Les Archives nationales ont obtenu pour la première fois une grande collection d'un établissement commercial de photographies, en 1936, à l'époque de leur acquisition du fonds Studio Topley. Ce studio d'Ottawa a réalisé des portraits de personnalités politiques ainsi que de fonctionnaires et de résidants de la capitale nationale entre 1868 et 1923. Une série d'images d'Ottawa et de ses environs font partie des 150 000 épreuves et négatifs. Au nombre des autres importantes collections de studios, mentionnons celles de Paul Horsdal, de Jules Alexandre Castonguay, de Max et June Sauer, de Pierre Gauvin-Évrard, de Pierre Gaudard, de John Micklethwaite et de Robert Ragsdale.
L'une des collections de photographies professionnelles les plus connues a été acquise du célèbre photographe portraitiste canadien Yousuf Karsh. Le fonds Yousuf Karsh est formé de plus de 353 000 épreuves et négatifs portant sur des personnalités en vue, canadiennes et étrangères, qui couvrent les années de 1932 à 1992, ainsi que les dossiers professionnels de Karsh.
Des collections gigantesques ont également été réunies par des particuliers comme l'industriel Andrew Merrilees qui, pendant plus de 40 ans, a collectionné des photographies de locomotives à vapeur et électriques au Canada et aux États-Unis. Parmi les sujets du fonds Merrilees figurent des locomotives, du matériel roulant et des édifices et presque tous les types de moyens de transport en Amérique du Nord. Il en résulte environ 340 000 photographies qui mettent en évidence les moyens de transport de 1850 à 1979.
L'accessibilité croissante de la technologie photographique pour les utilisateurs non professionnels a également eu une incidence considérable sur la documentation visuelle vers la fin du dix-neuvième siècle. Le lancement du petit appareil photographique portatif de Kodak par George Eastman, en 1888, comprenait le slogan « Vous appuyez sur le bouton, nous nous occupons du reste ». Les collections de photographies personnelles sont particulièrement importantes pour les historiens sociaux, qui trouvent intéressants les sujets représentés moins souvent et de façon moins formelle. Par exemple, les albums d'instantanés de Robert Reford, un des premiers Canadiens à posséder un Kodak, montrent une quantité de scènes, à partir des activités récréatives à Montréal, dans les années 1890, jusqu'au travail des Autochtones dans certaines conserveries de la Colombie-Britannique. Henry J. Woodside a photographié des prospecteurs au cours de la ruée vers l'or du Klondike. À la suite d'un programme spécial de recherche, la section des acquisitions et de la recherche (Art et photographie) de BAC a pu sauvegarder quelque 60 000 photographies d'amateurs, datant des années 1880 à 1940. Ces collections sont documentées dans un ouvrage publié par les Archives nationales en 1984 et intitulé Le cœur au métier.
Bibliothèque et Archives Canada possède aussi d'importantes collections de photographes artistiques de premier plan comme Sidney Carter et John Vanderpant. Ces collections comprennent des portraits de personnalités canadiennes et internationales bien connues, qui ont été réalisés dans le style de photographie plus artistique en vogue au début du vingtième siècle. En ce qui concerne un autre stade expérimental, les premières photographies en couleurs prises dans le Nord canadien sont probablement attribuables au photographe amateur et membre du clergé Donald Benjamin Marsh, qui a été le premier à utiliser un film Kodachrome peu après son lancement, en 1936. La collection de Marsh, qui comporte plus de 300 diapositives en couleurs prises sous les conditions climatiques extrêmes de l'Arctique, constitue un témoignage unique sur la vie des Inuits à une époque où le monde extérieur était en train de changer le Grand Nord à jamais. Par ailleurs, le fonds Roloff Beny contient presque 160 000 documents de ce photographe canadien de renom à l'échelle internationale et éditeur d'ouvrages sur l'architecture et les monuments mondiaux.
Dans les années 1940, les éditeurs de journaux ont fait partie des créateurs les plus prolifiques en matière de photographie, grâce à l'avènement et au perfectionnement d'un procédé de reproduction photomécanique dans le troisième quart du dix-neuvième siècle. Bibliothèque et Archives Canada possède plus de huit millions de négatifs d'importants journaux et magazines canadiens, notamment de la Gazette de Montréal, du Montreal Star, du Globe and Mail, du Toronto Daily Star et du Weekend Magazine. Des collections de ce type constituent une ressource précieuse pour l'histoire contemporaine, qu'il s'agisse de la hausse spectaculaire de la popularité d'une légende du hockey à Montréal, Maurice « Rocket » Richard, ou de la population croissante des sans-abri dans les années 1980.
Bibliothèque et Archives Canada s'est également procuré une sélection de photographies ainsi que les collections complètes des plus talentueux photojournalistes qui ont travaillé à titre d'employés ou de photographes pigistes pour des périodiques canadiens. Des collections considérables d'œuvres réalisées par Ronny et Louis Jacques, Michel Lambeth, Kryn Taconis, Walter Curtin, Duncan Cameron, Ken Bell et Ted Grant, pour ne citer que quelques photographes, offrent une série de points de vue sur la vie au Canada.
En outre, certaines œuvres de plus de 200 photographes vivants ont été acquises par BAC et représentent un large éventail de préoccupations contemporaines selon des personnalités de premier plan en ce qui concerne la photographie documentaire actuelle au Canada. Des personnes comme Harry Palmer, Geoffrey James, Clara Gutsche, Hans-Ludwig Blohm, Barbara Woodley, Vincenzo Pietropaolo, Jeff Thomas, Pamela Harris, Judith Eglington, Orest Semchishen et bien d'autres font en sorte que les générations futures aient accès à des archives visuelles continues sur la culture canadienne à mesure qu'elle se développe dans le temps et dans l'espace.