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Source Sir William Osler -- écrivain, philosophe médical, historien et professeur -- pourrait bien être nommé la personnalité la plus influente de l'histoire de la médecine. Il est certainement le médecin le plus célèbre du monde anglo-saxon de son époque. Source Né en 1849 dans la petite ville de Bond Head, au nord de Toronto, il est le huitième d'une famille de neuf enfants. En 1857, la famille déménage à Dundas, à l'ouest de Toronto, où elle vivra 25 ans. William souhaite suivre les traces de son père et devenir un prêtre anglican. En 1867, il s'inscrit donc en théologie au Collège Trinité de Toronto. Au cours de sa première année, il est très influencé par un de ses professeurs qui le convainc de changer d'orientation et de s'inscrire en médecine à l'Université de Toronto. Premier de sa classe, il termine ses études en médecine à l'Université McGill de Montréal en 1872. Lorsqu'il obtient son diplôme, un de ses frères lui fait un cadeau qui lui permet de voyager en Europe, le centre du monde médical de l'époque. William poursuit des études supérieures à Londres, puis à Berlin et à Vienne. Un professeur douéSource William Osler revient au Canada en 1874 et commence à donner des cours magistraux en médecine et en pathologie à l'Université McGill. Il est très populaire auprès de ses étudiants. Doté d'une personnalité charismatique et d'un intérêt poussé pour les jeunes adultes, il obtient rapidement une réputation de brillant professeur ainsi que de clinicien avisé. En reconnaissance de ses services à la communauté médicale, il est nommé Fellow of the British Royal College of Physicians (membre du collège des médecins royal britannique) en 1883, un des deux seuls Canadiens à avoir cet honneur à l'époque. En 1884, William accepte un poste de professeur en médecine clinique à l'Université de Pennsylvanie; la plus grande et la plus importante école de médecine aux États-Unis. Là aussi, il est aimé de ses étudiants et continue son travail en pathologie. Cinq ans plus tard, lors de l'ouverture de la nouvelle université Johns-Hopkins à Baltimore (Maryland), William Osler est choisi pour le poste de chef du service de médecine de la nouvelle école de médecine. La médecine au chevetSource Source Ses années passées à Johns-Hopkins sont déterminantes. C'est à ce moment-là qu'il commence à enseigner à ses étudiants la médecine au chevet des patients plutôt que simplement à travers des manuels. La méthode est déjà utilisée en Europe, mais il s'agit d'une idée révolutionnaire en Amérique du Nord. Il disait : « Sortez-les des salles de cours, sortez-les des amphithéâtres, envoyez-les dans les cliniques externes, envoyez-les dans les services. » [traduction libre] Alors qu'il est à Johns-Hopkins, à Baltimore, William Osler révolutionne le programme médical des écoles canadiennes et américaines et participe à la mise en place d'un système de formation et d'études supérieures qui devient, et demeure, la norme en Occident. Un manuel médical essentielSource C'est aussi au cours de cette même période que William écrit certains de ses documents et de ses thèses cliniques les plus importants. Entre autres, The Principles and Practice of Medicine: Designed for the Use of Practitioners and Students of Medicine (principes et pratiques de médecine), publié en 1892 et qui fait de lui l'autorité en matière de médecine moderne. Ce document est traduit en français, en allemand, en espagnol et en chinois et devient le plus important document médical des 40 années qui suivent. Lorsque William quitte Johns-Hopkins en 1905, on lui attribue un rôle clé dans la transformation de l'école médicale en l'une des plus reconnues de son époque. William Osler devient alors, au début du siècle, le médecin le plus influent du monde anglo-saxon et un des experts les plus en demande en Amérique du Nord. Le mariage et la paternitéSource William Osler est âgé de 42 ans et travaille encore à Baltimore lorsqu'il rencontre et épouse Grace Revere, l'arrière-petite-fille du patriote américain, Paul Revere. Ils ont deux enfants; le premier mort-né et le second, Edward Revere Osler, né en 1895, fait le bonheur de son père. En 1905, on offre à William Osler l'un des postes les plus prestigieux du monde anglo-saxon -- professeur regius de médecine à l'Université d'Oxford. La famille part pour l'Angleterre, espérant une vie plus tranquille, mais il n'en est rien. Leur maison à Oxford attire rapidement des centaines de visiteurs et d'étudiants qui souhaitent obtenir des conseils de ce médecin prestigieux. Source William profite de son temps à Oxford pour fonder des sociétés et des journaux, écrire des centaines d'articles et collectionner des livres pour sa gigantesque bibliothèque de livres médico-historiques. Il reçoit aussi beaucoup de doctorats honorifiques et, en 1911, est nommé chevalier pour ses contributions à la médecine. Une tragédieWilliam et sa femme, comme des milliers d'autres personnes, regardent approcher la guerre de 1914 avec crainte. Ils partagent la tristesse de nombreux parents inquiets lorsque leur fils unique, Edward, s'envole pour aller se battre en Europe avec l'Artillerie de campagne royale. En août 1917, ils reçoivent la nouvelle qu'ils craignent depuis le début de la guerre : leur fils adoré est mort de ses blessures causées par un tir d'artillerie alors qu'il était en Belgique. William ne se remettra jamais de la perte de son fils. William passe ses dernières années à travailler avec acharnement comme expert-conseil, à écrire, à enseigner et à organiser et à cataloguer sa bibliothèque qu'il nomme avec fantaisie : Bibliotheca Osleriana. En 1919, à l'âge de 70 ans, deux ans après la mort de son fils, William contracte la grippe espagnole. Il est malade pendant deux mois et succombe d'une pneumonie le 29 décembre. Sa femme, Grace, lui survit neuf ans et meurt, en 1928, à l'âge de 74 ans. Tout un héritageWilliam Osler laisse un immense héritage. Il laisse sa marque sur ses collègues et des générations d'étudiants. Il déclare un jour : « Je ne souhaite aucune autre épitaphe que l'exposé que j'ai enseigné aux étudiants en médecine dans les services, puisque c'est ce que je considère comme le plus important et le plus utile qu'on m'ait demandé. » [traduction libre]. On se souviendra aussi de lui pour l'humanisme qu'il a apporté à la médecine. Il passe à la postérité en léguant sa formidable bibliothèque à l'Université McGill où elle forme le noyau de la Bibliothèque Osler de l'histoire de la médecine, inaugurée en 1929. Les cendres de William et de sa femme reposent en paix, au centre de ces livres qu'ils aimaient tant. |