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La côte du Pacifique« Le bateau risque de tomber en morceaux, car les vagues, terribles, frappent le flanc du bateau dans un bruit effroyable […] » [traduction] Jack Maskell écrit ses mots, ainsi qu'un testament, à sa fiancée, Dorothy Burgess, la veille du jour où a coulé le SS Princess Sophia. Bien que Maskell et d'autres aient péri dans ce naufrage, peu de Canadiens se souviennent de ce naufrage. Cela est dû au fait que peu d'images illustrent cette tragédie, que le bateau ne transportait aucun passager illustre et que l'accident est survenu quelques jours avant la fin de la Première Guerre mondiale. Comme la plupart des bateaux du Canadien Pacifique, le Princess Sophia est construit à l'étranger, sur les chantiers de Bow, McLaughlan and Company, en 1911. Long de 74,6 mètres, il a une charge de 2 320 tonnes. Le bateau à vapeur quitte l'Écosse en 1912 et arrive trois mois plus tard à Victoria. De là, il commence ses voyages réguliers, remontant le Passage de l'intérieur et longeant les côtes de l'Alaska. Le 23 octobre 1918, le bateau quitte Skagway, en Alaska, et se dirige vers Vancouver par le sud. Le lendemain, quelques minutes après 2 h du matin, le Princess Sophia s'échoue au milieu du récif Vanderbilt, dans le canal Lynn. Le capitaine Leonard Locke alerte le bureau du Canadien Pacifique à Juneau, à 20 milles au sud, et demande de l'aide. Huit bateaux arrivent au secours des naufragés, mais le capitaine Locke n'autorise pas les passagers à descendre du Princess Sophia tant que les vents féroces ne se sont pas calmés, et qu'on ne peut mettre à l'eau les doris (embarcations de secours) en toute sécurité. Mais la violence de la tempête s'accroît. La mer relève l'arrière du navire et le fait tourner à 180 degrés. Le bateau glisse sur les récifs et est finalement submergé par les eaux glacées de l'Alaska. Personne ne survit à ce naufrage survenu le 25 octobre, qui a fait, pense-t-on, près de 355 victimes. Des témoins racontent que les environs des récifs étaient sans lumière, et que le seul phare se trouvait à bonne distance. Au cours du procès mené après l'accident, on plaide qu'une tempête de neige a réduit la visibilité, ou encore que le vent a fait dévier le bateau de son parcours. Les enquêtes portant sur le naufrage commencent près de trois semaines après la tragédie. Le capitaine J.D. Macpherson, commissaire de la Colombie-Britannique qui enquête sur les naufrages, reçoit d'Ottawa l'ordre de commencer à organiser les audiences. Le procès débute à Victoria le 10 janvier 1919. Sont appelés à témoigner des capitaines de navire, des officiers, des ingénieurs, des radiotélégraphistes et d'autres personnes qui ont porté secours au Princess Sophia. Les questions portent surtout sur les conditions météorologiques au moment du naufrage, la possibilité de porter secours aux passagers quelques jours avant le naufrage, les communications avec le capitaine Locke et ses compétences à bord du navire. Bibliothèque et Archives Canada possède, parmi ses documents témoignant du procès, les journaux de bord du Cedar (l'un des bateaux qui a répondu à l'appel de détresse), les communications échangées entre le Sophia et les autres navires présents sur les lieux, une liste des passagers indiquant leur provenance, leur destination et le lieu de leur naissance, ainsi qu'un compte des dépenses encourues par le Canadien Pacifique après le naufrage. Aujourd'hui, cet héritage en documents, les objets conservés dans des institutions telles que le Vancouver Maritime Museum et les témoignages de diverses personnes qui ont pu voir directement l'épave du vaisseau qui a coulé tragiquement nous rappellent le Princess Sophia. RéférencesBibliothèque et Archives Canada. Fonds du ministère de la Marine. RG 42, série B-4, vol. 355. Bibliothèque et Archives Canada. Gouvernement du Canada, Documents parlementaires, 21-24, vol. 56, no 7, 1920. Coates, Ken, et Bill Morrison. The Sinking of the Princess Sophia: Taking the North Down With Her, Fairbanks, University of Alaska Press, 1991. MacDonald, Ian, et Betty O'Keefe. The Final Voyage of the Princess Sophia: Did They All Have to Die?, Surrey, Heritage House Publishing, 1998. |