Vien que peu d'ouvrages parlent d'elle et qu'elle ait semblé vivre dans l'ombre de son mari, Sophia Simms Dalton était une femme forte et fut la première femme éditrice de Toronto après la mort de son époux.
Née vers 1785, Sophia Simms était l'une des quinze enfants de William et de Mary Simms, de Birmingham. En 1805 elle épousa Thomas Dalton, un veuf lui aussi de Birmingham, père d'un garçon appelé Henry. Ils eurent deux fils et quatre filles : Thomas, Robert, Sophia, Emma, Harriett et Mary.
La famille vécut une dizaine d'années à St-John's, Terre-Neuve-et-Labrador (autrefois Terre-Neuve), où Thomas dirigeait son propre commerce. Ayant fait faillite à deux reprises en moins de dix ans, Thomas et Sophia emmenèrent en 1817 leur famille à Kingston, dans le Haut-Canada. C'est là où Thomas établit une brasserie très prospère et qu'il devint directeur de la Bank of Upper Canada, une société privée. Après de nombreuses difficultés, dont un incendie qui endommagea sérieusement la brasserie, Thomas Dalton se lança dans une nouvelle carrière, celle d'éditeur de journal. Le 12 novembre 1829 était publié le premier numéro du The Patriot and Farmer's Monitor. Quoique le journal ait été bien accueilli par les résidents de Kingston, les Dalton décidèrent en 1832 de l'amener à York (devenu plus tard Toronto). Le marché y était plus vaste et au cœur du monde de la politique, un sujet qui tenait très à coeur à Thomas. De fait, il écrivait des articles si enflammés que Sophia était réputée les éditer pour éviter à la famille les difficultés avec la loi qu'auraient pu leur valoir les vifs commentaires de son époux.
Le journal, dont le titre avait été tronqué pour devenir The Patriot, commença sa publication à York le 7 décembre 1832. Moins d'un an plus tard, il était diffusé deux fois par semaine, les mardis et les vendredis. Pro-britannique et conservateur de nature, il acquit la réputation de journal d'influence.
Lorsque Thomas Dalton mourut des suites d'un accident cérébrovasculaire massif, le 26 octobre 1840, Sophia prit la tête du journal en laissant cependant à d'autres les responsabilités de la rédaction. Sophia insista sur le maintien de la même philosophie qu'avait défendue son époux. «Dans l'intérêt de la veuve et de la famille [de Thomas Dalton], The Patriot continuera de défendre des principes strictement conservateurs, conformément à ceux qui l'ont guidé jusqu'ici...» (traduction libre) (The Patriot, le 27 octobre 1840, p. 2) et «... mais un grand objectif a orienté notre cheminement politique et continuera de le faire tout au long de notre existence : le maintien du lien britannique, de la suprématie britannique, et la présentation de notre beau pays comme une part intégrante et florissante de ce grand empire, comme le plus riche et le plus brillant comté situé dans les vastes frontières de notre grande Angleterre» (traduction libre) (The Patriot, 29 décembre 1840, p. 2).
Après avoir dirigé The Patriot pendant huit ans, Sophia vendit le journal au lieutenant-colonel Edward George O'Brien, le 9 octobre 1848.
Sophia Dalton mourut le 14 juin 1959 à l'âge de 74 ans. Dalton Road, à Toronto, a été baptisée en l'honneur de sa famille.
Sélection de publications relatives à Sophia Simms Dalton
Card, Raymond. «The Daltons and The Patriot», The Canadian Historical Review, vol. XVI, no 2 (juin 1935), p. 176-178.
Dalton, Ian R. «Dalton, Thomas». Dictionary of Canadian biography. Toronto : University of Toronto Press, c1985, vol. VII, p. 228-231.
Dalton, Ian R. «Simms, Sophia (Dalton)», Dictionary of Canadian biography. Toronto : University of Toronto Press, c1985, vol. VIII, p. 804-805.
Williams, Fred. «Toronto's first woman editor», Daily Mail and Empire (19 juin 1935), p. 6.
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