Pierres mortes. Des anecdotes de curling
- Les épinglettes en tous genres
- Une jolie mascotte
- L'étiquette et l'esprit sportif
- Un dimanche aux chutes Niagara
- La terminologie du curling
Les épinglettes en tous genres
Les gens qui jouent régulièrement au curling sont fort susceptibles de recevoir un jour une quelconque épinglette. Par exemple, ceux qui s'inscrivent à un bonspiel (tournoi) en obtiennent normalement une, portant le nom et la date de l'événement. Si de nombreux joueurs les arborent fièrement, d'autres hésitent à les porter pendant les parties de peur qu'elles tombent et touchent ralentissent une pierre. Quoiqu'il en soit, on reconnaît généralement les vétérans de bonspiel au nombre d'épinglettes accrochées à leurs vêtements.
La plupart des clubs offrent des épinglettes aux membres qui obtiennent des points pendant la saison. Les arbitres et juges de ligne peuvent de leur côté recevoir celles remises par l'Association canadienne de curling exclusivement à ceux qui se sont qualifiés par le biais d'un programme prescrit.
Presque tous les clubs vendent en outre des épinglettes tant à leurs membres qu'aux éventuels visiteurs. Parmi les produits offerts figurent des broches à l'effigie du club lui-même, ainsi que d'autres conçues pour commémorer un anniversaire spécial. Ces dernières sont souvent plus complexes, plus attrayantes et, par conséquent, plus coûteuses. Même si de nombreux joueurs possèdent des épinglettes gagnées et achetées, celles-ci ne sont ni affichées ni gardées de façon méthodique. Il arrive par exemple qu'un joueur trouve un vieux blouson sur lequel sont accrochées quelques épinglettes évoquant de bons souvenirs d'un bonspiel passé.
Certains curleurs vont d'événement en événement pour y acheter et y échanger systématiquement des épinglettes, en amassant parfois un impressionnant échantillonnage. Le Brier (championnat pour hommes), où on peut notamment obtenir un écusson commémoratif, constitue une occasion idéale pour les collectionneurs, tout comme les bonspiels qui se déroulent tout l'été. L'échange d'épinglettes pourrait bien n'être qu'un moyen pour les gens de développer des amitiés et de partager des histoires sur leur amour du curling.
Certaines institutions collectionnent elles aussi des épinglettes, en les montrant même en périodes hors saison. On n'a qu'à penser au Turner Curling Museum à Weyburn, en Saskatchewan, qui ouvre ses portes aux visiteurs à l'année longue. Premier en son genre au Canada, ce musée présente des articles liés au curling provenant du monde entier, dont 18 000 épinglettes. On peut obtenir des détails sur cet établissement en se rendant au site de la ville de Weyburn (www.weyburn.net/attractions.html, en anglais seulement).
Liens relatifs aux épinglettes
L'Association canadienne de curling a un magasin en ligne sur son site Web (www.curling.ca/store/index.asp?lang=f, en anglais seulement). Il suffit de cliquer sur « Broches » pour voir tout un éventail d'épinglettes à vendre, y compris la fameuse « Main dans la main » de Sandra Schmirler, dont les bénéfices sont versés à la Fondation du même nom.
L'Association a par ailleurs formé un partenariat avec la société Laurie Artiss Ltd., The Pin People (www.thepinpeople.ca), laquelle conçoit et vend des épinglettes de par le monde.
Une jolie mascotte
En 1935, une jeune Écossaise portant un kilt tartan aux couleurs du clan Macdonald of Sleat est devenue l'emblème des cigarettes Export, une marque fabriquée par la compagnie Macdonald Tobacco. Cette jeune fille apparaissait sur les paquets de cigarettes, puis sur les panneaux-réclames des arénas de curling, puisque la société a commandité le Brier pendant plus de 50 ans, soit de 1927 à 1979 (« Brier » est en fait le nom d'une sorte de tabac vendu par la compagnie).
Macdonald Tobacco a également commandité le championnat national de curling féminin, surnommé le « Lassie », depuis sa première édition en 1972 jusqu'en 1979, année ou l'entreprise a cessé de soutenir le curling.
Malgré le retrait de Macdonald Tobacco, la jolie Irlandaise demeure un symbole reconnu par de nombreux curleurs.
L'étiquette et l'esprit sportif
Comme le golf, le curling est un sport où les traditions et l'étiquette occupent une place importante. Les joueurs doivent notamment se serrer la main et se souhaiter une bonne partie avant de commencer; ils doivent ensuite se donner la main à nouveau et se remercier les uns les autres pour le match. Les gagnants doivent en outre payer la première consommation des perdants, ce qui constitue une occasion pour les deux équipes de s'asseoir ensemble en parlant de la partie ou de tout autre sujet qui leur vient à l'esprit.
Les clubs de curling impriment souvent leurs propres règles de courtoisie dans le but de favoriser l'esprit d'équipe et le plaisir de jouer. Parmi ces règles figurent couramment celles voulant que les curleurs félicitent tant leurs coéquipiers que les membres de l'équipe adverse pour leurs bons coups, et que personne ne puisse formuler de commentaires, poser de gestes désobligeants ni même sourire à la vue d'un jeu moins réussi. On statut aussi fréquemment que les joueurs ne devraient jamais distraire leurs adversaires lorsque ceux-ci se préparent à lancer une pierre, et qu'ils ne devraient donc ni bouger, ni se déplacer autour de la glace.
Au niveau national, l'Association canadienne de curling a officiellement annexé un code de conduite à ses règlements généraux. Deux chapitres en particulier, « The Curlers' Code of Ethics » (le code d'éthique des curleurs) et « Fair Play » (esprit sportif), illustrent à quel point ces éléments font partie du sport. On peut accéder à ces règlements en se rendant au site de l'Association canadienne de curling (www.curling.ca/learn_to_curl/about_curling/rules.asp?lang=f).
Dans un livre intitulé Curling: The History, The Players, The Game, Warren Hansen a nommé un de ses chapitres « Rules and Etiquette » (règlements et étiquette). Il y mentionne qu'on adopte des codes de conduite afin que les joueurs soient bien conscients de leurs responsabilités. Il écrit qu'au grand malheur de nombreux participants, des mesures d'arbitrage et d'application des règles ont fait leur première apparition dans le cadre du Brier de 1981 (p. 98). Toutefois, la plupart des parties de curling sont encore surveillées par les joueurs eux-mêmes.
Doug Maxwell, dans son ouvrage Canada Curls: The Illustrated History of Curling in Canada, a écrit un chapitre intéressant sous l'en-tête « Victoria's influence: the Moral Imperative » (l'influence de Victoria : les impératifs moraux). Il y déclare que, dans le cas du curling, les grands principes en matière de comportement, tant d'hier que d'aujourd'hui, viennent de l'époque victorienne (p. 61). Les joueurs honorables ne trichent pas plus de nos jours qu'autrefois. Il écrit en outre que le respect des règles « impossibles à contrôler » demeure un des grands fondements du curling.
Un dimanche aux chutes Niagara
Jusqu'à tout récemment, certaines églises canadiennes encourageaient une observance particulièrement stricte du repos dominical. En 1907, on avait même adopté à cette fin une loi fédérale sur le dimanche. Cette loi interdisait le sport, le divertissement et presque toute forme de commerce le jour du Seigneur. En Écosse, la même rigueur régnait dans certains cercles, dont ceux du curling, et en effet, en quelques occasions des curleurs se sont vus critiqués pour avoir joué un dimanche. Le cas le plus célèbre est sans doute celui de l'évêque Graham d'Orkney, accusé en 1638 de jouer le jour du sabbat.
Source |
L'équipe de curling écossaise en tournée au Canada (Winnipeg), 1903 |
Quand des curleurs écossais ont effectué une tournée au Canada et aux États-Unis en 1902 et 1903, leur passage s'est fort bien déroulé, mis à part un incident à Toronto en janvier de la seconde année. Du haut de sa chaire, le révérend Milligan y a en effet critiqué les membres de l'équipe, et plus particulièrement son capitaine, le révérend John Kerr, pour s'être rendus aux chutes Niagara un dimanche. Ils n'avaient pourtant pas joué, mais seulement admiré ce populaire site touristique. De nombreux Torontois, entre autres, se sont vus gênés par cette critique et par le fait qu'elle ait visé des visiteurs au pays.
À son retour à Toronto, le révérend Kerr a choisi de répondre à l'attaque par le biais d'une lettre envoyée au journal The Globe. Le texte adroitement formulé témoigne de l'attitude plus flegmatique du capitaine, qui suggère au révérend Milligan de faire preuve de plus de tolérance. Par pure coïncidence, l'incident s'est déroulé le jour du Robbie Burns Day (le 25 janvier); il est fort probable que l'illustre auteur aurait penché du côté de ses compatriotes, qui n'ont fait que profiter d'un agréable séjour aux chutes.
La terminologie du curling
Chaque sport a des termes et des expressions qui lui sont propres, ou se sert de mots courants ayant une signification différente dans son contexte particulier. À titre d'exemple, au curling, on parle de « maison » pour désigner la cible du jeu, de « marteau » en pensant au dernier lancer et de « bouts » quand il s'agit de manches. À cet égard, on trouve un lexique intéressant sur le site Web de l'Association canadienne de curling (www.curling.ca/learn_to_curl/about_curling/glossary.asp?lang=f). Le site Internet des « Lexiques officiels des sports olympiques » présente, par ailleurs, un lexique bilingue des différentes disciplines sportives dont le curling (www.lexique-jo.org/liste5.cfm?rubrique=CURL).