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Le Centre culturel canadien à Paris (1970-1995)
par Geneviève Postolec, Division des archives gouvernementales et disposition des
documents
Le 7 novembre 1965, le Canada et la France signaient un premier accord culturel
prévoyant l’élaboration d’échanges entre les deux pays dans le domaine de la culture,
de la science, de la technique et des arts et encourageant l’établissement de rapports
étroits entre des organismes canadiens et français tels que des instituts et des centres
culturels. Le Centre culturel canadien à Paris fut officiellement inauguré le 2 avril
19701, à la suite de l’achat (1967) et de la rénovation d’un immeuble parisien datant du
Second empire. Le mandat du Centre consiste en la promotion, en France, de la
culture canadienne sous ses divers aspects. La rénovation du Centre culturel canadien
en 1995-1996 donna lieu au classement et au transfert des archives2 du Centre aux
Archives nationales du Canada et à leur intégration3 dans le fonds du ministère des
Affaires étrangères et du Commerce international4. Les documents du Centre culturel,
qui datent des années 1970 à 1995, illustrent les vingt-cinq premières années de cet
organisme et témoignent de la présence culturelle canadienne en France.
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Le Centre culturel canadien à Paris ne fait pas partie des institutions de la
francophonie5, mais il n’en demeure pas moins que par son mandat et sa situation
géographique, il joue un rôle actif dans la promotion de la culture francophone
canadienne. Par ailleurs, une partie de ses fonds proviennent du programme
ministériel d’échanges culturels avec les pays de langue française. On peut toutefois
se demander : Pourquoi un Centre culturel canadien à Paris? Pour répondre à cette
question, il faut d’abord évaluer la place qu’occupe la culture dans les politiques du
ministère des Affaires étrangères, puis examiner le rôle du Centre culturel canadien à
Paris dans les relations Ottawa-Québec-Paris, et, enfin, situer le Centre culturel par
rapport à d’autres organismes provinciaux et fédéraux œuvrant dans le même domaine
à Paris.
La mission première du ministère des Affaires étrangères est de mettre à exécution la
politique extérieure du gouvernement fédéral. Cette mission comporte divers aspects :
diriger les relations entre le Canada et d’autres pays, promouvoir et protéger les
intérêts canadiens à l’étranger, rassembler les informations ou les documents relatifs
aux relations internationales du Canada et négocier des ententes et des traités avec
d’autres pays. Au début des années soixante, pour stimuler le bilinguisme, le Ministère
accentua ses relations culturelles avec des pays européens entièrement ou
partiellement d’expression française, comme la Belgique, la Suisse et la France. En
1966, on créa la direction des Affaires culturelles pour « formuler et mettre à exécution
les politiques culturelles du Canada à l’égard des pays étrangers, en conformité avec
les directives du Gouvernement et en collaboration avec les institutions et organismes
canadiens »6.
La création du Centre culturel canadien à Paris s’inscrivait directement dans cette
initiative de diffusion de la culture canadienne à l’extérieur du pays et il fut le premier
centre canadien à l’étranger7. D’autres centres suivirent, notamment à Rome, à
Bruxelles, à Londres et à New York. Le Centre à Paris sert de foyer principal de
rayonnement de la culture canadienne en France. Son mandat comporte six aspects :
assurer aux étudiants et artistes canadiens en stage à Paris un service d’accueil et
d’orientation; mettre à la disposition des chercheurs et des étudiants canadiens et
français une bibliothèque de consultation; contribuer au rayonnement de la culture
canadienne en France par des programmes d’expositions, de concerts, de récitals, de
projections de films, de conférences et de colloques; être un point de ralliement pour
les Canadiens en France et leurs amis français; servir de lieu de réunion aux
associations culturelles franco-canadiennes; regrouper sous un même toit les services
culturels et d’information de l’ambassade du Canada à Paris.
En 1980, le rapport annuel du Ministère souligne que « la façon dont le Canada est
perçu à l’étranger importe dans l’exercice de nos relations internationales. Le Ministère
encourage donc les échanges culturels et universitaires pour faire en sorte que les
milieux influents dans le monde soient renseignés sur notre pays »8. En septembre
1983, on créa la Direction de la Politique culturelle pour permettre au Ministère
d’élaborer de manière systématique les lignes de conduites en matière culturelle9. Si le
programme des relations culturelles était plutôt modeste à ses débuts, le Ministère
considère aujourd’hui qu’il s’agit d’un élément de plus en plus important de la politique
étrangère du Canada10.
Notes :
1.
Raymonde Litalien (dir.), Centre culturel canadien/Canadian Cultural Centre, 25
ans d’activités 1970-1995. Ambassade du Canada, Paris, 1997, 375 p.
2.
Sous la direction de Mme Raymonde Litalien, la sélection et le classement des
archives du Centre culturel canadien ont été effectuées par Jocelyne Martineau
et Janine Reid.
3.
Voir la notice d’acquisition 1997-1998/394.
4.
Depuis 1995, l’ancien ministère des Affaires extérieures est connu sous le nom
de ministère des Affaires étrangères et du Commerce international.
5.
Pour une liste des institutions francophones, consulter Jean-Marc Léger, La
francophonie : grand dessein, grosse ambiguïté, Montréal, Hurtubise HMH,
1987, p. 194-195
6.
Rapport annuel du ministère des Affaires extérieures 1970, p. 78
7.
Le Centre culturel canadien à Paris conserva son appellation jusqu’en 1987, où
il prit le nom de Services culturels de l’Ambassade de Paris.
8.
Revue annuelle du ministère des Affaires extérieures 1980, p. 63
9.
Rapport annuel du ministère des Affaires extérieures 1983-1984, p. 47
10.
Ibid
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