« Effets d'équipement ». Brevet no 45782, déposé par William Silver Oliver en 1894
Brevet no 45782. Date de dépôt : 1894.
« Effets d'équipement » [Équipement militaire], William Silver Oliver.
À la fin du XIXe siècle, la milice canadienne se transforme : à l'origine ramification de l'armée britannique, elle devient le noyau des forces armées nationales canadiennes. L'uniforme de la milice et ses attributs (ceinturons, paquetages et gibernes, conçus pour rendre l'infanterie aussi mobile, autosuffisante et prête au combat que possible) symbolisent ce changement. L'équipement de William Silver Oliver, chirurgien dans l'armée canadienne, devient le premier ensemble authentiquement canadien à être utilisé. Il sera en usage de la Guerre des Boers à l'amorce de la Première Guerre mondiale.
William Oliver fait breveter ses premiers attributs en 1876 (no 6781) et en 1881 (no 13339). Chirurgien attaché au 1st Battalion, 60th Rifles (1er Bataillon du 60e Corps des fusiliers) durant l'expédition de la rivière Rouge, il constate personnellement de quoi ont besoin les soldats qui combattent. Il souhaite donc fournir à chaque soldat suffisamment de munitions, de vêtements et de rations alimentaires pour le rendre indépendant de sa base pendant 24 heures.
Ses supérieurs accueillent favorablement les premiers modèles d'Oliver, et dans les années 1880, on soumet à de nombreux essais sur le terrain son équipement ainsi qu'un autre type d'équipement canadien, le Barrett. À la fin cependant, le comité chargé de l'équipement rejette les deux systèmes, leur préférant la modification apportée au havresac britannique déjà en usage. Oliver ne se décourage pas pour autant. Il continue de modifier son concept et relance sans cesse les autorités militaires.
En 1894, alors sous-chef des services de santé en poste à Halifax, Oliver fait breveter le dispositif illustré ci-haut, caractérisé par ses courroies de cuir qui passent sur les épaules et se fixent au ceinturon, de sorte que les épaules portent le poids des munitions; un havresac de toile porté bas dans le dos et attaché aux courroies d'épaule; et une giberne de cuir brun contenant 80 cartouches qui, fixée au milieu du ceinturon, deviendra le trait distinctif de l'uniforme canadien. En vertu de sa formation de médecin, Oliver soutient que son équipement, en distribuant le poids, réduit la masse portée. Ainsi, « la colonne vertébrale du soldat n'est pas soumise à un effort malsain ». [traduction]
Au milieu des années 1890, de nouveaux essais sur le terrain opposent le modèle d'Oliver à deux modèles rivaux, et cette fois, celui d'Oliver l'emporte. Son équipement est adopté en 1899, à la veille de la participation du Royal Canadian Regiment (Régiment royal du Canada) à l'expédition militaire britannique en Afrique du Sud, communément appelée guerre des Boers.
Malheureusement, sur le terrain, les soldats réagissent mal : ils se plaignent des courroies trop nombreuses et de la charge trop grande qui écrase les épaules. Ils ne portent pas le havresac sur le champ de bataille, et trouvent malaisée l'utilisation de la giberne, ce qui les pousse à ajouter des cartouchières à l'américaine (portées en bandoulière et contenant 70 cartouches chacune). Au surplus, la gourde d'une chopine se révèle inutile. En signe de mécontentement, les soldats les fracassent contre des murs de pierre.
Malgré les plaintes, l'armée modifie à peine l'équipement d'Oliver et continue de le distribuer aux troupes. Parallèlement, des attributs confectionnés dans un tissu serré, la toile à sangles, font leur apparition dans les armées américaines et britanniques. L'utilisation par l'armée canadienne de la sangle, plus légère et plus souple que le cuir, n'en est qu'au stade de l'essai lorsque la Première Guerre mondiale éclate. Dans sa hâte d'équiper des milliers d'hommes, l'armée canadienne distribue des équipements de sangle en même temps que ceux d'Oliver. Lorsque les soldats arrivent sur les terrains d'entraînement à Salisbury (Angleterre), les Britanniques, qui préfèrent la sangle, délaissent l'équipement d'Oliver. Ainsi s'achève le règne du modèle d'Oliver. La sangle s'impose comme le matériau de confection d'équipement de combat pour la majeure partie du XXe siècle, jusqu'à l'avènement de l'équipement en fibres synthétiques, dans les années 1960.
Références
Nous souhaitons remercier pour leur précieux concours Eric Fernberg, gestionnaire des collections, vêtements et insignes, et Tony Glen, planificateur des expositions, Musée canadien de la guerre.
Summers, Jack L. Tangled Web: Canadian Infantry Accoutrements, 1855-1985, Bloomfield (Ont.), Museum Restoration Service, 1992.