Brevet no 7789. Date de dépôt : 1877.
« Perfectionnements à la téléphonie électrique » [Améliorations apportées à la téléphonie électrique], Alexander G. Bell.
Connu de tous comme l'inventeur du téléphone, Alexander Graham Bell compte parmi les rares innovateurs à tirer parti de son invention. La route n'a cependant pas été sans embûches : tout en travaillant à la mise en place d'un réseau téléphonique établi à travers le continent, dans un domaine où la compétition fait rage, Bell et ses bailleurs de fonds doivent se battre en justice à maintes reprises pour faire valoir leurs droits et s'opposer à la contrefaçon des brevets.
La fascination de Bell pour les mécanismes de la parole et de l'audition, héritée de son père, Alexander Melville Bell, spécialiste en physiologie de la parole et de l'audition, a en partie suscité l'idée du téléphone. Le fils a d'ailleurs utilisé et perfectionné, tout au long de sa vie, un système pour enseigner aux sourds à parler, mis au point par son père. Mais Alexander G. s'intéresse également à la communication électrique, domaine florissant dominé à l'époque par le télégraphe. Son premier brevet important, déposé aux États-Unis en 1875, porte sur un procédé visant l'envoi de plusieurs messages sur une seule ligne télégraphique. Cette invention, qu'il appelle « le télégraphe harmonique », permet de transmettre plusieurs messages en code morse à des fréquences différentes sur un même fil télégraphique. À l'autre bout, une série de diapasons décodent les messages qu'ils captent, chacun dans sa fréquence propre.
À la même époque, plusieurs inventeurs en herbe travaillent à diverses méthodes de transmettre la voix à distance. Quelques-uns tentent d'élaborer un système qui ressemble au télégraphe, où la parole interrompt le courant électrique. Le modèle conçu par Alexander G. Bell à sa maison de Brantford (Ontario) en 1875 nécessite, pour sa part, un courant continu. Une anche de métal qui vibre au son de la voix fait bouger un électro-aimant, causant ainsi des variations de courant électrique. Ce courant « ondulatoire », comme l'appelle Bell, se transforme en son au bout du fil grâce à des électro-aimants et un diaphragme. Au début de 1876, l'assistant de Bell, Thomas Watson, construit un prototype opérationnel du téléphone.
Le 14 février 1876, Bell dépose aux États-Unis sa demande de brevet pour des « améliorations apportées à la télégraphie », à peine deux heures avant que l'inventeur américain, Elisha Gray, ne dépose un avertissement (avis légal signalant l'intention de déposer une demande de brevet) pour son propre téléphone. Au cours des années qui suivent, Gray tergiverse continuellement entre reconnaître la primauté de Bell et contester en cour le brevet. Pendant ce temps, E. Gray et Thomas Edison fondent leur propre compagnie de téléphone en s'affiliant à la grande entreprise de télégraphie Western Union, qui possède déjà un réseau de fils en place. Leur compagnie devient la plus importante à contrefaire les brevets de Bell et à installer des fils téléphoniques partout aux États-Unis.
Finalement, les tribunaux tranchent en faveur de Bell. L'American Bell Telephone Company, fondée avec les investisseurs américains Gardiner Hubbard et Thomas Sanders, conserve tous les droits de vendre des téléphones et d'installer des lignes téléphoniques, tâche accomplie avec fièvre avant que n'expire le brevet de Bell dans les années 1890. Chose étonnante, après avoir déposé sa demande de brevet au Canada en 1877, Bell ne trouve pas dans ce pays d'investisseurs prêts à acheter les droits. Il crée donc la Bell Telephone Company of Canada, filiale de la compagnie américaine, et entreprend d'établir le réseau téléphonique.
Bien que Bell ait déposé d'autres brevets au Canada pour le perfectionnement du téléphone, notamment en 1880 (no 10705) et en 1881 (no 13809 et no 13810), sa réussite financière l'autorise à poursuivre d'autres voies (dont le phonographe en 1887; no 26710). Après 1885, Bell passe la moitié de son temps à Washington, où il met sur pied un laboratoire de recherche médicale et co-fonde la National Geographic Society, et l'autre moitié, à son chalet à Baddeck, au Cap-Breton (Nouvelle-Écosse). C'est à Baddeck qu'il délaisse le domaine des télécommunications; jusqu'à sa mort, en 1922, il se livre à de complexes expériences portant sur des machines à voler et des hydroptères. On peut admirer le fruit des recherches qu'il a effectuées dans les dernières années de sa vie au Lieu historique national du Canada Alexander-Graham-Bell, à Baddeck.
Références
Brown, J.J. Ideas in Exile: A History of Canadian Invention, Toronto, McClelland & Stewart, 1967.
Grosvenor, Edwin S., et Morgan Wesson. Alexander Graham Bell: The Life and Times of the Man Who Invented the Telephone, New York, Harry S. Abrams, 1997.
Levy, Joel. Really Useful: The Origins of Everyday Things, Willowdale (Ontario), Firefly Books, 2002.
Nostbakken, Janis, et Jack Humphrey. The Canadian Inventions Book: Innovations, Discoveries and Firsts, Toronto, Greey de Pencier Books, 1976.
Surtees, Lawrence. « Bell, Alexander Graham », Dictionnaire biographique du Canada en ligne,
www.biographi.ca/FR/ShowBio.asp?BioId=42027&query;=bell,
(consulté le 10 novembre 2005).