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GensLes gens La nature profonde d'un pays est façonnée par les gens qui l'habitent, l'explorent, le cartographient et le mettent en valeur. L'art fournit aux Canadiens d'aujourd'hui la chance d'observer de manière fortuite les gens qui ont bâti le Canada que nous connaissons maintenant. À leur arrivée au Nouveau Monde, les Européens sont accueillis par les Autochtones, alors répartis en plus de 90 groupes linguistiques et culturels différents. Ces premiers habitants de la partie septentrionale de l'Amérique du Nord, des Béothuks et Innus du Labrador aux Nootkas et Tsimshian de la côte nord-ouest du Pacifique, vivent dans des conditions géographiques et climatiques les plus diverses. John White, qui accompagne l'expédition de Frobisher en 1576, est le premier à représenter des Inuits (ces images sont conservées au British Museum); après lui, de nombreux artistes européens exécuteront des portraits d'Autochtones. Ces artistes tenteront également de représenter divers aspects de la vie quotidienne des Autochtones, notamment les moyens de transport, les techniques agricoles, les cérémonies et les méthodes guerrières. Plusieurs de ces images sont publiées sous forme de gravures, largement reproduites et diffusées à travers l'Europe. Les éditeurs traduisent ces reproductions dans différentes langues, ou piratent les images pour leurs propres besoins, la signification originale de l'illustration se perdant parfois dans le processus. Durant les trois premiers siècles de contact entre les Européens et les Premières nations, leurs relations sont souvent complexes. Au gré des alliances, les guerriers autochtones se battent pour ou contre les colons européens, et parfois même entre eux, dans le cadre de conflits intra-européens en sol nord-américain. C'est grâce à ses alliés autochtones que le général Brock remporte ses premiers succès contre les Américains lors de la guerre de 1812. Des événements tels que la mort de Tecumseh à la bataille de la Thames (un important revers infligé aux Britanniques) sont aussi représentés, parfois à des fins fort éloignées de la simple commémoration. Les images racontent également l'histoire de la domination européenne sur le territoire. Grâce à des portraits d'individus, nous connaissons ceux qui ont exploré et mis en valeur le Nouveau Monde. Tout au long des XVIIIe et XIXe siècles, par exemple, le nord-ouest du Pacifique est exploré par des navigateurs provenant de divers pays : Vitus Bering, Aleksei Chirikov et Otto von Kotzebue de Russie; James Cook, James King, John Meares et George Vancouver de Grande-Bretagne; Jean-François de Galaup, comte de La Pérouse, de France, et Juan Francisco de la Bodega y Quadra, Alejandro Malaspina et Manuel Quimper en provenance d'Espagne. La collection Peter Winkworth d'œuvres canadiennes contient plusieurs de ces portraits. Celui du prince Rupert (1619-1682), réalisé en 1688, se rattache à l'histoire de l'un des plus grands empires commerciaux du pays. Le prince Rupert aida à financer les expéditions nord-américaines de Radisson et de Des Groseilliers. Les voyages de ces deux explorateurs sont à l'origine de la fondation de la Compagnie de la Baie d'Hudson en 1670; le prince Rupert en devient le premier gouverneur. La Compagnie obtient l'exclusivité des droits commerciaux sur un immense territoire, connu sous le nom de Terre de Rupert, qui entoure la baie d'Hudson et s'étend largement vers l'ouest. En 1869, les gouvernements britannique et canadien récupèrent le contrôle de ce territoire. Les portraits ne peuvent à eux seuls témoigner de l'évolution de ce pays. Les histoires entourant la guerre de Sept ans, en particulier le siège de Québec et la mort de Wolfe, ont inspiré de multiples ballades, illustrations, images, cartes et autres imprimés. Ces nombreux documents montrent à quel point l'événement a captivé l'imagination populaire des Britanniques longtemps après la mort de Wolfe en 1759. Une bonne partie des images de cette section illustre la vie quotidienne dans un pays en plein développement. Ainsi, l'aquarelle de George Heriot, représentant l'esplanade de Québec en 1810, montre des enfants s'amusant sur une balançoire à bascule, un homme éteignant un feu, un autre tenant une pelle, ainsi que divers chariots tirés par des chevaux traversant les jardins du Séminaire. Un artiste inconnu dessina en 1845 une scène du marché de Québec, où l'on venait pour socialiser autant que pour faire du commerce. Les fermiers et autres marchands vendent de la viande, des céréales, des fruits et des légumes, ainsi que des objets fabriqués à la main, tels que des paniers et des chapeaux de paille, des chandelles et du tissu. Les marchés de foin sont essentiels dans les grandes villes où les chevaux de trait et de carrosse ont besoin de fourrage. Nous voyons également un des nombreux dessins évocateurs de Montréal, réalisés par l'artiste britannique Arthur Elliot durant son séjour dans cette ville, de septembre 1881 à mars 1882. Elliot était très attentif aux détails de la vie quotidienne et savait les représenter avec beaucoup d'intelligence. S'intéressant particulièrement aux scènes d'hiver, Elliot se plaisait à reproduire en images différents types de traîneaux et d'habits d'hiver des Montréalais; il a également peint de magnifiques aquarelles représentant de joyeuses soirées de patinage et des enfants glissant en traîneau dans les rues. Plusieurs des images de Chambre forte virtuelle témoignent de la croissance d'une nation prospère. Au XIXe siècle, les terres fertiles de l'Ontario attirent un flot incessant d'immigrants. Les nombreuses voies navigables de cette région facilitent les voyages et le transport des marchandises vers l'intérieur, et fournissent l'énergie hydraulique nécessaire au développement. Au fur et à mesure que la population augmente, les réseaux de commerce et de transport en font de même, entraînant à leur tour de nouveaux développements. À la fin du siècle, l'Ontario rivalise avec le Québec en matière de croissance démographique, industrielle, artistique, ainsi que dans le domaine des communications. Lorsque les meilleures terres du Québec et de l'Ontario sont prises, on dirige les immigrants vers le nord-ouest du Canada. Les effets d'une telle croissance sont représentés dans un dessin illustrant un rapport sur l'immigration, publié dans un journal de 1905. On y voit une foule d'immigrants attendant sur le pont d'un bateau à vapeur, prêts à débarquer. Au premier plan, une vieille femme se repose en songeant à ce qui l'attend, un homme prépare sa valise et un autre tient un baluchon contenant ses effets. Entre 1896 et 1914, quelque trois millions d'immigrants arrivent au Canada; la plupart se dirigent vers l'Ouest canadien. Ces œuvres sont représentatives des milliers d'images que contiennent la collection Peter Winkworth et les collections permanentes de Bibliothèque et Archives Canada; elles nous offrent des clichés de l'histoire du Canada et des gens qui ont bâti ce pays. |