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Nouvelles de la Bibliothèque nationale
Juillet 1998
Vol. 30, nº 7-8

Hommage à Alice Jean Elizabeth Lunn, 1910-1998

par Gwynneth Evans,
Programmes nationaux et internationaux

Moins de deux mois après l'ouverture, le 1er mai 1950, du Centre bibliographique canadien, dirigé alors par l'Archiviste fédéral W. Kaye Lamb, Mme Jean Lunn était nommée au poste de bibliographe. Titulaire d'un doctorat en histoire canadienne décerné par l'Université McGill, elle avait compté au nombre des membres du personnel de la bibliothèque de l'Université McGill et était bibliothécaire au Fraser Institute à Montréal au moment de sa nomination à Ottawa.

Photo: Mme Jean Lunn
Mme Jean Lunn.

Pendant plus de 30 ans, Mme Jean Lunn a joué un rôle primordial au sein des milieux bibliographiques à l'échelle nationale et internationale. Elle a contribué à poser les jalons dans les domaines des normes bibliographiques et de la coopération en matière de catalogage des documents et d'uniformisation de la présentation des notices bibliographiques afin d'en permettre la mise en commun à l'échelle nationale et internationale.

Les réalisations de Mme Lunn sont liées aux domaines d'intérêt de ses études universitaires et à sa recherche en histoire et bibliographie canadiennes. En 1942, elle a terminé sa thèse de doctorat, Economic Development in New France, 1713-1760. Par la suite, Mme Brigitte Monet-Nish a traduit sa thèse, qui a été publiée par les Presses de l'Université de Montréal en 1986 sous le titre Développement économique de la Nouvelle-France, 1713-1760.

Dans le numéro de juin 1935 de Canadian Historical Review, Mme Lunn a publié un article intitulé « Agriculture and War in Canada, 1740-1760 1. » Son article « Bibliography of the History of the Canadian Press 2 »,rédigé à la demande du Comité international des sciences historiques dans le cadre de son étude sur les sujets portant sur l'histoire des relations internationales, a paru dans le numéro de décembre 1941 de la même revue, étant donné que les activités de publication du Comité étaient interrompues à cause de la guerre. Mme Lunn a effectué ces travaux sous la supervision générale du Comité national pour le Canada composé de E.R. Adair (Université McGill); J. Bartlett Brebner (Columbia University, New York); et G. Lanctot (Archives publiques du Canada). Un second article, « Canadian Newspapers before 1821: A Preliminary List » 3, fait clairement ressortir les intérêts de Mme Lunn pour la presse.

En novembre 1950, à titre de présidente de la Section de référence de la Canadian Library Association, Mme Lunn s'est rendue en Europe pour participer à la Conférence de l'UNESCO sur l'amélioration des services bibliographiques et pour visiter un certain nombre de bibliothèques nationales. Des sociétés savantes, qui désiraient que des mesures concrètes soient adoptées pour assurer le contrôle du « déferlement de documents imprimés qui nous submergent à l'heure actuelle... L'idéal étant, bien entendu, une bibliographie mondiale qui offrirait une approche par matière dans tous les domaines du savoir consigné sous toutes les formes » 4, avaient soulevé la nécessité d'une telle conférence.

En prévision de la conférence, la Library of Congress, au nom de l'UNESCO, a effectué une enquête pour recenser les problèmes, à laquelle Mme Lunn a participé pour exprimer le point de vue du Canada. Les rapports des groupes nationaux ont formé le document de travail de la conférence.

La conférence a donné lieu à la formulation d'un certain nombre de recommandations portant sur l'organisation de services bibliographiques nationaux et internationaux. Ces recommandations ont orienté les travaux du Centre bibliographique canadien et de la Bibliothèque nationale du Canada. Les comités de planification canadiens, qui ont alors été formés pour promouvoir l'élaboration de services bibliographiques, coordonner les efforts et servir de liens à des organismes internationaux, se sont également appuyés sur ces recommandations.

Les participants de la conférence ont convenu que chaque pays serait tenu responsable de sa bibliographie nationale actuelle qui, idéalement, comprendrait des notices de cartes, d'atlas, d'enregistrements musicaux et de documents audiovisuels, ainsi que de livres et de brochures. D'autres recommandations ont porté sur la nécessité d'établir la bibliographie des thèses non publiées, un index des articles de revues et de journaux, des répertoires de périodiques et de journaux, et de dresser la liste des éditeurs de tous types.

Les participants de la conférence de l'UNESCO ont de plus recommandé la création d'une bibliothèque nationale dans chaque pays, qui serait chargée de la préparation et de la publication de la bibliographie nationale. Ils ont également souligné la nécessité que les pays obtiennent au moins un exemplaire de tous les documents publiés dans leur pays. À cet égard, les participants ont insisté sur la nécessité d'une nouvelle législation dans chaque État membre de l'UNESCO obligeant le dépôt d'au moins un exemplaire de toutes les publications de l'État. D'autres recommandations avaient trait aux autres fonctions souhaitables d'une bibliothèque nationale, à l'utilité de la formation professionnelle, et à la nécessité que l'UNESCO coordonne et facilite un processus de consultation et de formation approprié à l'échelle internationale. L'application de ces recommandations particulières au Canada a eu une incidence sur le développement de la Bibliothèque nationale et sur son rôle sur le plan des services bibliographiques nationaux et internationaux, de même que sur les écoles de bibliothéconomie du pays.

Après la conférence, Mme Lunn s'est rendue dans certaines des grandes bibliothèques européennes; elle a publié dans Ontario Library Review 5 certaines des observations concrètes que ces visites ont suscitées. Elle a décrit de quelle façon chaque pays s'attaquait tant à la question de la bibliographie nationale qu'à celle de la bibliographie internationale. Cet article, qui compte parmi les nombreux articles qui ont été publiés avant que Mme Lunn ne prenne sa retraite en 1975, témoigne de son leadership, de sa rigueur intellectuelle, et de son désir d'engager les autres à l'élaboration de services bibliographiques nationaux et internationaux. Dans ses articles et ses discours, elle a abordé le bien-fondé de circonscire l'origine du catalogage et d'en expliquer le contexte, ainsi que les options possibles en matière de contrôle bibliographique des documents imprimés, en quantité et en diversité croissantes, et leur incidence.

Bien que Canadiana : la bibliographie nationale demeure le legs le plus considérable et le plus durable de Mme Lunn, la première édition des Règles de catalogage anglo-américaines et les éditions revues subséquentes auxquelles elle a participé font également partie des réalisations qui témoignent de son engagement. Elle a de plus participé à l'élaboration de la Description bibliographique internationale normalisée des monographies et des publications en série et à la formation du Comité technique 46 (Documentation) de l'Organisation internationale de normalisation (ISO). C'est au cours de son mandat en tant que directrice du catalogage à la Bibliothèque nationale que se sont effectués les ajouts aux plans de classification de la Library of Congress portant sur l'histoire, la littérature et le droit canadiens. Pendant sa retraite, elle a terminé la deuxième ébauche de Study on a Model Law for Legal Deposit pour le compte de l'UNESCO, en collaboration avec la Fédération internationale des associations de bibliothécaires et de bibliothèques (IFLA). En 1981, l'UNESCO a publié ses Guidelines for Legal Deposit Legislation.

L'examen de ses articles et de ses ouvrages à propos de la Bibliothèque nationale entre 1950 et 1975 fait ressortir son apport remarquable à cette institution depuis ses tous débuts et l'influence qu'elle a exercée sur son orientation et son leadership. En outre, certains de ses articles sont empreints de cet humour qui la caractérisait à mes yeux et aux yeux d'autres personnes. Dans une allocution à l'occasion de la Conférence nationale sur la normalisation du catalogage, qui s'est tenue à la Bibliothèque nationale du Canada en mai 1970, Mme Lunn décrit le contexte du catalogage canadien d'alors comme suit :

« Le Canada est synonyme de diversité. À des fins pratiques, nous sommes à la recherche d'une marche à suivre dans un contexte qui englobe :

(1) au moins trois codes de catalogage; un étranger, un continental, un international; un désuet, un actuel, un émergent; aucun d'eux canadien, tous variables par nature; tous cherchant à servir deux maîtres, outil de recherche et outil bibliographique; l'un d'eux offrant l'approche directe qui facilite le rangement, les deux autres sacrifiant cet aspect au profit de l'uniformité;

(2) la variété habituelle des types de bibliothèques;

(3) un certain nombre de bibliothèques importantes qui dépendent des services complets, remarquables et indispensables d'une bibliothèque nationale étrangère;

(4) trois systèmes, un manuel (en voie de disparition), un mixte, à savoir partiellement automatisé (ici) et le dernier complètement automatisé (indubitablement, le système de l'avenir);

(5) deux langues officielles, et vraisemblablement certaines autres langues qui pointent de façon insistante;

(6) Onze administrations publiques, sans compter les municipalités, qui toutes selon leur sphère de compétence chapeautent un certain nombre de bibliothèques.

Gardons-nous quelque espoir que ce soit d'en arriver à une certaine uniformisation dans le cadre de cette mosaïque à multiples facettes, horizontale, verticale, transitoire, institutionnelle, technologique, linguistique, de compétence ? Le Canada représente un microcosme du monde. Selon l'IFLA, il est possible d'atteindre un niveau d'uniformisation à l'échelle mondiale. Peut-être pourrrions-nous à tout le moins faire preuve d'autant d'optimisme que la Fédération 6. »

Mme Lunn s'est éteinte en avril 1998 à Ottawa. Il sera impossible de l'oublier. Lors d'une conversation avec des collègues à propos de son décès, l'image qui a surgi et qui colle à la mémoire de tous est celle de Jean Lunn quittant le travail le soir avec un sac de fiches 3 po x 5 po qu'elle se propose de vérifier et de réviser avant le lendemain. Qu'il s'agisse d'énergie ou de dévouement, personne ne lui arrivait à la cheville.

Mme Hope Clement, anciennement directrice générale adjointe de la Bibliothèque nationale, a fait remarquer d'un façon très juste : « Jean Lunn a ouvert le chemin à ceux qui poursuivent de nos jours des études canadiennes, en créant les outils bibliographiques qui rendent accessibles les ouvrages publiés au Canada, au sujet du Canada, et de Canadiens. Elle a également fait oeuvre de pionnière et joué un rôle considérable dans l'élaboration de normes bibliographiques internationales. Dans un autre registre, elle a été pour moi un mentor avisé et exigeant, dont le vaste savoir et l'application des normes les plus élevées, associés à un esprit brillant et à un humour caustique, rendaient sa compagnie des plus agréables. Elle était tout à fait unique, et on se rappellera d'elle comme ayant été l'une des personnes à l'origine des services de notre Bibliothèque nationale. »

Notes

1 Canadian Historical Review, vol. XVI, no 2, juin 1935, p. 123-136.

2 Canadian Historical Review, vol. XXII, no 4, décembre 1941, p. 416-433.

3 Canadian Historical Review, vol. XXV, no 4, décembre 1944, p. 417-420.

4 Ontario Library Review, vol. XXXV, no 2, mai 1951, p. 142-145.

5 Ibid.

6 Conférence nationale sur la normalisation du catalogage. Bibliothèque nationale du Canada, 19 et 20 mai 1970. Actes de la conférence, no 4, p. 10.