« Tarare cribleur ». Brevet no 38409, déposé par Ninian Michael Newkirk en 1892
Brevet no 38409. Date de dépôt : 1892.
« Tarare cribleur » Ninian Michael Newkirk.
Pendant des millénaires, le procédé utilisé pour récolter les céréales suit des étapes bien précises. On coupe ou « moissonne » les tiges mûres à la main, armé d'une faux. Les tiges coupées sont assemblées et liées en gerbes puis portées à l'entrepôt à grains, où des ouvriers battent le grain à l'aide de lanières de cuir afin de séparer la partie comestible de la paille. Enfin, on sépare le blé plus lourd de la balle non comestible. On procède à ce « nettoyage » en versant les céréales depuis une certaine hauteur; la balle, plus légère, s'envole.
Lorsque les premières moissonneuses voient le jour, à la fin du XVIIIe siècle, on utilise trois machines distinctes pour procéder à ces trois étapes -- moissonner, battre et nettoyer. On se sert alors de cribles ou tarares pour procéder au nettoyage. Bien que plusieurs des brevets octroyés pour des batteuses incluent des ventilateurs utilisés pour le vannage, dont celui de George White, le nombre des brevets émis pour des tarares porte à croire que le besoin d'une étape distincte se fait sentir (ou tout au moins que les fermiers cherchent une solution moins coûteuse que l'achat d'une batteuse).
Les divers cribles mentionnés dans la base de données (dont les nos 3627, 6577, 15386, 17875 et 36246) montrent des agencements différents de parties autrement semblables, lesquelles consistent surtout en ventilateurs et tamis vibratoires. Dans celui-ci, conçu par Ninian Newkirk, de Chatham (Ontario), on place les céréales au sommet de la machine. Celles-ci passent à travers un « soulier » vibrateur fait de plans inclinés et de tamis. Lorsque les céréales tombent d'un pallier à l'autre, l'air déplacé par le ventilateur en marche sépare la balle et autres impuretés et les envoie dans une autre chute. Les céréales s'accumulent dans une trappe qui, une fois ouverte, laisse tomber les céréales, de nouveau soumises, par leur chute, à une rafale de vent. C'est ce système à ventilation double que Newkirk proclame avoir inventé.
Malgré les progrès de l'automatisation, la moisson continue d'être un travail laborieux. On a besoin d'ouvriers pour lier en gerbes le blé coupé, fourrer le blé dans les batteuses et mettre les céréales dans les tarares. En même temps, des mécaniciens doivent s'occuper des capricieuses machines. Au fur et à mesure que l'industrie agricole se consolide, les machines suivent le progrès. Ainsi, des fabricants de batteuses offrent des accessoires pour procéder au vannage. Au pinacle de la réussite technologique, la moissonneuse-batteuse autotractée, introduite dans les années 1920, devient plus ou moins la norme quand éclate la Seconde Guerre mondiale. Avec cette machine autotractée qui à elle seule moissonne, bat et nettoie la récolte de céréales, on n'a plus besoin que de trois ouvriers; dès lors, les tarares deviennent des reliques reléguées dans les musées d'architecture.
Références
« Fanning Mills », Appleton's Cyclopedia of Applied Mechanics: Agricultural Machinery,
www.history.rochester.edu/appleton/a/fanninin.html
(consulté le 30 octobre 2005).
« Dans la collection : Les batteuses », Musée de l'agriculture du Canada,
http://www.agriculture.technomuses.ca/francais/collections_research/threshing.cfm
(consulté le 30 octobre 2005).
Brown, J.J. Ideas in Exile: A History of Canadian Invention, Toronto, McClelland & Stewart, 1967.
Nostbakken, Janis, et Jack Humphrey, The Canadian Inventions Book: Innovations, Discoveries and Firsts, Toronto, Greey de Pencier Books, 1976.