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L'interprétation des collections
La matière première de la géologie : les carnets de terrain
Esquisse représentant des strates de roches sédimentaires tirée du carnet de William Logan
Source
Étant donné que les carnets de terrain de Logan constituent la source d'information
la plus complète sur les endroits qu'il a visités et ce qu'il y a observé, les
géologues continuent de les consulter, même s'ils datent de plusieurs années.
Les carnets de Logan sont aussi une ressource précieuse pour les historiens, mais
ils sont parfois difficiles à déchiffrer parce que Logan avait l'habitude de prendre
ses notes au crayon, puis d'écrire à l'encre par-dessus. Il utilisait ses carnets
de terrain pour inscrire ses dépenses de voyage, transcrire des conversations
avec des membres de la population locale et noter leurs suggestions. Mais d'abord
et avant tout, ces carnets étaient dédiés à l'essence même de l'arpentage géologique
: les observations et les coupes géologiques.
Le brise-roche de William Logan
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Les études géologiques du dix-neuvième siècle visaient à déterminer le type de roches qui formait le sous-sol d'une région, afin d'évaluer son potentiel économique. Les affleurements rocheux étant assez rares, sauf sur les rives érodées des mers et des cours d'eau, il fallait estimer la composition d'une région entière à partir d'observations relevées à quelques endroits seulement. Cela est possible dans les endroits où les couches rocheuses sont bien superposées, parce que chaque strate rocheuse peut être repérée d'un point à l'autre et identifiée d'après sa nature et sa teneur en minéraux et en fossiles. Comme ces strates présentent presque toujours une certaine inclinaison, la strate qui affleure à un endroit peut se retrouver à un niveau différent à un autre point d'observation, ce qui indique son âge géologique. Ainsi, les géologues devaient noter non seulement la couleur, le type de roche (grès, calcaire, schiste, etc.) et les caractéristiques particulières de chaque strate, mais aussi son épaisseur, ainsi que la direction et l'angle de son inclinaison.
Une carte et des esquisses tirées du carnet de William Logan
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À chaque affleurement, le géologue dressait une coupe géologique, c'est-à-dire une liste de toutes les strates rocheuses dans l'ordre de leur superposition, comprenant les données mentionnées ci-dessus. L'épaisseur de chaque strate était mesurée directement ou, si elle était très importante, au moyen de mesures sur le sol et de calculs mathématiques effectués d'après son angle d'inclinaison. Combinées à des levés topographiques précis du territoire -- que les géologues devaient généralement prendre eux-mêmes --, ces coupes géologiques permettaient de déterminer la formation géologique spécifique de chaque parcelle du territoire, et ainsi d'enrichir les cartes géologiques.
Parmi les carnets de notes sélectionnés pour
la collection numérisée William E. Logan et la Commission géologique du Canada.
Pierre à pierre figurent ceux qui correspondent aux travaux décrits par Logan
dans ses journaux datant de 1843 à 1846, ce qui permet de faire un rapprochement
direct entre son expérience personnelle et ses études scientifiques dans ces premières
années cruciales. Tandis que les journaux dénotent une forte présence de l'auteur
et une grande subjectivité, les carnets de notes ont un ton plus réservé et objectif,
et sont généralement écrits à la voix passive. La collection comprend aussi des
carnets de notes portant sur les visites de Logan au Canada en 1842 après sa nomination
à la Commission géologique du Canada, et d'autres sur les travaux qu'il a exécutés
en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick avant d'arriver à Gaspé en 1843. Fait
inusité, ces derniers contiennent des pages dédiées à l'écriture de son journal
personnel.
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