Les imposteurs de la poste
Les philatélistes sont des collectionneurs de timbres. Les plus sérieux sont prêts à payer une fortune pour ajouter un timbre rare à leur collection. Et bien sûr, dès que quelqu'un est prêt à payer cher pour quelque chose, il y a des gens malhonnêtes pour en profiter et tenter de les escroquer, même s'ils risquent la prison s'ils se font prendre!
Le premier timbre-poste a été émis en 1840 en Grande-Bretagne (en 1851 au Canada). Vingt ans plus tard, le premier faux timbre est apparu sur le marché; un timbre créé pour tromper les philatélistes et leur faire croire qu'il s'agissait d'un vrai. Certains de ces faux timbres sont faciles à détecter tandis que d'autres sont dangereusement bien faits.
Ci-dessous, tu trouveras deux exemples de faux timbres que Bibliothèque et Archives Canada a dans sa collection :
Voici deux timbres de l'Île-du-Prince-Édouard, l'un original et l'autre faux. Pas besoin d'être expert pour deviner lequel est l'original et lequel est le faux!
Le timbre original est gravé. L'image de la reine Victoria est donc beaucoup plus précise. Le faux est une mauvaise version lithographique; l'image de la reine est plus floue.
Le plus drôle dans cette affaire c'est que, dans ce cas-ci, le faux timbre est plus précieux que l'original! Voici pourquoi… Lorsque l'Île-du-Prince-Édouard est devenue une province canadienne en 1873, le gouvernement a vendu les timbres qui lui restaient à un prix très bas. Plus de 1,5 million de timbres vraiment peu chers ont envahi le marché. Puisque ces timbres n'avaient presque pas de valeur, les faussaires n'avaient donc plus aucune raison d'en faire des copies. Les fausses copies de ce timbre sont donc très rares ce qui veut dire que ce sont les faux qui valent le plus cher!
Voici une « œuvre » de Jean de Sperati, un maître-fausseur de timbres. Il était si bon que ses créations étaient identiques (certains diront même meilleures) que les originales. C'est le cas du faux timbre de l'Île-de-Vancouver. L'original a été émis en 1865. Pour créer son faux timbre, De Sperati, a décoloré un vrai timbre, moins coûteux, de l'époque. Il a ensuite utilisé un processus appelé photolithographie pour faire une copie presque parfaite du timbre. Si tu l'observes de près (de très très près), tu remarqueras une légère imperfection dans la ligne inférieure du cadre, juste sous la lettre « n » de « cents ». Tu verras aussi une petite zone blanche dans la lèvre supérieure de la reine et les fines lignes autour de sa bouche et de son nez sont un peu plus grosses. L'oblitération est aussi fausse.
Jean de Sperati a contrefait plus de 500 timbres au cours de sa vie. Il lui arrivait de les signer au crayon au verso. À partir de 1942, De Sperati était si connu que ses faux timbres valent souvent plus que les originaux.
Glossaire
- gravé : creusé sur une surface dure comme de la pierre ou du métal.
- lithographie : une méthode d'impression sur papier où l'image est dessinée sur une pierre calcaire ou une plaque de métal avec une encre grasse.
- photolithographie : une méthode d'impression sur papier semblable à la lithographie sauf que l'image est photographiée au lieu d'être dessinée.