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Les eaux intérieuresLe 27 janvier 1906, on met à l'eau le RMS Empress of Ireland, qui fait partie de la flotte « Empress » de bateaux à vapeur de la compagnie de chemin de fer du Canadien Pacifique. Ces navires transportent passagers et marchandises à travers la zone nord de l'océan Atlantique, entre la Grande-Bretagne et le Canada. L'Empress of Ireland mesure 167 mètres de long, pèse 14 191 tonnes et ses deux propulseurs lui permettent d'atteindre une vitesse commerciale de 18 nœuds (soit 53 kilomètres à l'heure). Le bateau comporte cinq ponts des passagers, ainsi qu'un pont des embarcations, et peut accueillir 1 700 passagers et membres d'équipage. Le navire assure, parmi ses importantes fonctions, le transport du courrier, et c'est à ce titre que l'Empress of Ireland a reçu le titre de RMS (Royal Mail Ship), acquis au cours de son voyage inaugural accompli en partance de Liverpool, en juin 1906. La carrière de l'Empress est interrompue jusqu'au jour où le navire lève l'ancre sous un ciel clair à Québec, le 29 mai 1914. Il compte à son bord 1 477 passagers et membres d'équipage, sous la gouverne du capitaine Henry George Kendall, un capitaine fraîchement promu. Le bateau ramasse le courrier à Rimouski et continue jusqu'à Father Point, où le pilote descend l'échelle de corde du navire en disant : « Je ne crois pas que vous rencontrerez beaucoup de brouillard. » Peu après 1 h 30 le matin du 30 mai, le capitaine Kendall est prévenu qu'un cargo norvégien qui transporte du charbon, le Storstad, approche de l'Empress. Comme un épais brouillard s'étend soudain, Kendall ordonne un arrêt complet afin de laisser passer sans danger le Storstad. Au moment où le bateau norvégien entre dans le nuage de brume, la collision semble écartée, selon le témoignage qu'en donnera plus tard le capitaine en second. Les minutes passent et peu avant 2 h du matin, l'équipage de l'Empress voit avec horreur le cargo norvégien qui, émergeant du brouillard à moins de 30 mètres, se dirige vers le navire canadien à grande vitesse. Kendall empoigne un mégaphone pour tenter désespérément de prévenir le Storstad, mais en vain. L'Empress est violemment heurté au flanc. Puis le Storstad se retourne, agrandissant la brèche par laquelle s'engouffrent les eaux glacées du fleuve Saint-Laurent qui submergent l'Empress. Kendall s'efforce avec courage de faire accoster le bateau, mais la collision, survenue près des moteurs, les noie rapidement, et le navire, qui perd de sa puissance, ne peut plus fermer les portes étanches de sa cloison. Une énorme quantité d'eau se déverse dans l'Empress pendant que le bateau fait une embardée et qu'on sonne l'alarme pour avertir les passagers endormis qu'ils doivent quitter le bateau. Seulement quatre bateaux de sauvetage ont pu être descendus avant que brusquement, l'Empress chavire, plongeant le capitaine, ainsi que des centaines de personnes accourues sur le pont supérieur, dans les eaux glacées. Le navire coule si rapidement que le capitaine indiquera plus tard qu'après avoir été jeté à l'eau, il n'a vu en refaisant surface que deux longues vagues se heurtant, phénomène causé par la succion créée par la chute du bateau entraîné au fond de l'eau. Dans cet accident ont péri 1 012 passagers et membres d'équipage, car la plupart d'entre eux se trouvaient loin en dessous du pont, en troisième classe. De tous les accidents maritimes canadiens survenus en temps de paix, celui-ci a fait le plus grand nombre de victimes. Le Storstad, fort endommagé mais encore à flot, porte secours à quelques-uns des 473 survivants. Dans une enquête menée plus tard sur la collision, le capitaine du Storstad sera trouvé coupable de l'accident. L'épave de l'Empress of Ireland repose dans le fond du fleuve Saint-Laurent, à 11 kilomètres au large de Pointe-au-Père, au Québec, sous 40 mètres d'eau. À la surface flotte une bouée. Dans le cimetière voisin de Métis-sur-Mer où sont enterrées plusieurs victimes de ce tragique accident, on a érigé un monument à leur mémoire. RéférencesBibliothèque et Archives of Canada. RG 12, Transport, vol. 1245, dossier « Empress of Ireland ». « Pointe-au-Père », L'encyclopédie canadienne. The Great Ocean Liners. « Empress of Ireland 1906-1914 ». Wood, Herbert P. Till We Meet Again: The Sinking of the Empress of Ireland, Toronto, Image Publishing, 1982 |