« Extincteur chimique d'incendie ». Brevet no 28996, déposé par Edward J. Ennis en 1888
Brevet no 28996. Date de dépôt : 1888.
« Extincteur chimique d'incendie », Edward J. Ennis.
Des siècles durant, pour combattre les incendies, on relaie des seaux d'eau grâce à une chaîne humaine. Mais en 1666, le grand incendie de Londres, qui détruit presque 13 000 édifices, stimule la mise au point d'équipements mieux adaptés à la lutte contre le feu. Ainsi crée-t-on la pompe à incendie manuelle qui devient la norme jusqu'au XIXe siècle, époque à laquelle plusieurs inventions importantes révolutionnent la manière de combattre les incendies : les tuyaux d'incendie, les voitures de pompiers à vapeur, les sirènes d'incendie et les extincteurs.
L'ancien milicien britannique George Manby, conscient des difficultés que les pompiers affrontent lorsqu'ils éteignent le feu dans les étages supérieurs, invente en 1813 le premier extincteur. Il s'agit d'un récipient de cuivre contenant trois gallons d'eau et un, d'air comprimé. Lorsqu'on ouvre la soupape, l'air comprimé force l'eau hors du fond du cylindre.
Cependant, l'extincteur de Manby ne peut maintenir la pression de l'air pendant une longue période. En 1866, le Français François Carlier découvre un procédé chimique qui crée la pression au moment voulu. Son cylindre contient un mélange d'eau et de bicarbonate de soude, ainsi qu'une bouteille d'acide sulfurique scellée. Une fois la bouteille percée, l'acide se mélange à la soude, produisant du dioxyde de carbone qui pousse l'eau à sortir par la lance du tuyau.
Une ouverture pratiquée dans le cylindre des extincteurs à acide et soude permet d'insérer la bouteille d'acide et de la remplacer. Dans la description qui accompagne sa demande de brevet, le Montréalais Edward Ennis relève en 1888 un défaut de conception commun à ces extincteurs : « le gaz produit, en s'échappant par l'ouverture, fait baisser la pression à la sortie ». [traduction] Ennis soutient que son système -- un couvercle muni d'un joint de caoutchouc vissé serré sur le cylindre -- prévient toute fuite de gaz. Une poignée passée à travers le couvercle commande le bouchon de la bouteille d'acide. En la tirant, on retire le bouchon et déclenche la réaction.
À en croire les nombreux brevets -- dont les nos 3330 et 21627 -- déposés pour améliorer la conception des récipients d'extincteur, ces derniers semblent avoir été source de problèmes. Cependant, la substance chimique que Carlier a mis au point résiste à l'épreuve du temps, et son utilité s'est même élargie. On emploie encore le dioxyde de carbone comme agent de pressurisation dans certains extincteurs; de plus, en raison de son ininflammabilité et parce qu'il est plus lourd que l'air, on l'utilise pour combattre les incendies. Sa lourdeur permet de couvrir le feu et d'étouffer les flammes en empêchant l'oxygène d'atteindre le matériau qui brûle.
Références
« Fire Extinguisher », World of Invention, sous la direction de Kimberley McGrath, Detroit (Mich.), Gale Research, 1999, p. 249.
« Fire-Fighting Equipment », World of Invention, sous la direction de Kimberley McGrath, Detroit (Mich.), Gale Research, 1999, p. 250.
Sickler, Leighton. « Your invisible friend - CO2 », Chemistry Hall of Fame, www.chem.yorku.ca/hall_of_fame/essays95/CarbonDioxide/CarbonDioxide.htm
(consulté le 25 octobre 2005).