Les sources américaines et l'invasion britannique
La Province du Canada a décidé de créer une commission géologique après avoir constaté le succès de deux types différents de levés géologiques effectués aux États-Unis et en Grande-Bretagne.
« Geological Map of Canada », de William Logan, carte publiée en 1864
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Aux États-Unis, la plupart des États avaient fait leurs propres explorations géologiques dans les années 1820 et 1830, en quête de ressources minérales et de terres propices à l'agriculture. Les résultats de ces explorations avaient suscité un grand intérêt sur le plan international. Dans les années 1830, le gouvernement de la Grande-Bretagne a mené sa propre exploration nationale, quelque peu différente. Des cartes détaillées du pays existaient déjà, mais on a envoyé des scientifiques en exploration afin de pouvoir y ajouter des données géologiques qui indiqueraient où étaient situés divers types de roches.
Même s'ils utilisaient des techniques différentes pour explorer le terrain, la Grande-Bretagne et les États-Unis ont démontré qu'ils possédaient tous deux de riches ressources minérales. Les Canadiens souhaitaient que leur exploration puisse révéler la présence de ressources comparables. Inspirée par la réussite des explorations américaines, la Commission géologique du Canada (CGC) s'est fixé comme objectif premier de découvrir les richesses minérales de la colonie et de les faire connaître. Également inspirés par la réussite des explorations britanniques, les membres de la CGC ont aussi cartographié le terrain et ses formations géologiques. Dans la Province du Canada (aujourd'hui les provinces de l'Ontario et du Québec), plusieurs régions de la colonie n'avaient jamais été cartographiées. Il n'existait qu'un petit nombre de cartes, souvent ni très détaillées ni très fiables. La plupart des premiers géologues canadiens dessinaient leurs propres cartes au fur et à mesure qu'ils exploraient les diverses régions pour en découvrir les richesses.
Du charbon!
La CGC
a été mise sur pied pour tenter de trouver du charbon. On comprend vite
pourquoi : à l'époque, le charbon était une source de combustible
très importante. On en avait besoin pour faire fonctionner les navires à
vapeur et les chemins de fer, les deux principaux moyens de transport. On avait
découvert du charbon en Nouvelle-Écosse, mais il y avait un problème
: la Nouvelle-Écosse ne faisait pas encore partie du Canada. Dans les années
1840, la Province du Canada se composait du Canada-Ouest (maintenant l'Ontario)
et du Canada-Est (maintenant le Québec). Des membres du gouvernement avaient
demandé à plusieurs reprises, dans les années 1830, qu'on entreprenne
une exploration géologique pour trouver du charbon, mais ce n'est qu'en 1841
que leur demande a été approuvée.
Source
Le navire à vapeur Royal William, 1838
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Lorsqu'elle a été mise sur pied, la CGC a reçu le mandat d'explorer et de cartographier le pays, tout en poursuivant sa recherche de charbon et d'autres ressources minérales intéressantes. William Logan était donc à la recherche non seulement de minéraux populaires comme l'or et le charbon, mais aussi d'autres minéraux qui auraient pu être utiles dans la construction de routes et de bâtiments, et dans l'industrie. Le projet était censé ne durer que quelques années, mais on s'est vite rendu compte de son utilité. Le travail de la CGC s'est révélé tellement important pour le pays que la Commission existe encore de nos jours, 160 ans après sa création!
« Le Canada a voté une somme de 1500 livres pour commencer un levé géologique de la province. La tâche sera ardue. Le printemps et l'été, les maringouins et les mouches noires sont féroces dans le bois, et c'est bel et bien dans le bois que le géologue provincial devra passer le plus clair de son temps, puisqu'il n'y a qu'une petite partie du pays de défrichée. En plus de noter les caractéristiques géologiques du pays, il devra aussi dessiner une carte indiquant les rivières et les montagnes. Il n'en existe aucune qui soit correcte. » [traduction libre]
(William Logan, 19 octobre 1841)