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Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada
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CHAPITRE XXI*

L'AIDE AUX UNIVERSITÉS

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NOUS avons analysé précédemment, d'une manière assez détaillée, les services que les universités canadiennes rendent non seulement aux collectivités et aux provinces où elles sont établies, mais à la nation tout entière, dans le domaine professionnel et scientifique. Bien entendu, dans le cas des universités comme des autres institutions, notre intérêt se porte d'abord sur l'avancement des arts, des lettres et des sciences. Les universités sont le centre d'élaboration de ce progrès, non seulement pour ce qui est de l'étude et de la recherche, mais aussi de la culture générale. Sans les universités, la culture, considérée comme l'épanouissement des facultés esthétiques et intellectuelles de l'homme, serait en danger.

2.    Nous avons également donné un aperçu de la crise financière que traversent aujourd'hui nos universités, qui met en péril leur existence même et qui fait sentir ses effets d'une façon particulièrement grave sur les arts, les lettres et la science pure. On peut compter, à l'heure actuelle, trente-deux institutions membres de la Conférence nationale des universités canadiennes. Elles diffèrent en importance, en ressources et aussi quant à la variété des disciplines qu'on y enseigne. La Conférence nous a soumis un mémoire très détaillé, et dix-neuf de ses membres nous ont fait tenir, de leur côté, des exposés plus succincts. La plupart de nos grandes universités tirent la majeure partie de leurs ressources de subventions accordées par les gouvernements provinciaux, si l'on excepte, bien entendu, les droits d'inscription. Cependant, on trouve encore bon nombre d'institutions ne recevant que peu d'appui des pouvoirs publics et qui sont presque exclusivement tributaires des dons, des legs et des droits d'inscription. Mais ces dons et ces legs sont souvent insuffisants, et il est douteux que leur volume s'accroisse à notre époque de lourde fiscalité. Quant aux frais de scolarité, est-il nécessaire de signaler que l'augmentation en aurait pour résultat immédiat une diminution du nombre d'étudiants, surtout dans les universités les plus modestes ? Que de jeunes gens bien doués, dont la nation a un si pressant besoin, devraient alors renoncer à la formation qui leur est nécessaire.

3.    Nos observations nous ont amenés à une autre conclusion importante, et c'est qu'une université ne sert pas seulement la région où elle est située,

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mais encore le pays tout entier, dans les domaines professionnel et scientifique. Les diplômés des universités canadiennes, suivant une tradition bien établie, sont amenés à se déplacer à l'intérieur du pays. Ils se fixent souvent, pour entreprendre leur carrière ou pour exercer leur profession, bien loin de l'université où ils reçurent leur formation supérieure ou spécialisée. Le principal de l'université McGill nous l'a signalé : les plus brillants de nos diplômés gravitent naturellement vers les grands centres urbains; en conséquence, et bien que notre vie nationale considérée comme un tout profite de cette concentration du talent, ceux qui ont soutenu de leurs deniers les universités privées ou provinciales et qui ont contribué ainsi à la formation de notre élite intellectuelle, peuvent souvent croire que leur région n'en retire que peu de profit. Qu'ils songent néanmoins avec fierté qu'ils ont aidé à la carrière brillante de quelque fils de leur région. Mais cette consolation peut leur sembler fuyante et lointaine. Nous considérons cependant qu'il est manifeste que notre vie nationale est enrichie par la valeur d'universitaires formés et souvent directement aidés grâce à des fonds d'origine locale.

4.    Le gouvernement fédéral admet tacitement ce fait. Pendant la dernière guerre et dans les années qui l'ont suivie, il a prouvé de façon pratique son intérêt envers la formation intellectuelle et professionnelle de notre jeunesse, ainsi que sa détermination à faire en sorte qu'il existât des gens de formation appropriée pour les postes où le pays les réclamait. En 1948-1949, le gouvernement fédéral a dépensé 27 millions de dollars pour l'encouragement de l'enseignement supérieur au Canada (1).

5.    Il nous semble donc légitime de prétendre que le gouvernement canadien se reconnaît un certain degré de responsabilité dans quelques-uns des problèmes que pose l'enseignement supérieur au Canada. Dans certains pays auxquels des liens étroits nous rattachent, le gouvernement central a indiqué de façon bien nette qu'il considère l'aide à l'enseignement supérieur comme une de ses fonctions importantes. Ainsi, en Grande-Bretagne, entre 1936 et 1946, le nombre des étudiants a augmenté de 50 p. 100 et, en partie à cause de la hausse générale du coût de la vie, les dépenses des universités ont, pendant cette période, doublé; mais les subventions du Trésor public aux universités anglaises qui, avant 1936, ne représentaient que 34 p. 100 du revenu global de celles-ci, atteignirent durant cette période une proportion de 52 p. 100. Ces subventions n'ont cessé de s'accroître depuis; nous avons appris avec intérêt qu'en 1951-1952, plus de 60 p. 100 des revenus universitaires en Angleterre proviendraient du Trésor public. Au cours des années, tous les gouvernements qui se sont succédés en Angleterre ont inscrit à leur programme une aide généreuse de l'État aux universités britanniques.

6.    Tournons-nous maintenant vers l'Australie. Ce pays a mis en vigueur un régime étendu de bourses d'études, que nous avons exposé tout

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au long à un autre endroit de ce Rapport. Il faut y ajouter le plan concernant les anciens combattants, instauré à la fin de la dernière guerre, qui a doté les universités de nouveaux bâtiments et de fonds suffisants pour leur permettre, non seulement de faire face à la dépense supplémentaire mais de considérer avec confiance les années à venir. Au moment même où nous allons sous presse, nous apprenons que le premier ministre d'Australie par intérim vient de faire la déclaration suivante :

« . . . le gouvernement fédéral, conscient de la nécessité de maintenir les normes élevées des universités australiennes, a offert aux premiers ministres des six États sa participation aux frais d'entretien de leurs universités ».

Le communiqué officiel ajoute :

« Une subvention financière annuelle de £803,000 a été offerte par le gouvernement fédéral, pour les années 1951, 1952 et 1953, sous réserve de certaines conditions que les États devront remplir ».

En outre, le gouvernement fédéral de l'Australie s'engage, sous réserve de certaines conditions supplémentaires, à doter les universités australiennes de sommes additionnelles se montant à £300,000 pour les années 1951, 1952 et 1953. Ces sommes ne pourront être employées que pour les dépenses courantes et ne devront pas être affectées aux frais d'immobilisations.

7.    La Conférence nationale des universités canadiennes a, à bon droit, assumé la responsabilité d'exposer les intérêts de la nation, en cette matière, auprès de notre Commission ainsi qu'auprès du gouvernement fédéral. Il y a, en réalité, trois problèmes distincts à résoudre : le lourd fardeau financier que représente la formation professionnelle spécialisée et qui retombe sur les universités; les frais généraux de tout l'enseignement universitaire; enfin, les frais que les étudiants doivent encourir pour leur éducation et qui ont une influence adverse sur la quantité et la qualité du corps étudiant. Nous avons envisagé ailleurs la question de l'aide aux étudiants; nous ne parlerons donc ici que de l'aide réclamée par les universités elles-mêmes.

8.    Les universités demandent, en premier lieu, une subvention de $150 à $200 par tête, pour tous les étudiants inscrits dans les écoles professionnelles. Il faut entendre ici par écoles professionnelles celles qui offrent des cours en médecine, art dentaire, agriculture, sylviculture, science vétérinaire, études d'infirmières, éducation physique, physiothérapie, service social, génie et science appliquée. On justifie cette demande de subventions par le coût élevé de la formation en ces domaines et à cause de la relation directe de cette formation spécialisée avec certaines fonctions de l'État. Le gouvernement fédéral a déjà pris des initiatives de cet ordre, et nous en avons décrit la portée dans notre chapitre sur les universités, à la première partie de ce Rapport. D'autre part, nous n'oublions pas que les

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écoles et facultés professionnelles accomplissent une oeuvre qui est intimement reliée aux sujets de caractère proprement culturel qui nous intéressent. Et nous pensons que l'État devrait augmenter son appui aux institutions de formation professionnelle.

9.   La Conférence nationale des universités canadiennes réclame également une subvention de $100 par an et par tête pour tous les étudiants réguliers des autres facultés. Ce point nous intéresse tout particulièrement et entre dans le cadre de nos attributions. Vouloir résoudre le problème de l'avancement des arts, des lettres et des sciences sans se préoccuper de l'apport et des besoins des universités, ce serait essayer de bâtir une arche sans clef de voûte. Il n'est probablement pas de pays civilisé qui dépende, autant que le Canada, des universités pour sa vie culturelle. Si elles venaient à disparaître, ou même si leur activité proprement culturelle devait diminuer, il est impossible d'estimer le recul que nous subirions.

10.    Et cependant leur activité diminue vraiment et c'est là un des aspects de la crise universitaire dont nous avons traité dans la première partie de notre Rapport. La nécessité de faire des économies en rognant sur le nombre des services et en restreignant les projets de construction rend les universités de moins en moins capables de jouer leur rôle de patron et d'hôte à l'endroit des nombreux mouvements bénévoles et sans caractère officiel dont il est fait mention dans la première partie. En outre, l'accent sur la spécialisation et le culte de « l'expert », qui sont des phénomènes de plus en plus accusés, ont abouti à la négligence et au gauchissement de l'enseignement des arts libéraux dont nous avons rappelé, ailleurs, l'importance essentielle. En dernier lieu, il faut considérer un facteur qui est à la fois le [sic] cause et l'effet de cette tendance, à savoir le manque de prestige et le salaire dérisoire qui sont le lot du professeur d'humanités. Cette situation ne tient pas uniquement à des raisons économiques, nous le savons; il n'en reste pas moins que la nation doit aider les universités à remplir leur rôle originel et toujours essentiel, qui est de dispenser une éducation libérale.

11.    L'aide fédérale aux universités pourrait prendre diverses formes. Nous allons recommander l'octroi de cette aide, mais nous ne pouvons que suggérer des avis quant à ses modalités. Si l'on accordait des subventions d'après la population de chaque province, elles pourraient être distribuées parmi les institutions de ces provinces au prorata du nombre de leurs étudiants. Si, par exemple, les subventions étaient de 50c. par tête d'habitant et si l'on se fondait sur le recensement de 1949, le Manitoba recevrait alors $389,000 à répartir parmi les universités et collèges d'enseignement universitaire de la province, conformément au nombre d'élèves inscrits.

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En conséquence nous recommandons :

a) Que, en plus de l'aide qu'il donne actuellement à la recherche et à d'autre [sic] fins, le gouvernement fédéral apporte annuellement des contributions financières à l'oeuvre des universités au prorata de la population de chacune des provinces du Canada.
 
b) Que ces contributions soient accordées après consultation avec le gouvernement et les universités de chacune des provinces et quelles soient distribuées à chaque université au prorata du nombre des étudiants inscrits.
 
c)  Que ces contributions soient de telle nature qu'elles permettent aux universités du Canada de poursuivre leur oeuvre conformément aux besoins de la nation.
 
d) Que toutes les institutions qui sont membres de la Conférence nationale des universités canadiennes aient droit aux subventions fédérales sus-mentionnées.

[page 412 blanche]

*Extrait de : Canada. Commission royale d'enquête sur l'avancement des arts, lettres et sciences au Canada. Rapport. Ottawa : Imprimeur du roi, 1951. Reproduit avec la permission du Bureau du Conseil privé.

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