britannique, de
Prince Rupert au nord jusqu'à Vancouver et à la frontière
américaine au sud. Autrement dit, le cartographe a éliminé
tout le coin sud-est de la Colombie-Britannique et le sud-ouest de l'Alberta
et les a remplacés par une carte agrandie de la partie centrale
des montagnes Rocheuses. En procédant ainsi, le cartographe a éliminé
complètement son principal concurrent, le chemin de fer Canadien
Pacifique et son hôtel du lac Louise. La carte laisse entendre que
la seule façon de visiter les montagnes et la côte de la
Colombie-Britannique consiste à monter à bord de l'un des
trains ou des bateaux exploités par le Canadien National.
La carte du Canadien National présentant la tournée triangulaire
de la Colombie-Britannique est un bon exemple du fait que nous acceptons
les images cartographiques comme des représentations fidèles
de la réalité. Il y a plusieurs années, la carte
a été utilisée lors d'une grande exposition à
Ottawa. La confiance dans l'exactitude des cartes était tellement
grande que ni le conservateur, ni les quelque 20 000 visiteurs de l'exposition
ont remarqué comment la carte éliminait astucieusement la
concurrence et attirait l'attention sur le Canadien National comme seul
moyen à la disposition des touristes pour voir les paysages de
la Colombie-Britannique. Si le subterfuge a échappé à
l'attention des Canadiens, il est encore plus facile de tromper des visiteurs
étrangers ayant des connaissances très limitées de
notre géographie.
Figure 9.
Réponse
Les symboles sont les principaux moyens par lesquels les caractéristiques
de la surface de la terre sont représentées sur une carte.
Au cours des années, les cartographes ont créé divers
symboles normalisés -- les cours d'eau sont généralement
en bleu et les forêts en vert, par exemple. Les cartes de l'Empire
britannique montrent traditionnellement les États membres en « rouge
britannique ». Mais aujourd'hui, le rouge a aussi de fortes
associations avec le communisme et l'agression. Par conséquent,
si un cartographe veut créer une impression négative au
sujet de certains pays ou suggérer que des régions puissent
être hostiles, il utilise souvent un rouge vif. Au point culminant
de la guerre froide, le Jewish National Fund of Canada s'est servi de
cette technique pour montrer les pays hostiles envers le « petit
État » d'Israël. Il a coloré tous les « grands
États » arabes entourant Israël en rouge vif. Pour
appuyer le message, il a placé un poing fermé dans chaque
État, ainsi que des chiffres indiquant les effectifs militaires,
la quantité de matériel de guerre disponible, la superficie
du pays et les immenses réserves de pétrole disponibles.
La carte demande aux lecteurs comment un petit pays comme Israël
pourrait être l'agresseur quand il est entouré de pays beaucoup
plus grands. Les faits géographiques sont probablement exacts,
mais le cartographe a oublié, comme par hasard, de mentionner l'accès
d'Israël à d'énormes réserves financières
et à la technologie militaire de pointe par ses alliances avec
les nations occidentales.
Figure 10.
Réponse
George R. Parkin venait d'écrire deux livres faisant la promotion
de l'impérialisme britannique quand il a demandé à
l'éditeur écossais John R. Bartholomew de produire une carte
murale spéciale susceptible d'être affichée dans les
écoles et les bibliothèques municipales; il voulait cette
carte pour illustrer son enthousiasme à l'égard d'un Empire
britannique unifié et pour répondre aux sceptiques affirmant
que l'Empire était trop éparpillé pour que les Britanniques
s'en soucient. Au dire de Parkin et de ses associés, les progrès
technologiques du XIXe siècle dans le domaine des transports et
des communications avaient transformé l'Empire en une seule entité
géographique reliée par les grandes lignes maritimes et
les câbles télégraphiques sous-marins. Pour Parkin,
enseignant au niveau secondaire dans une petite ville du Nouveau-Brunswick,
le Canada était appelé à jouer un rôle crucial
dans l'unification des nations du Pacifique et de l'Atlantique de l'Empire.
La carte murale spéciale de Parkin appuyait son message de plusieurs
façons. C'est une œuvre impressionnante de 1,5 m sur 2,5 m -- format idéal pour servir d'aide visuelle lors de ses conférences.
Il a utilisé le rouge vif et le rose pour représenter les
nations de l'Empire et un ton neutre pour les pays non membres. Une combinaison
de couleurs et de symboles établit une distinction également
entre les lignes transocéaniques et les postes de ravitaillement
en charbon britanniques et non britanniques. Le plus important, cependant,
c'est le recours à la projection de Mercator, qui agrandit progressivement
les pays à mesure qu'ils s'éloignent de l'Équateur
et qui exagère la taille du Canada de quelque 250 pour 100. Pour
bien souligner son message au sujet du rôle central du Canada au
sein de l'Empire, Parkin a partagé le centre de la carte entre
le Canada et la Grande-Bretagne (ils sont à égale distance
du centre de la carte). Et pour être bien certain que toute la carte
est encadrée du « rouge britannique », il
a fait apparaître l'Australie deux fois!
Figure 11.
Réponse
La carte utilise une projection de Mercator qui augmente considérablement
la taille du Canada de quelque 250 pour 100, exagérant ainsi l'influence
de la Grande-Bretagne dans le monde. Mais l'exagération de la taille
du Canada n'était pas suffisante. Les auteurs ont aussi marqué
les petites îles servant de stations navales, notamment dans les
Antilles, de gros drapeaux Union Jack, augmentant visuellement la taille
de ces îles et soulignant leur rapport avec l'Empire. Bien entendu,
les pays de l'Empire ont été colorés en « rouge
britannique » pour rendre l'association encore plus évidente.
Figure 12.
Réponse
Quand des pays revendiquent des territoires aussi réclamés
par d'autres, les gouvernements se tournent souvent vers les cartographes
pour que ceux-ci les aident à déplacer les frontières.
Il est beaucoup plus facile d'affirmer sa souveraineté en traçant
des lignes sur une feuille de papier que de prendre possession d'un territoire
appartenant à un autre pays. Publiée au début de
la guerre de Sept Ans, cette carte revendique le territoire entourant
les Grands Lacs pour l'Angleterre en colorant la région en « rouge
britannique ». La Nouvelle-France est réduite à
une bande de terre le long de la rive nord du fleuve Saint-Laurent entre
Montréal et Tadoussac. L'île d'Anticosti, l'île Saint-Jean
(l'Île-du-Prince-Édouard), l'île du Cap-Breton et la
côte nord de Terre-Neuve sont peu colorées.
Une carte est l'arme la plus puissante dans tout différend au
sujet d'un territoire. Le Canada a certes connu sa part de tels différends.
Par exemple, pendant presque toute la durée de la ruée vers
l'or du Klondike, la frontière entre le Canada et l'Alaska n'était
pas établie et était ouverte aux interprétations
(elle n'a été officiellement établie qu'en 1901).
Les Américains voulaient placer la frontière plus à
l'est que ce que réclamaient les Canadiens, lesquels voulaient
couper une grande portion du Nord-Ouest canadien actuel, et ils ont préparé
des cartes à cet effet. Un éditorialiste indigné
après avoir vu certaines de ces cartes américaines écrivait,
dans un numéro de 1897 du Toronto Saturday Night, que tous
les journaux canadiens devraient répéter sans cesse aux
Canadiens que l'on tente, par l'entremise d'une multiplicité de
cartes inexactes, de présenter les prétentions des États-Unis
devant l'opinion mondiale comme étant la position correcte tacitement
acceptée.
On peut seulement s'imaginer l'indignation de la Confédération
iroquoise si ses membres avaient eu l'occasion de voir la carte publiée
par la Society of Anti-Gallicans. Elle étend la souveraineté
britannique loin à l'intérieur de l'Amérique du Nord,
une région qui avait été sous l'influence des traiteurs
de la Nouvelle-France pendant plus d'un siècle. La revendication
britannique couvrait les territoires de la Confédération
iroquoise en vertu de la seule bonne entente entre l'Angleterre et les
nations iroquoises.
|