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Les documents de voyage
par Glenn Wright, Bibliothèque et Archives Canada
Jusqu'aux années 1850, la majorité des immigrants
qui s'installent en Amérique du Nord britannique sont citoyens britanniques,
et on ne leur exige donc pas de papiers. Il en va de même pour les immigrants
d'Allemagne et de Scandinavie, arrivés en grand nombre au Canada, sans
papiers personnels, dans les années 1850 et 1860. Si quelques-uns disposent
d'une lettre d'introduction pour une autorité coloniale, la plupart des
nouveaux venus débarquent, avec, pour tout avoir, leurs effets personnels
et un petit montant d'argent.
En 1828, le gouvernement britannique nomme Alexander C. Buchanan
au poste d'agent à l'immigration à Québec. Il sera le premier
à remplir cette fonction, souhaitant la bienvenue aux immigrants, comme
le fera son successeur (son neveu, qui s'appelle aussi Alexander C. Buchanan),
et leur fournissant des renseignements sur l'installation, les possibilités
d'emploi, les voyages à Montréal et au-delà. En 1832, l'épidémie de choléra force le gouvernement à vérifier la santé des immigrants, et à fournir des installations pour soigner les malades. Dans les années 1840, l'agent de Québec dispose aussi de fonds qu'il peut utiliser pour aider les nouveaux venus sans ressources.
Dès la Confédération, le gouvernement canadien examine et interroge, à leur arrivée, tous les immigrants, pour évaluer leur santé et leur chance de s'adapter au pays. Des agents postés dans les grands centres, tels Montréal, Ottawa et Toronto aident les nouveaux arrivants à trouver un emploi et un gîte. Bientôt, des associations de bienfaisance, des Églises et autres entreprises de services accueillent aux ports d'entrées ces voyageurs (en particulier à Québec) pour leur offrir leur aide et leurs conseils, et assurer leur bien-être.
Après la Confédération, le gouvernement fédéral emploie des agents dans différents pays d'Europe pour recruter d'éventuels émigrants, même si leur déplacement réel tombe sous la responsabilité des diverses compagnies maritimes qui opèrent dans l'Atlantique Nord. Avec l'avènement du chemin de fer dans les années 1860, et en particulier avec la création de la compagnie du Canadien Pacifique dans les années 1880, de nombreux immigrants reçoivent un billet (le nombre est indiqué sur la liste des passagers) qui leur permet de voyager par mer et par train depuis le port d'arrivée jusqu'à leur destination finale. La demande est forte pour les agriculteurs, les domestiques et les travailleurs non spécialisés; aussi leur offre-t-on, pour les attirer, différentes formes d'aide et d'avantages, tels des voyages à prix réduits et des terres gratuites. Mais le Canada n'exige pas des voyageurs un grand nombre de papiers avant les années 1950.
À partir des années 1860 environ, on compile sur la liste des passagers l'information concernant les personnes qui arrivent au pays, incluant le nom, l'âge, le sexe, l'occupation et la nationalité, comme la loi le requiert. Vers 1919, le gouvernement introduit un formulaire personnel
plus important, connu sous le nom de formulaire 30A qui, en plus de l'information
que contient d'ordinaire la liste des passagers, comporte de nouvelles questions
portant sur la santé, la religion, les proches parents, et le voyage. Les
agents des compagnies maritimes doivent s'assurer que tous les futurs immigrants
ont rempli le formulaire avant leur arrivée au Canada.
De 1919 à 1925, le formulaire 30A remplace la liste des passagers et constitue le principal document concernant les nouveaux immigrants, mais on lui substitue en 1925 une liste révisée et augmentée. On peut trouver l'information essentielle concernant chacun des immigrants venus au Canada dans les listes de passagers et formulaires du gouvernement créés pour recenser les nouveaux venus depuis les premières décennies du XIXe siècle.
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