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Titre de section : Migration
Contexte irlandais

William J. Smyth
National University of Ireland, Maynooth

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Irish Emigration and Canadian Settlement: Patterns, Links, and Letters, de Cecil J. Houston et William J. Smyth (1990)

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Au XIXe siècle, les mouvements de population étaient caractérisés par des migrations massives; plus de gens se déplaçaient plus loin qu'à n'importe quelle autre moment de l'histoire. On a estimé qu'au moins 44 millions de personnes ont quitté l'Europe pour des destinations outre-mer entre 1821 et 1915, et, de ce nombre, six millions, soit une fraction disproportionnellement élevée, provenaient de l'Irlande.

Dans un tel contexte, la situation des migrants irlandais revêtait une importance aussi singulière que précoce. Près d'un million d'entre eux son arrivés en effet au Canada au cours du siècle précédant la Première Guerre mondiale, dont les trois quarts avant 1855, et presque 500 000 entre 1825 et 1845. Pendant la première moitié du XIXe siècle, leur nombre avait dépassé celui de toutes les arrivées d'Angleterre, d'Écosse et du pays de Galles combinées. Fort de cette solide base démographique, le groupe ethnique irlandais était le deuxième en importance après les personnes d'ascendance française au moment de la Confédération canadienne en 1867. La majorité des migrants irlandais, ayant mis le pied au Canada avant la grande famine, se distinguaient de l'ensemble de la diaspora de la même époque.

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Le port de Cork (1852-1869)

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On avait bien entendu enregistré la présence d'Irlandais au Canada avant le XIXe siècle, puisque des protestants de l'Ulster s'étaient déjà établis en Nouvelle-Écosse et à l'Île-du-Prince-Édouard, et que des catholiques du sud-est s'étaient installés à Terre-Neuve dès la fin du XVIIIe siècle. Ces peuplements étaient toutefois minuscules par rapport à ceux formés entre 1815 et 1845, où plus de la moitié des arrivants étaient protestants et, pour la plupart, de l'Ulster.

Vers 1830, les migrants provenaient de tous les comtés irlandais, poussés par une tendance généralisée à vouloir quitter la patrie dès que les ressources personnelles ou familiales étaient suffisantes pour financer le voyage et les dépenses liées à l'installation. Avant les années 1840, il semblerait en effet que la plupart des migrants irlandais au Canada étaient autofinancés; l'assistance monétaire était alors moins importante que celle accordée aux Américains irlandais vers la fin du XIXe siècle. L'aide directe apportée par les propriétaires fonciers ou le gouvernement n'égalait en rien celle donnée aux personnes ayant migré en Australie et en Nouvelle-Zélande après la grande famine.

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« England, Scotland and Ireland », illustration de Charles William Jefferys (1869-1951)

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De 1830 à 1840, on comptait plus de 20 000 arrivants irlandais par année au Canada, mais, de ce nombre, une proportion indéterminée se rendait directement aux États-Unis depuis leur port de débarquement. Le plus important déferlement de migrants irlandais était sans contredit celui attribuable à la grande famine de 1847, quand au-delà de 100 000 personnes, souvent malades et miséreuses, sont arrivés au pays. Quelques 5 000 d'entre eux sont morts au poste de quarantaine de Grosse-Île, et on pense qu'autant sont morts à Montréal, tandis que plusieurs centaines d'autres ont rendu l'âme à Kingston et à Toronto.

Plus tard, des modifications aux lois navales ont eu pour effet de réduire l'affluence; entre 1848 et 1854, la quantité de migrants s'était abaissée aux niveaux enregistrés avant la famine. Par la suite, la majorité des Irlandais ont opté pour les États-Unis, et le peu d'entre eux qui ont choisi le Canada provenaient du cœur de l'Ulster, comme au début du siècle. Pendant tout le XXe siècle, le Canada n'a attiré qu'une petite fraction des migrants irlandais, la plupart se rendant surtout en Grande-Bretagne et aux États-Unis.

Traduit par Bibliothèque et Archives Canada

Bibliographie

William J. Smyth est président émérite de la National University of Ireland, Maynooth, et ancien vice-chancelier de l'établissement dans son ensemble. Géographe de profession, il a publié de nombreux ouvrages sur les Irlandais au Canada en collaboration avec le professeur Cecil Houston, de l'Université de Windsor. Il s'intéresse principalement à la migration de l'Ulster en Amérique du Nord.

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