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numéro 12

Images de la nation : le Programme d'immigration et l'utilisation des diapositives

par Ellen Scheinberg et Melissa K. Rombout

 

Les Archives nationales du Canada conservent plusieurs collections remarquables de diapositives sur verre de projection qui illustrent des vues panoramiques détaillées de différentes régions du Canada au début du siècle 1. La fragile plaque de verre peinte à la main, qui se niche très bien au creux de la main, a été à la base d'une forme de distraction populaire connue sous le nom de « séance de projection de diapositives sur verre » en vogue au dix-neuvième siècle. Au Canada, au début des années 1890, le ministère de l'Agriculture a été le premier organisme gouvernemental à utiliser ces diapositives pour servir les intérêts du gouvernement, d'abord pour promouvoir les produits canadiens à l'étranger et ensuite pour encourager l'émigration au Canada.Peu après, le ministère de l'Intérieur, sous la direction de sir Clifford Sifton, a utilisé le même support et d'autres outils publicitaires, pour inciter les gens à émigrer dans l'Ouest canadien.

De 1896 à 1905, année où il a quitté le ministère de l'Intérieur, Sifton a élargi les programmes de publicité et d'immigration au ministère pour appuyer l'objectif qu'il s'était fixé, celui de peupler rapidement les prairies canadiennes en y envoyant des agriculteurs et des travailleurs agricoles européens. Pour Sifton, l'immigrant idéal était « un paysan vigoureux vêtu de peaux de mouton, depuis toujours en contact étroit avec la terre, précédé par dix générations d'agriculteurs, marié à une femme solide et père d'une demi-douzaine d'enfants »2. Dans le but d'attirer ces agriculteurs énergiques, Sifton a mis sur pied une nouvelle section ayant pour tâche d'encourager l'immigration au Canada. L'élaboration de la politique en matière d'immigration et son administration se faisaient à Ottawa, mais les activités de recrutement étaient réalisées « sur le terrain » par des agents en poste dans les bureaux du Canada à l'étranger. Le Canada avait des bureaux en Europe, notamment en Angleterre, en Irlande, en Écosse, en France et en Belgique. II en avait également aux États-Unis mais la campagne publicitaire était principalement axée sur la Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure, sur l'Irlande et l'Écosse.


C-063440

Des affiches comme celle-ci servaient à annoncer des conférences avec projection de diapositives sur verre
(C-063440)

On a confié aux agents d'immigration la tâche de réaliser la mission du Ministère à l'étranger. lls avaient pour rôle d'encourager l'immigration et d'inciter les gens à choisir le Canada pour s'y établir 3. Les agents passaient leur temps à installer des panneaux et des affiches dans les grandes villes et ils parcouraient la campagne pour distribuer de la documentation, donner des conférences et faire valoir les avantages de la vie au Canada. Pendant les années où l'immigration a été très forte, soit de la fin du dix-neuvième siècle à la fin des années 1920, les agents canadiens à l'étranger ont inondé les auditoires européens et américains de matériel publicitaire, d'affiches, de brochures et de tracts qui faisaient état des concessions de terre accordées gratuitement aux agriculteurs ayant l'intention de s'établir dans l'Ouest canadien.En fait, un agent a affirmé que « les agents sont comme des missionnaires du Canada, ils font de la propagande jusque dans le plus petit village et dans le hameau le plus éloigné »4.

Le zèle des agents à l'étranger a grandement contribué à la campagne de peuplement de l'Ouest canadien mais ce sont les méthodes publicitaires sophistiquées du Programme d'immigration qui ont permis de frapper l'imagination des auditoires européens et américains. Le Ministère a mis au point et a utilisé des techniques de communication qui étaient les instruments publicitaires les plus avancés de l'époque.L'historien Harold Troper a illustré ce point en disant que le gouvernement canadien « a soudé l'essence de la politique d'immigration aux techniques modernes de promotion d'entreprise, de gestion et de savoir-faire publicitaire -- chacune étant marquée par un sens aigu de la réalité politique »5. Sifton lui-même considérait que les agents d'immigration à l'étranger accomplissaient une tâche similaire à celle d'agents publicitaires ou de vendeurs, étant d'avis que, dans le domaine de l'immigration, « le travail devait se faire comme s'il s'agissait de vendre un bien, quel qu'il soit ; dès que la publicité et l'œuvre missionnaire cessent, le mouvement s'arrête »6.

Pendant que les agents d'immigration s'acquittaient du mandat que le gouvernement fédéral leur avait confié, il y avait également des agents provinciaux et des agents engagés par des compagnies de chemin de fer, par exemple le Canadien Pacifique et le Canadien National, et des compagnies maritimes canadiennes appartenant à des intérêts privés qui s'employaient à faire leur propre publicité pour attirer des immigrants au Canada. Pour leur part, les agents du gouvernement canadien et les agents des entreprises de transport travaillaient souvent de pair avec les agents des réservations qui étaient responsables de la vente de billets pour le transport par bateau et par chemin de fer. Dans d'autres pays, par exemple l'Australie et les États-Unis, on faisait aussi activement de la publicité pour attirer les immigrants. Par conséquent, la concurrence était très forte entre les différents pays qui s'annonçaient à l'étranger, tout comme chez les diverses compagnies de transport canadiennes qui étaient toutes désireuses de recruter le plus grand nombre d'immigrants possible.


PA-173009

Embarcadère [avec immigrants en attente de départ], Liverpool, Angleterre, s.d. (photo attribuée à John Woodruff, PA-173099).

La politique en matière d'immigration de Sifton était favorable à tout immigrant européen ou américain désireux de travailler la terre. Cependant, après 1905, le successeur de Sifton, Frank Oliver, mit en place une politique plus restrictive sur les plans racial et culturel qui favorisait les immigrants anglo-saxons, lesquels étaient jugés les plus aptes à s'assimiler. Par conséquent, la majeure partie des activités de recrutement se faisait alors dans les campagnes anglaises, écossaises et irlandaises dans le but d'attirer des agriculteurs et des travailleurs agricoles qui répondaient à la nouvelle norme plus restrictive en faveur des immigrants « désirables »7. Dans son rapport au Ministère, W.G. Stuart, agent pour l'Écosse, a illustré les avantages de la centralisation des efforts et des conférences en milieu rural, affirmant qu'il évitait de donner des conférences dans les grosses villes en raison des frais entraînés par l'organisation de ces réunions et à cause de la difficulté d'y attirer l'auditoire recherché.Il ajoutait que les « paroisses rurales constituaient le meilleur terrain pour obtenir les résultats voulus et que, à d'autres égards, les ruraux étaient des immigrants plus désirables »8. La projection de photos, qui semblaient tout à fait neutres aux yeux des spectateurs, était un moyen idéal pour faire part des initiatives fédérales au grand public. Les images étaient projetées sur le mur de la salle communautaire ou du sous-sol de l'église et l'auditoire réagissait alors à de l'information qui était littéralement diffusée sous forme de rayons lumineux. Les appels déclarés et implicites aux immigrants éventuels avaient par le fait même un caractère éphémère et quelque peu mystérieux. À l'apogée des conférences illustrées par des diapositives, à la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième, il n'était pas rare que les séances de projection attirent des foules de 800 à 1 200 personnes, dont bon nombre parcouraient des kilomètres pour y assister9. Les conférences étaient présentées d'octobre à mars, après les récoltes, pendant la période de l'année où les agriculteurs avaient davantage de temps pour assister aux spectacles. Pour beaucoup de gens, les conférences étaient non seulement l'occasion de se renseigner sur le Canada mais c'était également une forme de loisir populaire qui leur permettait de s'évader de la dure réalité de la vie rurale. Pour les agents, les conférences étaient l'occasion d'attirer de grosses foules auxquelles ils pouvaient présenter les avantages de la vie au Canada et, espéraient-ils, les convaincre d'envisager l'émigration au Canada.

Dans les petites villes, le public pouvait assister à peu de frais à des projections de films animés dans les salles de cinéma et, au tournant du siècle, les agents d'immigration ont commencé à utiliser ce support, mais beaucoup d'agents préféraient la diapositive sur verre parce que son utilisation était non seulement moins coûteuse mais surtout parce que les conférenciers pouvaient communiquer à leur auditoire leurs opinions sur le Canada.En outre, à cette époque, la projection de films animés au nitrate de cellulose devait se faire dans une salle spéciale disposant d'appareils à l'épreuve du feu en plus de nécessiter un permis spécial, qui était du reste souvent difficile à obtenir. Dans une lettre à W.D. Scott, surintendant de l'immigration, J. Obed Smith, surintendant adjoint de l'immigration, a décrit un autre avantage des projections de diapositives sur verre. Selon lui, les projections de films « attiraient depuis la rue une classe de personnes que nous ne cherchons pas à atteindre », alors que « l'auditoire attiré par une simple conférence sur le Canada, illustrée par des diapositives sur verre, vient pour se renseigner sérieusement sur notre pays, pas seulement pour économiser un sou, soit le tarif parfois exigé pour certaines autres projections cnématographiques »10.

Notes :

1. Les Archives nationales possèdent certaines des images présentées par le Programme d'immigration avant la Première Guerre mondiale sous forme d'épreuves photographiques. Les premières diapositives ont fort probablement été détruites par le ministère de l'lntérieur. La pratique de l'époque voulait que la mise à jour des diapositives se fasse de façon régulière. Ainsi, les diapositives qui n'étaient plus utilisées étaient tout simplement détruites. Les diapositives produites par et pour le ministère de l'lntérieur après la guerre sont conservées dans plusieurs collections à l'Archives nationales du Canada

2. Les papiers de Sifton, vol. 255, p. 16.

3. H. Gordon Skilling, Canadian Representation Abroad : From Agency to Embassy, Toronto : Ryerson Press, 1945, p. 2.

4. Ministère de l'Immigration et de la Colonisation, Rapport annuel, 1922, p. 25.

5. Harold Troper, Only Farmers Need Apply : Official Canadian Government Encouragement of Immigration to the United States, 1896-1911, Toronto : Griffin Press Limited, 1972, p. 7.

6. Valerie Knowles, Strangers at our Gates : Canadian Immigration and Immigration Policy, 1540-1990, Toronto : Dundum Press, 1992, p. 61.

7. Tandis que Sifton était impatient d'accueillir tout « paysan vigoureux vêtu de peau de mouton », Frank Oliver accordait la préférence aux Anglo-saxons, même si ces derniers n'étaient pas aussi intéressés à s'établir en milieu rural que les agriculteurs d'Europe de l'Est.Voir Donald Avery, Reluctant Host : Canada's Response to Immigrant Workers 1896-1994, Toronto : McClelland & Stewart, 1995, p. 77.

8. Rapport de W.G. Stuart, agent spécial dans le nord de l'Écosse, ministère de l'lntérieur, Rapport annuel, 1886, p. 37.

9. RG 76, vol.49, dossier no 1945, partie 1, lettre de H. Hickman à J.G. Colmer, Esq., le 22 mars 1892.

10. RG 76, vol. 49, dossier no 1945, partie 3, lettre de J. Obed Smith, surintendant adjoint, Immigration, 11 W.D. Scott, surintendant, Immigration, le 22 avril 1914.

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