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Le rapatriement
par Angèle Alain et Sylvie Tremblay, Bibliothèque
et Archives Canada
Quitter le Canada pour une nouvelle vie à l'étranger exigeait sûrement beaucoup de courage de la part des Canadiens français. Les raisons qui expliquent leur émigration sont nombreuses. Parmi celles-ci, notons la croissance naturelle rapide de la population et le nombre limité de terres arables sur le territoire, les crises économiques prolongées et l'abondance d'emplois journaliers dans les manufactures des grands centres urbains de la Nouvelle-Angleterre. Certains émigrés, par contre, se laissent tenter par les discours de rapatriement et reviennent s'installer en terre canadienne. Arthème Morin et son épouse Ezilda Fortin en sont un bon exemple.
En 1885, Arthème épouse Ezilda de la paroisse Saint-Cyrille de l'Islet au Québec. Ezilda est issue d'une famille nombreuse dont l'aînée, Marie, et son époux Arthur, sont attirés par la Nouvelle-Angleterre et ses perspectives d'emploi. Les nouveaux mariés émigrent donc à Brunswick dans l'état du Maine avec Marie et sa jeune famille. Ils habitent tous dans un petit logement près du Cabot Cotton Mill, où Arthème trouve du travail. En 1892, ce dernier fait l'acquisition d'une petite terre sur Highland Road à Brunswick et, au fil des années, il achète d'autres terres pour se lancer dans la production laitière. Entre 1886 et 1907, Ezilda donne naissance à 15 enfants, dont trois meurent en bas âge. Tous les membres de la famille aident non seulement à l'exploitation de la terre, mais travaillent également dans les manufactures de textile de la ville.
Durant la récession du début du XXe siècle aux États-Unis, les terres gratuites de l'Ouest canadien deviennent soudainement très attirantes. En 1911, dans l'espoir d'offrir une meilleure qualité de vie à sa famille, Arthème et ses fils aînés quittent Brunswick pour aller s'installer en Saskatchewan. Ezilda vient les rejoindre avec le reste de la famille, à l'exception de leur fille Anne Marie qui joint une communauté religieuse du Maine. Tandis qu'Arthème défriche sa terre à Hodgeville, Ezilda et les jeunes enfants habitent à Moose Jaw afin de permettre à ces derniers de fréquenter l'école. En 1927, Arthème vend sa ferme et se porte acquéreur d'une nouvelle, plus imposante, à Gravelbourg, qu'il exploite jusqu'en 1934. Alors âgé de 68 ans, il se retire et, avec Ezilda, va rejoindre leur fils qui habite au Manitoba; ils y demeureront jusqu'à leur mort, respectivement en 1940 et 1943.
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