<
 
 
 
 
×
>
Vous consultez une page Web conservée, recueillie par Bibliothèque et Archives Canada le 2007-05-25 à 02:45:04. Il se peut que les informations sur cette page Web soient obsolètes, et que les liens hypertextes externes, les formulaires web, les boîtes de recherche et les éléments technologiques dynamiques ne fonctionnent pas. Voir toutes les versions de cette page conservée.
Chargement des informations sur les médias

You are viewing a preserved web page, collected by Library and Archives Canada on 2007-05-25 at 02:45:04. The information on this web page may be out of date and external links, forms, search boxes and dynamic technology elements may not function. See all versions of this preserved page.
Loading media information
X
Sauter les liens de navigation (touche d'accès : Z)Bibliothèque et Archives Canada - Library and Archives Canada Canada
Élément graphique Page d'accueil > Explorer les thèmes choisis > Médecins canadiens célèbres English
Élément graphique
Bannière : Médecins canadiens célèbres Titre de section : Dre Lucille Teasdale

Lucille Teasdale est l'une des premières Québécoises à exercer la profession de chirurgien. Elle passe 35 ans de sa vie dans le nord de l'Ouganda où elle construit, avec son mari le docteur Piero Corti, un des hôpitaux les plus modernes et les mieux équipés de la région. Ces années en Ouganda sont difficiles et dangereuses et lui coûteront finalement la vie.

Photo du Dre Lucille Teasdale-Corti recevant l'Ordre du Canada de Ramon John Hnatyshyn, gouverneur général du Canada, 17 avril 1991

Source
Dre Lucille Teasdale-Corti recevant l'Ordre du Canada de Ramon John Hnatyshyn, gouverneur général du Canada, 17 avril 1991


Photo de Dre Lucille Teasdale à Montréal, 1995

Source
Dre Lucille Teasdale à Montréal, 1995

Lucille Teasdale est née dans l'est de Montréal en 1929. Elle est la quatrième d'une famille de sept enfants. Alors qu'elle est âgée de 12 ans, des sœurs missionnaires viennent à son école pour parler de leur travail dans un orphelinat chinois. Lucille est tellement fascinée par leur travail qu'elle décide aussitôt de devenir médecin.

Elle étudie alors très fort et reçoit une bourse pour entrer à la faculté de médecine de l'Université de Montréal en septembre 1950. Il n'y a que huit femmes dans sa classe sur 110 étudiants.

Lucille obtient son diplôme avec d'excellentes notes. Elle se spécialise ensuite en chirurgie et fait son internat à l'hôpital pour enfants de Sainte-Justine à Montréal. Au bout de cinq années de travail acharné, elle termine sa formation et devient l'une des premières femmes à exercer la profession de chirurgien au Québec.

Alors qu'elle travaille à l'Hôpital Sainte-Justine, Lucille rencontre un jeune médecin italien, Piero Corti, étudiant en pédiatrie à Montréal. Le jeune médecin est immédiatement frappé par le charme de Lucille, mais celle-ci est trop prise par ses études pour le remarquer.

Le départ pour la France

Afin de se perfectionner, Lucille doit acquérir de l'expérience à l'extérieur du Canada. Vingt hôpitaux aux États-Unis la refusent (« probablement parce que j'étais une femme », dit-elle), puis elle reçoit une offre d'un hôpital de Marseille. Elle se rend donc en France en septembre 1960.

Puis, un jour, Piero Corti cogne à sa porte à Marseille. Il lui dit qu'il a trouvé une petite clinique dirigée par quelques religieuses dans le nord de l'Ouganda et qu'il souhaite en faire un grand hôpital pour soigner les Ougandais. Mais, il a besoin d'un chirurgien, et c'est la raison pour laquelle il lui demande de l'accompagner. Après mûre réflexion, Lucille accepte d'y aller pour deux mois.

La grande aventure

Lucille Teasdale arrive en Ouganda en mai 1961. L'Ouganda est un magnifique pays qui attire des foules de touristes venant y apprécier le climat agréable et les nombreux parcs d'attraction. L'année suivante, l'Ouganda obtient son indépendance de la Couronne britannique. L'euphorie est à son comble.

Photo de Dre Lucille Teasdale en compagnie d'un jeune patient, début des années 1960

Source
Dre Lucille Tesdale en compagnie d'un jeune patient, début des années 1960


Photo des fiers parents Piero Corti et Lucille Teasdale, et leur fille Dominique

Source
Les fiers parents Piero Corti et Lucille Teasdale, et leur fille Dominique


Photo de Piero Corti et Lucille Teasdale après 35 ans de mariage

Source
Piero Corti et Lucille Teasdale, un couple très dévoué, après 35 ans de mariage

Lucille et Piero parcourent 300 km vers le nord pour se rendre à la clinique et y arrivent à la tombée de la nuit. Les religieuses leur font visiter le petit « hôpital », qui n'est qu'un petit bâtiment de 40 lits où travaillent six employés.

Lucille apprend rapidement qu'elle est le seul médecin de la région. Elle passe ses matinées à soigner les nombreux patients de la clinique externe et ses après-midi au bloc opératoire qui ne comprend qu'une table d'opération improvisée, et est éclairé que par une seule ampoule.

Pendant que Lucille travaille à la clinique, Piero Corti tente de recueillir des fonds pour agrandir les installations. D'ailleurs, assez rapidement, des avions remplis d'équipement commencent à arriver à l'hôpital, et la construction du nouvel hôpital commence. Ce dernier est nommé Hôpital Lacor, en honneur de la ville située à proximité.

De deux mois, le séjour de Lucille s'étire à quatre mois. Ce n'est que lorsqu'elle quitte l'Ouganda qu'elle réalise à quel point cette nouvelle vie lui tient à cœur. Il devient aussi très évident qu'elle tenait vraiment à Piero Corti. Lorsqu'elle arrive à Marseille, il lui envoie une tonne de lettres la suppliant de revenir et de l'épouser.

De retour en Ouganda

Lucille Teasdale revient en Ouganda en décembre 1961 et épouse Piero Corti à la petite chapelle à côté de l'hôpital. Après une courte lune de miel, ils se remettent au travail. Piero Corti continue à s'occuper de l'administration, alors que Lucille continue à voir jusqu'à 300 patients externes chaque matin et passe ses après-midi en salle d'opération. Les conditions de travail restent très rudimentaires. On manque souvent d'électricité et d'eau potable et toujours de médicaments.

Le 9 octobre 1962, l'Ouganda devient un état indépendant. Pendant le déroulement des célébrations, les Ougandais se réjouissent déjà à la perspective d'un avenir prospère. Piero Corti a réussi à agrandir l'hôpital et à obtenir de meilleurs équipements. La même année, Lucille donne naissance à leur fille, Dominique.

Photo du Dre Lucille Teasdale effectuant une chirurgie

Source
Dre Lucille Teasdale effectuait des chirurgies quotidiennement, entre 2 h de l'après-midi et 8 h du soir


Photo de patients, avec des membres de leur famille et des amis aidant à prendre soin des malades de l’hôpital St.Mary's-Lacor, à Gulu, au nord de l'Ouganda

Source
Patients, avec des membres de leur famille et des amis aidant à prendre soin des malades de l’hôpital St. Mary's-Lacor, à Gulu, au nord de l'Ouganda

Mais l'euphorie ne dure pas longtemps. À peine 10 ans plus tard, en janvier 1971, un officier militaire du nom d'Idi Amin Dada renverse le gouvernement et s'autodéclare président.

Un carnage

Au cours des huit années qui suivent, Idi Amin Dada tyrannise le pays. Ses soldats tuent tous ses rivaux, notamment des ministres, des professeurs d'université et des chefs religieux. En 1979, on estime à 300 000 le nombre de morts.

La vague de peur et de violence atteint le nord du pays. Les affrontements éclatent partout autour de l'Hôpital Lacor, et de plus en plus de soldats blessés arrivent, demandant de l'aide. Du jour au lendemain, Lucille devient chirurgienne de guerre.

Lorsqu'Idi Amin Dada est finalement renversé en 1979, les Ougandais espèrent en un avenir meilleur. Mais il n'en est rien. Il s'ensuit une autre décennie de guerre civile au cours de laquelle l'Hôpital Lacor est souvent pris dans le feu de l'action. Des bandits dévalisent régulièrement la pharmacie de l'hôpital et volent de l'essence, tandis que d'autres enlèvent des employés en échange de rançons.

Une nouvelle dévastatrice

Les années 1980 sont particulièrement difficiles pour Lucille sur le plan personnel. Elle a toujours été très fière de son énergie inépuisable et de sa capacité à travailler jour et nuit; mais, vers le milieu des années 1980, elle commence à avoir de moins en moins d'énergie, perd du poids et se met à tousser. Voyant que les symptômes ne s'estompent pas, elle et son mari décident d'aller consulter un médecin en Italie qui leur annonce une nouvelle effrayante : elle est atteinte du SIDA. Elle l'a probablement contracté en opérant des soldats blessés.

Photo du Dre Lucille Teasdale avec Matthew Lukwiya, directeur général en médecine de l'hôpital St. Mary's-Lacor, à Gulu, au nord de l'Ouganda

Source
Salle pour patients adultes externes; Dre Lucille Teasdale avec Matthew Lukwiya, directeur général en médecine de l'hôpital


Photo du Dre Lucille Teasdale et de son mari Dr Piero Corti faisant une tournée des patients dans la nouvelle salle pour les personnes tuberculeuses

Source
Dre Lucille Teasdale et Dr Piero Corti faisant une tournée des patients dans la salle construite en 1993 pour les personnes tuberculeuses

Malgré cette nouvelle dévastatrice, Lucille continue à travailler pendant 11 autres années. Lorsqu'il lui est impossible de continuer, elle met sur pied, avec Piero, la Fondation Lucille Teasdale et Piero Corti afin d'assurer l'avenir de l'hôpital. Elle passe les deux dernières années de sa vie à parcourir le monde pour amasser des fonds pour la Fondation qui est aujourd'hui dirigée par sa fille, Dominique.

Lucille Teasdale s'est éteinte en 1996, et Piero sept ans plus tard d'un cancer du pancréas. L'hôpital continue cependant à grandir. Il s'agit maintenant de l'un des plus grands centres médicaux en Ouganda. En 2004, 35 médecins, dont plusieurs formés par Lucille Teasdale, ont examiné plus de 230 000 patients externes, 60 pour 100 d'entre eux étant des enfants. Les 550 employés de l'hôpital sont tous Ougandais. L'hôpital est aussi devenu un important centre de recherche sur la prévention et le traitement du SIDA. Lucille Teasdale et Piero Corti nous laissent un héritage à leur image.

Transcription intégrale de la dernière lettre de Lucille Teasdale, affligée par la fatigue et la maladie.

 

Élément graphique