Ressources pédagogiques

L'écriture inspirée : activités de création littéraire

Activité 2 - Inspiration

Sans lecteurs, les documents d'archives comme les manuscrits littéraires restent inutilisés et tombent dans l'oubli. Les lecteurs insufflent une nouvelle vie à ces documents en les jumelant à leurs intérêts personnels. Le processus créateur est un mouvement organique qui nécessite des connexions de l'imaginaire avec « des messages neuronaux et électriques qui organisent la réponse globale en des schémas dynamiques » [traduction libre] (R.W. Gerard, « The Biological Basis of Imagination », dans The Creative Process: A Symposium, 1965, p. 246).

Des activités axées sur trois principes fondamentaux de la créativité, à savoir l'information, l'inspiration et l'invention, guideront les élèves dans l'exploration du site Web.

Inspiration

« L'inspiration ne tombe pas du ciel. Je crois qu'elle est plutôt le résultat d'une profonde indolence et de notre incapacité à mettre en branle certaines forces qui nous animent. Ces forces inconnues sont à l'œuvre dans notre for intérieur, avec l'aide des éléments de la vie quotidienne, ses scènes et ses passions » [traduction libre].

- Jean Cocteau, « The Process of Inspiration », dans The Creative Process: A Symposium, 1965, p. 81-82

Selon Jean Cocteau, l'inspiration s'impose à nous, que nous le voulions ou non. Le travail créateur « s'insinue en nous et, malgré nous, cherche à naître » (p. 82). Avant que l'acte conscient d'écrire puisse prendre forme, nous devons nous complaire dans l'« indolence ». L'inspiration est le stade qui précède l'acte conscient : « Écrire, conquérir l'encre et le papier, aligner des lettres et des paragraphes, les ponctuer de points et de virgules, c'est tout autre chose que de mûrir le rêve d'une pièce de théâtre ou d'un roman. » [traduction libre] (Jean Cocteau, dans The Creative Process: A Symposium, p. 82)

Déroulement

1. Demandez aux élèves de visiter la « Galerie des manuscrits » d'un écrivain ou d'une écrivaine. Une fois qu'ils auront examiné plusieurs éléments de la galerie, invitez-les à inscrire dans leur journal, leur blogue ou leur carnet de route les idées qui leur viennent à l'esprit. Dites-leur d'utiliser leur imagination pour faire des associations entre ces idées et leur vie quotidienne. Ils ne doivent pas laisser la réalité s'immiscer dans leurs rêves.
   
   
2. Invitez les élèves à refaire l'exercice en changeant d'auteur(e). Comme l'inspiration est souvent stimulée au contact de l'autre (la découverte de l'insuline et celle de l'ADN sont issues de travaux conjoints), faites en sorte que les élèves se groupent deux par deux pour explorer la galerie des manuscrits de l'écrivain ou écrivaine. Demandez-leur d'échanger avec leur partenaire des idées glanées ici et là dans la galerie au moyen d'une stratégie comme le remue-méninges ou la conversation exploratoire. Individuellement, les élèves choisiront ensuite une façon de donner forme à certaines des idées recueillies en compagnie de leur partenaire. Suggérez aux élèves diverses formes de textes qu'ils pourraient utiliser pour exprimer leurs idées. Par exemple, un élève pourra écrire une nouvelle, un autre, créer un poème.
   
   
3. Demandez aux élèves de répondre aux questions suivantes :
   1. Quels sont les manuscrits qui ressemblent le plus à votre texte en cours de rédaction? Expliquez.
   2. Quelles sont les similarités entre votre processus d'écriture et celui d'un écrivain ou d'une écrivaine figurant sur le site Web Écrivains et écrivaines du Canada?
   3. Si vous deviez faire une recherche sur les travaux d'un de ces écrivains, lequel ou laquelle choisiriez-vous? Expliquez.

Exercice facultatif : sources d'inspiration

Les extraits suivants sont tirés d'œuvres écrites par des écrivains présentés sur le site Web Écrivains et écrivaines du Canada. En lisant attentivement ces extraits, les élèves devraient être en mesure de déceler une source d'inspiration de l'auteur dans la galerie des manuscrits. Les idées, comme les rêves, revêtent de nombreux déguisements et ne se laissent pas percer facilement. Outre le contenu, le style et le ton recèleront autant d'indices pour les élèves. Par-dessus tout, les élèves apprendront à apprécier le point de vue des auteurs sur la condition humaine.

1. Édouard entra dans la chambre de la grosse femme sur le bout des pieds. Elle était assoupie ou, plutôt, elle faisait semblant de l'être, ne voulant pas que Richard et Philippe viennent la voir avant que sa toilette ne soit terminée. Édouard prit doucement le plateau où traînaient les reliefs du repas de sa belle-sœur. « Dormez-vous? » Elle tourna vers lui une tête souriante où se lisait un certain soulagement. « Ah, c'est toé. » Reprenant son accent français, Édouard murmura sur un ton de conspirateur : « Vous crrroyiez que c'était la terrrible Alllberrtine? » [sic] (Michel Tremblay, La grosse femme d'à côté est enceinte, p. 48)
   
   
2. Héloïse avait fermé les yeux. Elle priait, un peu à l'écart, loin de ses frères et des jeunes enfants. Les Ave mélancoliques coulaient de ses lèvres comme des plaintes. Seules y répondaient quelques jeunes filles toujours vaillantes -- celles que Jean Le Maigre appelait les Grandes A : Aurélia, Anita, Anna… Les voix d'hommes s'étaient tues, et Grand-Mère n'ouvrait plus la bouche que pour dire des « A…men, A…men » au milieu des bébés accroupis. (Marie-Claire Blais, Une saison dans la vie d'Emmanuel, p. 29)

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