|
Pris au dépourvu
par Sylvie Tremblay, Bibliothèque et Archives Canada
Au cours de l'été 1832, plus de 3 000 personnes meurent
du choléra dans la seule ville de Québec, soit environ 10 pour 100 de sa population. Le nombre de décès est encore plus impressionnant à la station de quarantaine.
En 1847, l'immigration à destination de Québec est très importante (près de 100 000 immigrants); cela est dû en partie au fait que les Irlandais, fuyant la famine dans leur pays natal, émigrent en plus grand nombre. Une épidémie de typhus frappe alors Québec et fait environ 18 000 victimes au Canada. Pierre-J.-Olivier Chauveau, qui habite à Québec durant l'épidémie, puis se réfugie à l'Islet, raconte dans son roman Charles Guérin : « À toutes les heures du jour, les chars funèbres se dirigeaient vers la nécropole (cimetière Saint-Louis); mais le soir c'était une procession tumultueuse, une véritable course aux tombeaux [...]. Les Irlandais étaient à peu près les seuls à former des convois à la suite des dépouilles de
leurs parents et ou de leurs amis » (Chauveau, p. 301). Les noms de 5 424
personnes mortes à la station de quarantaine sont inscrits sur un monument. La
station de quarantaine de Grosse-Île a été en opération jusqu'en 1937; 8 339 personnes
de diverses nationalités y ont été inhumées dans différents cimetières.
Comme plusieurs immigrants, Robert Hume a vécu l'expérience
de la station de quarantaine. Né le 5 mars 1818, il est le fils de John Hume et
de Ellen Patterson du comté de Northumberland en Angleterre. Vers l'âge de 15
ans, il développe un intérêt pour l'agriculture. Au mois de mai 1836, il s'embarque
sur un navire à destination de Québec afin d'explorer la possibilité d'acheter
une terre. Il décrit son expérience à Grosse-Île dans son journal personnel :
« Nous sommes actuellement ancrés à la station de quarantaine de Grosse-Île,
en compagnie de plusieurs autres gros navires […] ici nous devons subir un examen
[…] ai perdu beaucoup de poids et on m'a fait descendre à la Station de Quarantaine
avec plusieurs autres vaisseaux irlandais qui débarquaient leurs passagers »
[traduction libre].
Robert Hume ne séjourne pas à Grosse-Île. Puisqu'il est
en bonne santé, il poursuit son voyage et se dirige vers la région de Cobourg
et de Port Hope dans le Haut-Canada, aujourd'hui l'Ontario, où il achète une terre
dans le canton de Hamilton. Il y meurt en 1878.
|